Chaque fois que j'écris, c'est maladroit mais tant pis.
J'ai 20 ans. J'ai vécu un cinquième de ma vie et j'ai l'impression d'avoir raté tellement de choses. Je passe la plupart de mon temps dans les milieux militants. J'en suis quasiment toujours le plus jeune d'ailleurs. Lorsque les gens apprennent mon âge, ils sont souvent contents que "la jeunesse se bouge". Le "j'aurais aimé être comme ça au même âge" revient souvent également. "C'est incroyable d'avoir déjà autant de recul à ton âge".
Mais non putain. Non.
Je suis heureux du taff que je fais, il est nécessaire. Pourtant, pourtant, oui j'ai 20 ans. Et j'aimerais passer mon temps à boire, fumer, aller en soirée, en concert, faire des balades en forêt et faire des pique nique. J'ai envie de tomber amoureux plutôt que d'aller en réunion d'organisation de d'action antifasciste, de baiser plutôt que d'aller en réunion féministe et aller à la pride plutôt que de l'organiser.
Deux points principaux posent problèmes et créent un cercle vicieux.
L'anxiété. Pas de soirée, pas de concerts, pas d'alcool, pas de fumette, pas de sexe. J'en suis physiquement impossible. Je me pointe et j'ai mal au ventre, la nausée, jusqu'à même la diarrhée (pas très glamour mais l'anxiété ne l'est jamais). Quelques gorgées d'alcool et la crise d'angoisse arrive avant même les effets désinhibiteurs. J'ai même pas ré-essayé la fumette. Les fêtes me font dissocier et aggravent mes impressions de solitude. Le sexe (merci les trauma) est également banni pour le moment, me retrouver à peine conscient dans le lit de quelqu'un non merci, j'ai déjà fait et mon corps s'en souvient un peu trop bien, il ne me laisse pas recommencer. Peut être bien que sans alcool, la fête est moins folle, peut être bien que l'herbe abîme les neurones mais j'aimerais avoir le choix. J'aimerai pouvoir boire un verre au bar, une demi pinte de ma bière préférée. Et puis, comment ne pas être anxieux en vivant dans une société capitaliste qui détruit la planète et les individus, dans ce capitalisme décomplexé qui nous détruit chacun petit à petit, dans ce système patriarcale qui fait de moi une victime et un être inférieur dès la naissance, un pays où l'extrême droite monte en flèche ? Comment les gens peuvent-ils ne rien faire ? Ne rien voir ?
La solitude. Je passe la majorité de mon temps avec des gens qui ont en moyenne plus de trente ans. Au fil des discussions, je me forme politiquement, je construit et déconstruit des réflexions, mes manières de percevoir la société et la vie. J'en suis à un moment où j'ai l'impression que les gens de mon entourage, de ma tranche d'âge, ne suivent plus. J'en traîne certains pendant quelques mois dans toutes mes réunions mais iels s'épuisent et n'arrivent plus à suivre. Et, de nouveau, je suis seul.J'aime profondément ma famille militante, j'ai pleins de papa queer, de sœurs féministes, de tata et de tonton syndicalistes un peu barré. Mais parfois, je manque d'amis pour une balade en forêt ou un pique nique. Les gens de ma génération ne sont pas débiles mais j'ai l'impression d'être en décalage complet avec la plupart d'entre eux. Mes amis du lycée me manquent, ils sont tous à l'autre bout de la France. A défaut d'aimer ma ville, j'aime ce que j'en fais mais où sont les gens comme moi ? Je veux des queer, des pédés, des écolos, des antifacho, des gaucho, des féministes misandres. Je suis fatigué de ceux qui ne voient pas les problèmes et surtout de ceux qui ne font rien pour lutter contre, me laissant être le bébé militant partout où je vais. Je suis fatigué.
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Peut On Réellement Choisir Ce Que Nous Sommes ?
Non-FictionCeci est un espèce de journal un peu foireux qui réunis les pensées philosophiques digne d'une gamine de sept ans et les montagnes russes d'une ado de quinze à dix huit ans, avec des hormones stupides. Bon courage mais peut être que ça en vaut la pe...