Chapitre 11

3 0 0
                                    

La fenêtre en question devait bien se trouver à deux mètres du sol qui se trouvait en contrebas. Les deux hommes avaient dû se faire la courte échelle.

- « Vous m'ouvrez ? » dit l'ombre avec empressement.

C'était Arthur, dont le visage était peu visible à cause du faible éclairage des bougies.

Tessa et Shawn s'empressèrent d'ouvrir la fenêtre. Une vague de froid s'engouffra aussitôt dans la maison, éteignant les candélabres qui trônaient quelques instants auparavant en une assemblée de demi-douzaine sur la petite table au centre de la pièce, les plongeant dans l'obscurité la plus glaçante.

- Prenez mon bras, Arthur. Je vais vous aider à vous hisser, fit Shawn en tendant son avant-bras en sa direction.

- Merci, lança-t-il tout en s'appuyant sur le rebord de sa main libre, l'autre tenant la main tendue.

- Tout s'est passé comme vous le vouliez ? Demanda Tessa avec intérêt.

- Nous avons fait ce que nous pouvions, répondit-il haletant et grelottant. Espérons que cela tiendra pour la nuit.

- Nous l'espérons tous, fit une petite voix.

Olivia s'était redressée contre l'accoudoir du divan. Elle avait le teint blafard, émacié, mais elle semblait avoir repris le contrôle de son esprit et de ses membres.

- Olivia ?! Comment vous sentez-vous ? s'exclama Tessa.

La servante ne répondit pas immédiatement, se contentant de quelques râles.

- Occupons-nous de faire rentrer monsieur Brown, fit remarquer Shawn. Nous discuterons ensuite de ce que nous allons faire cette nuit.

- Bien, répondit Arthur en se dirigeant vers la fenêtre qui s'était refermée.

- Je vais vous aider, Arthur, lança Shawn en le rejoignant.

Ils ouvrirent ensemble la fenêtre donc l'ouverture était difficile à cause du froid et du vent qui s'était mis à rugir de l'autre côté. Mais alors qu'ils réussirent à là manœuvrer, ils se figèrent brusquement lorsqu'ils baissèrent les yeux pour constater ce qui se trouvait dans la neige, juste en contrebas.

Monsieur Brown était recroquevillé, le visage fiché entre ses mains, comme pour se protéger la tête d'une attaque mentale quelconque. Son habituelle désinvolte assurance qu'il affichait depuis leur arrivée au manoir réduite à néant par cette vision pitoyable qu'il offrait.

- Monsieur Brown ? cria Shawn pour couvrir le vent. Qu'avez-vous ? Venez ! Vous devez rentrer !

Mais il ne répondit pas, se contentant de se relever. Il tourna alors la tête vers l'étage supérieur et resta figé tandis que Shawn et Arthur hurlaient à présent pour le convaincre de rentrer.

Mais ces tentatives restèrent vaines. Et pendant un moment, moment qui paraissait interminable, ils ne purent se faire entendre du malheureux.

- EDGAR !

Shawn avait hurlé jusqu'à s'égosiller. Mais Edgar Brown les regarda enfin. Son visage était devenu livide. Ce qu'on pouvait lire dans ses yeux ne pouvait que s'apparenter qu'à du désespoir, voire... une terreur sourde et souterraine. 

Le Voyageur de WistborrowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant