Le Voyageur de Wistborrow

Cauchemar

Arthur ouvrit les yeux. Il était debout. Devant lui, muet, immobile et glaciale, se dresse l'obscur néant. Lentement, il tenta de regarder autour de lui. L'obscurité était telle qu'il ne distinguait que de vagues formes, semblables à des volutes de fumées qui aurait été rendues plus épaisses par un quelconque sortilège. Ces tentacules de gaz et de poussières ondulaient devant lui, et s'étiraient jusqu'au-dessus de sa tête. Il n'y voyait rien, rien qui ne puisse lui indiquer où il se trouvait. Devant l'impuissance de ses yeux, il devait se concentrer sur ses autres sens. Groggy, il tentait de reprendre ses esprits et de se remémorer ce qu'il venait de vivre durant les derniers instants qui avaient précédé sa perte de connaissance. La question était difficile, obscure même. Ses souvenirs étaient flous. Autour de lui, il ne voyait aucun mur, aucune porte. Le manoir de Maxwell avait disparu pour laisser place à une étendue sombre et nauséabonde. La puanteur qui agressait à présent ses sens semblait partout présente, comme habitante originelle de cet endroit étrange.

Il chercha alors des yeux une quelconque source de lumière, n'importe quoi pouvant lui indiquer où il se trouvait.

Devant lui les tentacules éthérées se firent plus épaisses, plus... réelles. Il remarqua cependant un détail : elles reculaient. Ou plutôt, elles glissaient au-dessus de lui telle une marée violacée qui se retirait. Il entendit alors un grognement derrière lui. Un grognement sourd, profond, abyssal et violent. Ce grognement s'intensifiait, résonnait dans le néant informe qui entourait Arthur Davis. Une chose était certaine concernant cette... « créature » : elle était immense, titanesque. Il sentit alors que l'atmosphère devenait si épaisse qu'il lui était devenu impossible de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Il sentait néanmoins peser sur lui une pression semblable à celle que l'on pouvait ressentir au fond des abysses, là où toute lumière était interdite.