Chapitre 32

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- « Je perds la raison. Je le sais. Des rêves infernaux me hantent, mes nuits ne sont plus que bercées que par un tumulte incessant qui remue mon âme. Mes enfants, je sais que vous saurez me sauver. Je n'ai pas d'autre choix que d'agir mais, je vous en supplie, sauvez-moi.

Le corps de l'humain,

Entouré des siens,

Sous la lune renaîtra

Lorsque minuit sonnera »

Tessa avait lu ces mots alors que Shawn et elle se pressaient dans le couloir, lanterne au poing. Ils devaient à tout prix retrouver Arthur et Olivia le plus vite possible. Au même moment, quatre « gongs » se firent entendre : dans un quart d'heure, il sera minuit.

Tessa et Shawn courraient à présent. Une fois arrivés au bas des marches de l'escaliers, ils en gravirent les marches quatre et quatre.

Dix minutes plus tôt...

Alors qu'elle voyait Shawn et Tessa partir en direction du bureau de son employeur, Olivia s'affaissa quelques instants contre la rambarde qui menait au grenier Elle était exténuée. Elle regarda la petite horloge qui se trouvait accrochée au mur en face d'elle.

- Aller... siffla-t-elle en se forçant à se relever.

Lentement, chancelante, elle gravit péniblement les marches de bois vernis. Au bout, elle le savait, l'attendait un spectacle qu'elle aurait préféré ne pas avoir à affronter. Tandis qu'elle montait, les secondes interminables de transformèrent en minutes. Alors qu'elle apercevait l'entrée du grenier, celle-ci semblait s'éloigner, comme si la porte elle-même voulait s'enfuir. C'était pénible, insurmontable. La montée se transformait en escalade et bientôt, Olivia se retrouva à quatre pattes, comme si toutes ses forces l'abandonnaient, comme si la gravité elle-même refusait qu'elle atteigne cette fichue porte...

Face contre terre. Olivia hurla.

- Venez m'aider... je vous en supplie... sanglota-t-elle.

Une main se posa alors sur son épaule. Une main plutôt grande, large et rassurante. La main lui empoigna alors le bras et l'aida à se relever. S'agrippant à la rambarde, Elle réussit finalement à se remettre debout.

- Merci Sha... commença-t-elle reconnaissante.

Mais elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Devant elle se dressait le corps d'Edgar Brown. Le visage sanguinolant de l'homme ne laissait qu'entrevoir un sourire édenté, des yeux énucléés desquels coulaient un liquide blanchâtre, semblable à de la cire. Ce liquide morbide se déversait sur son visage jusqu'à former deux petites excroissances au bas de son visage, tels des stalactites ou... des tentacules.

- Non... implora Olivia. Non... non, non et non.... Aaaaaah... !

Elle hurla de nouveau et s'effondra sur ses genoux, immobile.

Dans sa course, Shawn manque de heurter Olivia. Elle se trouvait au milieu des marches, assise sur les genoux.

- Olivia ?! OLIVIA ?!

Il l'appela une fois, deux fois, mais elle ne répondit pas. Il se plaça alors devant elle, se mit à sa hauteur, et l'agrippa par les épaules. Elle avait le regard perdu, hébété, comme pris dans une illusion, ou une transe quelconque.

- OLIVIA !!!

Cette fois c'est Tessa qui cria derrière la malheureuse. Cette dernière réagit enfin, cligna des yeux, se les frotta sommairement et tenta de se relever.

- Tessa, écoute-moi... dit soudain Shawn le regard déterminé. J'aimerais que tu restes ici avec elle. Je vais aller retrouver Arthur et ensuite nous reviendrons ici et nous aviserons...

- Il n'en est pas question ! protesta-t-elle. Je n'en peux plus d'attendre sagement pendant que tu pars seul de ton côté ! Et s'il y a un fou furieux là-haut tu y as pensé ?! Qu'est-ce que tu ferais ? Dis-le-moi !

Shawn ne répondit rien. En voyant des larmes commencer à perler sur ces magnifiques joues, il savait qu'une fois de plus il lui en demander trop. D'ordinaire, lors de leurs escapades nocturnes alors qu'ils étaient à l'université, ils étaient toujours ensemble, inséparables. Même lorsque la situation était amenée à se corser, ils demeuraient ensemble.

- Mais... il faut veiller sur Olivia...la surveiller... bredouilla-t-il.

- ça... ça va aller, répondit l'intéressée avec peine. Je... Je suis capable de me lever. Je resterai en l'entrée du grenier, sur le seuil. Comme ça vous serez rassurés.

À peine eut-elle prononcé ces mots qu'elle s'était déjà levée et avait poursuivi sa pénible ascension. Sans un mot, mais avec un échange de regards inquiets et suspicieux, Tessa se Shawn se pressèrent à sa suite.

Le Voyageur de WistborrowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant