Tome 1 : Les âmes maudites

Chapitre 16 : La rébellion

Remontant dans mon dortoir, mon regard tombe sur mon miroir et je me fige, observant la femme face à moi. Elle n'a plus rien de la petite fille perdue dans ses livres. Taille moyenne, ses traits sont encore assez grossiers, témoignant de son passage à l'âge adulte. Elle a une mâchoire plutôt carrée et des lèvres fines, pincées d'une manière inexpressive, semblable à celle abordée par le professeur McGonagall. Lorsqu'elle sourit, ses dents sont droites et blanches, sans tâches, sans rien pour attirer l'attention.

Son nez est droit, parsemé de quelques taches de rousseurs. Ses yeux sont marron chocolat, de taille moyenne, expressifs et vifs. Ils semblent tout capter, attentif à tout ce qui se passe autour d'eux.

Ses cheveux bruns sont en partie attachés en arrière à l'aide d'une superbe pince, dégageant son visage. Le reste de ses boucles tombent élégamment sur ses épaules. Sa tenue, malgré l'uniforme, est parfaite, sobre et classe, sans un pli.

Cette demoiselle est à mille lieux du garçon manqué qu'elle était pendant son enfance. Si elle est toujours passionnée par la connaissance et la lecture, elle s'est ouverte, elle s'est posée, elle a appris la ruse et désormais, sa recherche de savoir à un but. Elle est calculatrice, elle est détachée de la vie, de la mort.

-          Nous en veux-tu ?

Je lève les yeux vers Hope, qui m'a rejoint. Son reflet apparait à côté du mien, avec ses yeux bleus étincelants, ses cheveux bruns remontés en queue de cheval haute, son visage royal. Sa cicatrice en forme d'éclair se détache de son front. Ma cousine n'a pas tant changé, mis à part l'étincelle dans son regard. Il brille de détermination.

-          Je ne vous en veux pas. J'ai fait mon choix il y a longtemps. Je sais que ma vie aurait pu être bien plus facile sans vous, mais je ne peux pas... Non, je ne veux pas vous abandonner. Vous êtes la famille que je me suis choisie et si je n'apprécie pas la violence, je la comprends. Je ne laisserai personne vous faire du mal et j'espère qu'un jour, vous me laisserez entrer dans vos secrets.

-          Je l'espère aussi.

-          Que fait-on ?

Mon ami soupire et va s'asseoir sur son lit. Depuis le départ d'Elijah il y a un mois, l'école est devenue invivable. Si dans un premier temps, Ombrage était fière d'elle, elle a petit à petit commencé à tomber dans la paranoïa, devenant de plus en plus... folle. Oui, c'est le mot.

Les jumeaux, comme un certain nombre d'étudiants voulant faire payer son nouveau statut à la grande inquisitrice, se sont servi de la menace d'Elijah pour terrifier la nouvelle directrice. Pas grand-chose, simplement en émettant des bruits suspects, en créant des courants d'airs ou tout simplement en lançant des regards craintifs derrière leurs épaules.

Mais Ombrage a définitivement basculé dans la paranoïa quand Firenze le centaure et nouveau professeur de divination a annoncé une lecture venue directement des étoiles : le ciel est rouge, les étoiles pleurent, Mars brille pour venger Vénus, Neptune et Jupiter s'alignent avec Pluton et Chronos retourne son sablier. D'ici la fin de l'année, la guerre sera lancée et les cadavres s'empileront à l'abri du regard d'Uranus.

Sans même avoir pris des cours de divination, la sentence est claire, la mort est à nos portes et Ombrage en sera la première victime.

Depuis cette prédiction, elle passe la moitié de son temps enfermée dans son bureau, l'autre à punir les élèves pour simplement respirer trop fort, cela ne peut plus durer. Hope est d'accord, nous devons agir avant que quelqu'un soit gravement blessé ou pire, tué.

Enfin, si elle était seule, nous n'aurions pas trop de problème. Mais le ministère, sous la pression de Fudge, a envoyé une série d'auror puriste et peu scrupuleux pour surveiller l'école. Désormais, nous sommes guidés d'un lieu à l'autre, sans pouvoir s'échapper, avec un recompte constant. Seul les classes ne sont pas surveillées, car les professeurs ont refusé, utilisant une vieille loi de l'école interdisant à un spectateur d'assister aux cours. C'est le seul endroit, avec nos salles communes, où nous sommes en sécurité.