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Airelle

J'ouvre les yeux tellement brusquement que la lumière qui traverse les rideaux de ma chambre transperce mes pauvres rétines pas encore bien réveillées. Je n'ai pas de temps à perdre si je ne veux pas me faire réprimander par ma mère, après qu'elle ai reçu un message de la fac concernant un possible retard de ma part. C'est donc à contrecœur que je quitte mon grand lit douillet pour aller dans ma petite salle de bain adjacente à ma chambre.

Mes vêtements fraîchement préparés la veille m'attendent tranquillement sur le rebord du lavabo en marbre blanc. J'allume le jet d'eau pour avoir de l'eau chaude une fois que je serai en dessous, puis je me déshabille rapidement. Sans me regarder dans le miroir de peur de voir les cicatrices qu'a laissé ce foutu accident sur ma peau.

Je pose un pied sous le jet d'eau et ai un mouvement de recul au contact de ma peau nue avec l'eau brûlante, avant de me faufiler en dessous et qu'une sensation de bien-être s'insinue en moi.

De retour dans ma chambre habillée simplement pour me fondre dans la masse d'étudiants de ma fac, j'ouvre les rideaux en grand. Je fais mon lit en un temps record avant de sortir mon manteau de l'armoire. Je prends mon sac à côté de mon bureau pâle, car oui tout dans ma chambre ainsi que dans ma salle de bain est plus ou moins blanc.

Je quitte ma chambre moins de dix minutes plus tard après avoir vérifié pour la centième fois que je n'ai rien oublié et me dirige vers ma cuisine. Je ne croise personne sur mon chemin mis à part ma petite-sœur, Lexiane qui se dirige vers la salle de bain qu'elle doit partager avec Rayon.

Le couloir pour arriver à la cuisine me paraît interminable alors que mon ventre ne fait que gargouiller de faim.

J'entre dans la cuisine avec hâte, avant que mon ventre ne fasse de nouveau un bruit sonore, ce qui attire l'attention de Bettina sur moi ainsi que celle de mon morveux de petit-frère. Rayon fronce ses sourcils alors que Bettina se contente d'un petit sourire discret auquel je ne prête pas vraiment attention.

L'énorme îlot central en marbre me fait penser à une scène qui s'est passée dans le dernier livre que j'ai lu. La meuf était en train de cuisiner tranquillement avec la chemise du gars et là, le jeune homme se ramène et la plaque sur l'îlot central et vous connaissez la suite.

Je me mords la lèvre pour ne pas rire des images que je viens d'imaginer et lâche un soupir las.

- Bonjour.

Ma voix est monocorde, reflétant ma fatigue matinale.

Bettina, la nounou, dépose la tasse de chocolat chaud devant mon petit-frère, Rayon, avant de se tourner vers moi avec un regard inquiet.

- Aira, tu as bien dormi ? me demande-t-elle aussitôt.

Du peu que je sache, Bettina m'a toujours appelée Aira et ça ne me dérange pas, car je n'aime pas vraiment mon étrange prénom. Je m'appelle Airelle en réalité, mais je ne sais pas si mes parents ont remarqué qu'ils ne nous ont pas donné des prénoms ordinaires à Rayon, Lexiane et moi.

Je me concentre sur la question que Bettina vient de me poser, mais je ne trouve pas vraiment de réponse, car je pense que si je lui avoue que je n'ai pas réussi à dormir à cause de mes cauchemars et que j'ai donc lu toute la nuit, cette pauvre petite Bettina sera inquiète pour moi et je n'aime pas qu'elle soit tracassée par ma faute. C'est donc pour ça que je lui réponds vaguement comme j'ai l'habitude de faire.

- J'ai veillé jusqu'à tard dans la nuit. Je n'ai pas vu l'heure passer. Tu sais comment je suis ! À chaque fois, je me dis : encore un chapitre, mais en fin de compte, je me retrouve à terminer le livre.

Les yeux bleus de Bettina se plissent et sa bouche forme une moue pas très convaincue, mais elle ne rétorque rien.

Bettina est petite, mais hyper gentille avec nous. Elle a des formes, mais c'est ce qui fait d'elle une femme très belle de l'extérieur comme de l'intérieur. Elle a une cinquantaine d'années ce qui explique la couleur argentée de ses cheveux toujours attachés en chignon.

Je la connais depuis toujours et je la considère comme ma mamie depuis une éternité. Je déteste lui mentir, mais c'est pour la bonne cause ! Ce que j'aime bien chez elle, c'est qu'elle ne cherche jamais à m'obliger à dire ce qui ne va pas et elle sait écouter quand enfin je me livre à elle.

- Comme d'habitude ? me demande-t-elle.

Elle me connaît par cœur cette femme et c'est une des raisons pour lesquelles je m'entends si bien avec elle !

- Comme d'habitude, s'il te plaît.  je lui réponds avec un faible sourire.

Je m'assois à côté de mon frère encore endormi, ce qui ne me dérange pas, car sinon il serait déjà en train de parler et je n'aime pas trop parler de si bon matin surtout avec un enfant de 5 ans. Sachant que je ne le supporte pas vraiment, car depuis sa naissance, il se prend pour le petit roi de cette maison laissant dans l'oubli Lexiane et moi. Être la première de la tribu a beaucoup d'inconvénients, une pression de malade surtout, mais je n'imagine pas ce que doit ressentir Lexiane qui est l'enfant du milieu. D'après ce que j'ai pu constater de mes parents, l'enfant du milieu est un peu comme un fantôme qui lorsqu'il fait une connerie redevient une personne à part entière, mais le reste du temps est invisible, alors que le premier enfant a une pression de malade et que le dernier est le petit chouchou.

J'attends quelques minutes avant que Bett dépose ma tasse de café devant moi et mes céréales préférées. Je souris bêtement quand je pose mes mains sur la tasse brûlante, j'aime cette sensation de réconfort grâce à la chaleur de la tasse. Je pourrais rester des heures les mains sur cette tasse, mais comme on dit, toutes les bonnes choses sont éphémères.

Now 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant