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Airelle

Elle a gagné ! Elle gagne toujours avec sa petite moue adorable ! Je ne peux pas lui dire non lorsqu'elle fait ça et elle le sait très bien ! Je déteste lorsqu'elle fait ça contre mon gré.

Je ne suis pas la sœur modèle, loin de là, en même temps qui l'est ? Contrairement à toute les relations fraternelles qu'on peut trouver sur les réseaux sociaux comme Instagram ou encore Pinterest, je préfère de loin celle avec ma sœur, car si on touche à un seul cheveux de mon frère ou de ma sœur, vous avez plutôt intérêt à ne pas être dans les parages quand je serais là, car personne n'a le droit de s'amuser à les tourmenter à part moi ! Pour eux, malgré les hauts et les bas, je serai prête à sacrifier mon sang et ma chair.

***

Ma sœur n'a pas parlé pendant le long trajet qui séparait notre maison de la librairie, mais elle choisit le moment où nous traversons le hall d'entrée pour enfin l'ouvrir. Je commençais à m'inquiéter, elle qui est tellement pipelette en temps normal, je pensais qu'elle avait de la fièvre depuis qu'on a quitté la maison.

- Tu sais, il y a un mec dans ma classe qui te trouve pas mal ?

Elle dit ça tellement innocemment que je trouve ça hilarant. Je souris donc face à ce que ma sœur vient de me dire. Elle est tellement naïve que je plains son futur petit copain même si c'est ma petite-sœur. Je l'adore et tout, mais parfois elle est tellement naïve que j'ai peur pour elle. C'est donc pour ça que je lui réponds sans plus tarder.

- Oh et qu'est-ce qu'il trouve pas mal ? Mon cul, mes seins ou mon héritage ?

Je crains que ce soit pour l'héritage, car du côté seins et cul, je n'ai rien à offrir. Elle ne répond rien comme je l'avais espéré et ses yeux sortent de ses orbites, comme à son habitude lorsque je dis quelque chose qu'elle juge d'un peu trop « vulgaire » à son goût.

- Fais pas la choquée, t'es en première, t'es plus en 6ème ! Tu sais très bien que les gens ne s'intéressent pas vraiment à toi, mais seulement à ton argent ou à ton corps et c'est tout ce qu'ils veulent !

Elle fait style de ne pas m'entendre et part dans le rayon qui l'intéresse, celui où règnent les romans à suspense. Je profite de ma venue ici pour arpenter les rayons comme j'aime le faire.

Quand on a des parents hyper friqués, on ne peut faire confiance à personne. Je l'ai appris à mes dépens. C'est pour ça que je préfère la prévenir maintenant avant qu'il ne soit trop tard et que son pauvre petit cœur naïf ne prenne un coup.

À l'époque, j'étais amie avec une certaine Lola, je la connaissais depuis toujours, elle était ma seule amie proche. On était le genre d'amies à tout se partager, à tout se dire, à faire tout ensemble, vous voyez ce genre d'amitiés purement innocentes que l'on entretient avec des personnes pendant notre enfance ? Et bien, notre amitié que je pensais être en béton, s'est avérée être en fin de compte une amitié en carton. Le collège est arrivé, sa mère travaillait avec la mienne jusqu'au jour où elle a été suspectée de complicité avec un terroriste et a donc été réhabilitée à un service beaucoup moins important. Jusque-là, rien n'avait interféré dans notre amitié. Comme tous les ans, on organisait notre anniversaire ensemble, chez moi cette année-là. Vu que l'on fêtait nos treize ans, j'avais demandé à ce qu'il n'y ait personne chez moi. On avait donc invité toute la classe, si ce n'est pas toute l'école. Je ne connaissais même pas la moitié des invités, mais Lola était heureuse, enfin, c'est ce que je croyais. Le moment du gâteau est arrivé et le désastre a commencé. Comme tous les ans, nous étions ensemble devant l'énorme gâteau, mais cette année Lola avait décidé de briser notre cérémonie habituelle. Elle m'a attrapée par les cheveux, m'a trempé la tête dans cet horrible gâteau au chocolat et n'arrêtait pas de me sortir des choses tellement absurdes devant ces gens que je ne comprenais rien. J'ai fini par comprendre qu'elle était jalouse de moi et qu'elle essayait plus ou moins de se venger pour sa mère qui travaillait avec la mienne juste avant ce qu'il s'était passé.

***

Sur le trajet du retour, Lexiane doit penser que ma gentillesse est sans limite, car elle ouvre sa bouche pour de nouveau me demander quelque chose.

- J'ai demandé à maman pour aller en boite ce soir et elle m'a dit que je pouvais y aller, mais seulement avec toi.

Je quitte deux secondes la route du regard pour regarder ma sœur et je me mets à rire quand je vois qu'elle est sérieuse. Ma mère lui a dit qu'elle pouvait y aller seulement si je l'accompagnais ? C'est une blague ?! Elle n'est jamais là mais elle oblige les gens à faire ce qu'elle ne fait pas elle-même.

Je secoue la tête de droite à gauche longuement tout en restant concentrée sur la route qui me fait face.

- C'est hors de question !

Je sais qu'elle a envie de s'amuser comme tous les jeunes de son âge, mais ce sera sans moi. Je déteste être entourée de gens et ne parlons pas de gens qui ont de l'alcool dans le sang. Je n'étais pas comme ça avant, mais avec le temps les gens changent..ou pas !

- Allez fait pas ta sœur reloue et viens avec moi sinon je ne pourrais pas y aller. En plus, il y aura des gens de ton âge et je serai avec toi tout le temps ! En plus, on fait jamais de truc ensemble depuis...  tu sais bien depuis quand !

Elle marque un point ! J'ai envie d'être une meilleure sœur quand je me rends compte que je ne suis qu'une égoïste mal aimable, mais je n'y arrive jamais, le côté que je déteste le plus remonte toujours à la surface.

Elle me refait sa moue que je déteste tant et qu'elle aime tant, car ce simple geste me fait changer d'avis en un claquement de doigts.

Ben voyons, je suis vraiment une bonne poire, comment c'est possible qu'elle n'ait qu'à demander pour toujours obtenir ce qu'elle veut ?

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