Now 2.0

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Airelle

L'accident d'il y a cinq ans a laissé des traces dans ma vie. Les séquelles physiques sont évidentes, avec les cicatrices. Mais c'est celles à l'intérieur, les cicatrices émotionnelles, qui font le plus mal. J'ai développé une grande anxiété et peur de conduire à la suite de cet accident. C'est en partie pour cela que je reste chez mes parents. Même si je ne m'entends pas bien avec eux, ils ont été plus ou moins là quand on a découvert que l'accident m'a causé une amnésie partielle. Je ne me rappelle que de certaines choses, et le restant, ce sont mes parents qui me l'ont raconté. À défaut d'avoir une mémoire sur qui compter, j'ai une famille sur qui compter. De plus, j'ai une bonne relation avec Bett, mon frère et ma sœur, ce qui me donne un soutien familial important en dehors de mes parents. Cela crée un environnement positif et agréable. Bien sûr, je sais que je vais devoir prendre des décisions concernant mon indépendance à un moment donné, mais pour l'instant, rester chez mes parents est la meilleure option pour moi.

La voiture s'arrête en face de la fac et je me rends compte qu'il est temps pour moi de vivre la boucle infernale de mon propre enfer, mais avant ça Bettina me fait son discours habituel.

- Tu sais que si ça ne va pas, tu peux compter sur moi ! Donc appelle-moi si tu en as besoin !

Ses paroles me touchent toujours autant que la première fois où elle les a prononcées. Je souris à Bett et hoche la tête avant de descendre de la voiture familiale que seule Bett conduit ou bien moi quand celle-ci est malade.

La vue de la façade rectangulaire de la fac me donne mal au ventre. Je déteste vraiment cet endroit. Je n'ai jamais supporté la foule, dans laquelle je me sens minuscule et surtout ridicule. Malgré plusieurs années ici, je ne me sens toujours pas à ma place et c'est ce qui rend les choses encore plus difficiles.

Je souffle un bon coup pour me donner du courage, ce qui a le don de m'apaiser quelques secondes. Je traverse la route après avoir vérifié qu'il n'y avait aucune voiture aux alentours. Lorsque j'arrive au milieu de la route, une voiture ralentit pour me laisser finir de traverser, je regarde donc mes pieds en finissant mon chemin. J'ai l'impression de gêner tout le monde dans ces moments-là et je déteste ça.

Parcourir la pelouse seule est un véritable enfer. Même avec l'habitude, on ne s'y fait jamais. J'ai l'impression que tous les regards sont braqués sur moi alors qu'en réalité, personne ne fait attention à moi. Je triture donc la peau morte entre mes ongles à cause du stress.

Je n'aime pas les cours, je voulais arrêter, mais mes parents m'ont forcée à aller en fac de droit comme mon père. Mon père est avocat et ma mère travaille au RAID en tant que négociatrice, ce qui fait de moi une enfant de la justice. Je sais que ce n'est pas de leur faute s'ils me mettent une pression de dingue concernant mes études, mais celle de la société dans laquelle nous vivons. J'aimerais tellement qu'ils arrêtent de se mêler de ma vie lorsqu'ils sont là, car mes parents ne sont presque jamais à la maison, ce qui peut-être compliqué à vivre des fois. Mais avec le temps on s'y habitue et bon, on vit bien mieux lorsqu'ils ne sont pas dans les parages.

Les cours sont horribles quand on ne parle à personne, je reste donc dans les toilettes lors des récréations et en cours, je suis la meuf toute seule au dernier rang près de la sortie. De temps en temps, il y a une fille de mon cours qui se met à côté de moi juste pour qu'à la fin de l'heure elle me demande mes notes du dernier cours donc ce n'est pas une amie, mais une putain de profiteuse. Je suis tellement gentille que je ne l'envoie jamais chier, mais le jour où je le ferai, la Terre entière sera au courant.

C'est avec hâte que je me dirige vers les toilettes pour manger ce que m'a gentiment préparé Bettina. Je rabats l'abattant des toilettes de sorte à pouvoir m'asseoir dessus.