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Airelle

Il est grand temps pour moi d'aller en cours. J'ai couvert mes bras de fond de teint afin d'éviter que quelqu'un ne remarque les traces qui resteront à jamais ancrées dans ma peau.

Je suis restée une grande partie de la nuit en appel avec Clayton. Il a essayé de me rassurer du mieux qu'il le pouvait sans vraiment savoir pourquoi j'étais dans cet état. Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu'il fait pour moi.

Cet homme que je ne connais pas depuis longtemps, mais qui a déjà une place énorme dans cet organe qu'est mon cœur.

Mon téléphone sonne dans la poche de mon sweat. Je le sors donc et remarque que le message vient de Clayton. Un immense sourire étire mes lèvres dès que je vois son message :

«tu me manques»

Ce ne sont que trois petits mots, mais ils réchauffent mon cœur. Je lui réponds qu'il me manque aussi et que j'ai hâte de le revoir avant de reprendre mon chemin.

***

La journée est passée si lentement que je suis épuisée à la fin de celle-ci. Je m'écroule sur mon lit une fois dans ma chambre. Je soupire d'aise et m'étale en mode étoile de mer prenant toute la place sur mon lit deux personnes.

Mon esprit vagabonde sur une personne en particulier : Clayton. Depuis que je lui ai répondu, il y a maintenant huit heures, je n'ai pas eu de nouvelle de sa part et je ne sais pas vraiment quoi faire. Il me manque alors que nous nous sommes vu pour la dernière fois il y a à peine une journée. Je ne sais même plus à quoi ma vie se résumait avant de le rencontrer, car il a chamboulé mon errance.

Je décide de faire le premier pas et lui demande ce qu'il fait. J'observe le plafond en attendant impatiemment sa réponse, mais au bout de vingt-quatre minutes toujours rien. Mes yeux se ferment alors et son visage apparaît à travers mes paupières fermées. Le souvenir de son visage me rend béate. Je repense à tout ce que nous avons fait ensemble depuis notre rencontre, mais m'arrête sur notre première fois. Les souvenirs fusent dans mon esprit et j'ai soudainement chaud.

- Airelle ? Je te préviens, je vais entrer !

Bett entre dans ma chambre le regard inquiet.

- Ça fait trois fois que je toque à la porte et je n'ai eu aucune réponse ! J'ai eu peur que tu aies eu un problème ! Ne me fais plus jamais ça !

Elle se précipite vers moi et me prend dans ses bras. Je ne comprends pas vraiment pourquoi elle s'inquiète autant pour moi en ce moment, mais je me promets de lui poser la question une fois qu'elle sera plus sereine. Pour le moment, je la serre dans mes bras car je sens qu'elle en a besoin.

Au moment où elle s'écarte de moi pour mettre une distance entre nous, je me rappelle qu'elle n'est pas venue jusque-là pour juste me serrer dans ses bras.

- Au fait, pourquoi tu voulais me voir ?

Elle semble avoir oublié la raison de sa venue quand soudain, elle écarquille les yeux, comme si l'idée lui était revenue d'un seul coup.

- Tes parents sont tous les deux là et aimeraient passer du temps avec toi ainsi que ton frère et ta sœur. Donc sois prête dans quinze minutes, car vous mangerez ensemble et tu sais comment est ta mère. Si tu n'as pas une tenue adaptée, elle trouvera quelque chose à te dire.

Je hoche la tête comme si ce que Bett venait de me dire était la chose la plus normale au monde avant de lui murmurer un bref merci pour m'avoir prévenue de ce repas en famille.

Bett est à peine sortie que je me dépêche de filer vers mon armoire afin d'enfiler un jean noir et un sweat de la même couleur.

Je quitte ensuite ma chambre avec une telle lenteur qu'un escargot pourrait largement me battre à une course. Je me mordille légèrement l'intérieur de la joue, appréhendant déjà ce désastreux dîner en famille. Lexie me rejoint vêtue d'une robe d'un blanc tout aussi éclatant que le sourire de Rayon lorsqu'il nous rejoint dans la salle à manger.

Mes parents entrent en même temps dans l'immense pièce. Mon père est dans un de ses costards bleu marine qui valent un bras. Ses cheveux blonds sont retenus en arrière par du gel lui donnant une allure stricte. Ma mère quant à elle, est dans une de ses robes noires et ses cheveux de la même teinte que les miens sont attachés en un chignon sévère. Un sourire de façade étire ses lèvres assorties à son vernis rouge carmin. Mon père s'assoit à côté de moi tandis que ma mère s'installe en face de lui et par conséquent à côté de Lexiane.

Le regard de mon père parcourt chaque personne présente autour de la table et son regard s'arrête un long instant sur moi. Par pitié, faites qu'il ne me pose aucune question sur les cours, comme il en a l'habitude.

- Comment se passent tes études, Airelle ? me demande-t-il.

Si je le pouvais, je me ratatinerais sur ma chaise en cuir. Un silence pesant règne sur la salle, seul le bruit des couverts touchant les assiettes retentit dans l'immense pièce.

- Euh.. ça se passe.

- J'ai entendu dire que tu as été interrogée par Samantha Lésine. J'ai déjà eu plusieurs fois affaire à elle, elle est très douée en tant qu'enquêteur et elle n'hésite jamais à fourrer son nez n'importe où. J'espère qu'elle ne t'as pas trop interrogée à cause de nos différends !

Mon père part dans un de ces monologues à rallonge croyant que quelqu'un à cette table l'écoute attentivement. Ma conscience s'égare encore sur le message que j'ai envoyé tout à l'heure à Clayton et discrètement je sors mon téléphone pour regarder si je n'ai pas reçu de réponse. Un faible sourire étire mes lèvres dès que je vois un message provenant de lui. Je n'ai pas le temps de le lire qu'on m'interpelle.

- Airelle ? Je t'ai parlé ! Tu ne sais donc pas écouter ?

Je crois que je vais me faire incendier.

- Je t'avais bien dit qu'on aurait dû être plus sévère avec elle. La preuve en est aujourd'hui qu'elle ne respecte même pas le fait que tu parles et qu'on soit à table ! Si j'avais su, j'aurais avorté avant de la mettre au monde.. je n'aurais jamais dû écouter ma mère qui voulait  à tous prix avoir cet immonde enfant !

Mon père rouge de colère, ne peut qu'acquiescer ce que vient de dire ce qui me sert de mère. Pendant que moi, je regarde mon assiette sans vraiment la voir tellement mes yeux sont embués de chagrin mais surtout de haine. Une folle envie de détruire et de faire disparaître tout ce qui se trouve sur cette fichue table et ainsi faire passer une miette de la colère que j'éprouve s'empare de moi à cet instant même. Cependant, les regards apeurés de Lexiane et Rayon m'en dissuadent et je reste calmement assise sur ma chaise.

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