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Airelle

Lexiane et moi ne rentrons pas à la maison pour cette nuit. J'ai pris soin de prévenir Bettina par message pour ne pas qu'elle s'inquiète de notre absence non préméditée. Ma sœur occupe la même chambre que lorsqu'on a dormi ici pour la première fois, tandis que moi je suis dans la chambre de Clayton. Ma tête sur son torse nu, je compte les battements de son cœur et ça a le don de m'apaiser. Ses bras m'enserrent la taille comme jamais personne ne l'a fait avant et à chaque mouvement que je fais, il resserre son étreinte.

Il s'est endormi en même temps que moi, mais la seule différence est que je me suis réveillée en pleine nuit. Il est cinq heures du matin et ça fait à peine deux heures que nous sommes rentrés. Même pas une heure que je me suis endormie après avoir échangé de petits moments de tendresse avec Clayton, avant d'être prise d'une horrible envie de dormir qui a coupé court à ce moment qui était des plus intéressants.

J'observe son visage endormi grâce à la faible lumière qui provient de la lune et traverse l'immense baie vitrée. Ses cheveux lui retombent sur le front et je ne peux m'empêcher de les effleurer. Mes doigts entrent en contact avec ses boucles brunes qui sont tellement douces que je passe plusieurs fois mes doigts dedans et ça ne semble pas le réveiller. Ses lèvres rosies me donnent envie de poser délicatement les miennes dessus, mais je ne tiens absolument pas à le réveiller et je décide donc de me caler un peu plus contre lui afin de profiter au maximum du contact de sa peau contre la mienne.

***

Après avoir passé la nuit auprès de celui qui hante mes pensées à chaque seconde de ma vie, je rentre à contrecœur dans la grande cour de ma maison. On a retardé le moment du départ tellement longtemps que la nuit apparaît déjà. Le soleil se couche délicatement derrière ma maison, alors je me dépêche de rentrer chez moi avec Lexie pour ne pas que Bettina s'inquiète ou que quelqu'un dans cette maison comprenne que nous avons découché cette nuit et aille le cafter à nos parents.

***

Je me lève dès que mon réveil sonne. Je pars me préparer dans la salle de bains avant de descendre prendre un petit-déjeuner rapide.

Bettina me dépose devant la fac comme d'habitude. Je descends de la voiture après lui avoir fait un léger bisou sur son front. Ma jupe en cuir noir me donne l'impression de remonter à chacun de mes pas et je prie pour qu'aucune mouette ait l'envie de chier sur mon t-shirt blanc, parce que c'est toujours quand on porte du blanc qu'une tâche vient perturber notre journée.

Je me dirige vers l'amphithéâtre où j'ai cours pendant quatre longues heures. Des heures que je vais passer à gribouiller, j'en suis sûre.

Le cours est effectivement très long. Le prof n'arrête pas de sortir des mots de plus en plus incompréhensibles pour moi, car je n'écoute qu'un seul mot sur deux. Je griffonne sur une feuille que j'ai trouvée dans mon sac. Je me découvre une passion pour les carrés en 3D. En effet, la feuille est remplie de carrés plus ou moins de la même taille, plus ou moins avec des angles droits. Je ne sais vraiment pas dessiner et ça me fait sourire, car je ne suis pas capable d'écouter le cours, mais je ne suis aussi pas capable de dessiner un beau carré. Je continue de mettre en œuvre mon art durant tout le cours sans me soucier de celui-ci. De toute manière, le droit ne m'a jamais intéressée et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.

***

Bettina me dépose devant la librairie sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Je n'ai pas eu le temps de lui demander qu'elle est déjà partie donc je me retrouve là devant l'immense bâtiment sans vraiment savoir pourquoi je suis ici. Je me décide tout de même à entrer dans la grande librairie, car inutile de dire que la tentation était trop forte. Je parcours les rayons comme j'en ai l'habitude. Mes doigts touchent les livres qui commencent à prendre la poussière sur les vastes étagères. Arrive enfin mon rayon préféré, celui des romances en tous genres. Ces livres qui m'ont si souvent comblée quand j'ai perdu la personne qui rendait ma vie un peu plus soutenable simplement en étant là pour moi.

Des fois, je repense à ce foutu accident qui lui a enlevé la vie à elle et non pas à moi. Je repense à comment j'ai vécu le deuil de ma meilleure amie et je me dis que j'étais vraiment au plus mal, mais sans ce plus mal, jamais je n'en aurais été là. Car maintenant, je suis la version 2.0 de la fille que j'étais il y a cinq ans. J'ai traversé l'enfer avant d'enfin connaître mon paradis.

Soudain, des bras m'enserrent la taille. Ces gros bras veineux que j'ai si longtemps observés durant la nuit qu'on a passée chez lui. Des bras qui me font me sentir chez moi.

- Salut..

- Salut.. lui répondis-je.

Je me retourne et dépose mes lèvres sur les siennes pour le saluer comme il se doit.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Il fait une moue boudeuse avant de me répondre.

- Dis-le que je te dérange..

- Nan, c'est pas ça ! C'est juste que tu ne m'as pas prévenue !

Un sourire malicieux étire ses lèvres que j'ai de nouveau envie d'embrasser, mais je me retiens et le regarde droit dans ses yeux verts.

- C'est le but d'une surprise, mademoiselle.

Je le prends dans les bras et lui murmure doucement :

- Je n'aime pas les surprises, mais si te voir en est une, je voudrais en avoir tous les jours..

Il hume mes cheveux avant de déposer un léger baiser sur mon front, sur mon nez, puis sur ma bouche. Il demande l'accès de celle-ci et je le lui donne. Nos langues dansent ensemble comme elles ne l'ont encore jamais fait et je tire légèrement ses boucles brunes quand ses mains atterrissent sur le creux de mon dos. Il quitte ma bouche pour poser les siennes sur la peau sensible de mon cou et je gémis de plus belle. Rapidement, je me retrouve plaquée contre l'étagère d'un rayon vide avec la jupe relevée.

Now 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant