Now 2.0

28

Airelle

Le dîner d'il y a quelques semaines est maintenant très loin derrière moi, car mes géniteurs sont retournés à leurs occupations et je ne m'en plains pas du tout. La tranquillité que leur absence m'offre est tellement agréable que ces derniers jours je flotte sur un petit nuage.

Ma tête ancrée dans ma main, je peine à revenir sur ce qu'il se passe dans cette cuisine. Rayon à côté de moi tire sur mon bras et me fait la même moue que Lexie me fait lorsqu'elle veut obtenir quelque chose de ma part. N'ayant pas écouté ce qu'il vient de me dire, je lui demande de répéter.

- Je te demandais si tu voulais bien venir jouer avec moi au parc, mais tu n'as pas l'air d'avoir envie donc laisse tomber..

Son air tout triste forme une boule dans mon ventre. Je sais que je laisse beaucoup de côté Rayon. Ça ne se fait pas en tant que grande sœur, mais je ne sais pas, il y a toujours eu un petit froid entre nous deux. Je ne sais absolument pas d'où vient ce froid, peut-être de notre écart d'âge ou peut-être que je ne passe pas trop de temps avec lui pour ne pas qu'il s'attache trop à moi et finisse par être déçu comme il l'est souvent à cause de nos parents. Mais il reste tout de même mon petit frère et je ferais n'importe quoi pour voir un sourire qui étire sa petite bouille, c'est donc pour ça que je pose ma main sur son épaule avant de lui répondre.

- On sort quand on est prêts si ça te dit ?

Un léger froncement de sourcil assombrit son visage d'ange si semblable au mien.

- Ça veut dire qu'on va aller jouer ensemble ?

Sa voix est tellement dubitative qu'un immense sourire se plaque sur mes lèvres.

- On va jouer ensemble !

Il éclate de rire avant de me prendre dans ses petits bras d'enfant. Il me serre si fort que je me demande d'où lui vient cette soudaine force. Je le serre contre moi quelques secondes avant qu'il ne s'éloigne pour continuer son petit-déjeuner.

***

Comme prévu, Rayon et moi partons pour le parc non loin de chez nous. Main dans la main, nous parcourons l'espace rempli de verdure, mais il me lâche la main quand l'aire de jeux apparaît dans notre champ de vision. Il se tourne vers moi avec des yeux emplis de malice et d'un seul coup, nous nous mettons à courir vers les balançoires. Sachant que j'arriverai avant lui, je ralentis la cadence et le laisse me dépasser.

- Gagné ! s'écrie Rayon.

Il sourit de toutes ses dents et j'en fais de même, retrouvant une petite part de mon enfance que je laisse souvent enfouie en moi.

- Tu as perdu donc tu me pousses !

- Oui, commandant Rayon !

Je fais un salut militaire à mon petit frère avant de commencer à le pousser légèrement.

- Plus fort Airelle ! Plus fort !

Je suis ses ordres tout en veillant à ne pas le pousser trop fort afin de lui éviter une chute.

***

Rayon, sur mon dos depuis le début du trajet, s'est endormi. J'essaye de ne pas trop le secouer afin de le mettre directement au lit dès mon arrivée chez nous.

Une fois l'angle de ma rue à vue d'œil, je remarque que la voiture de Clayton est garée en face de chez moi. Ne sachant pas pourquoi il est ici, je toque à la fenêtre côté conducteur pour avoir la réponse. La vitre se baisse et Clayton apparaît tout sourire.

- Salut !

Tellement obnubilée par le fait qu'il soit réellement en face de moi, je ne lui retourne pas son salut.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Il fronce légèrement ses sourcils, n'ayant sûrement pas pensé que notre rencontre se ferait comme ça.

- Je suis venu chercher ma petite-amie pour l'emmener au cinéma !

- Au cinéma ?

- Oui ! Donc dépêche toi avant que la séance ne commence.

- Il faut que je rentre coucher Clayton avant ! Je te rejoins dans dix minutes !

Je lui colle un bisou sur la joue du mieux que je peux et fonce vers la maison afin de déposer mon frère au plus vite et retrouver l'homme qui hante chaque seconde mes pensées.

***

Clayton a pris la plus grosse boîte de popcorn que le cinéma avait en vente rien que pour nous deux. Nous sommes installés tout au bout et en plein milieu de la salle. Malgré le fait que le film commence dans moins de cinq minutes, il n'y a toujours personne dans la salle.

- Pourquoi il n'y a encore personne ? Le film commence dans à peine cinq minutes !

- Personne ne viendra. me répond-t-il d'une voix calme.

Je suis troublée alors qu'il me regarde.

- Mais comment c'est possible ?

- J'ai privatisé la salle..

- Quoiiiii ????

Mes yeux pourraient sortir de leurs orbites tellement je suis étonnée. Jamais je n'aurais pensé qu'il aurait privatisé cette immense salle de cinéma, rien que pour nous deux.

- Mais pourquoi ? On aurait très bien pu regarder le film avec des gens !

- Oui, mais je n'aurais pas pu faire ça..

Il se penche vers moi et m'embrasse avec une telle fougue qu'il renverse ma tête en arrière. Je le laisse m'embrasser sans aucune retenue et me surprend moi-même à m'asseoir sur lui, ici, dans cette salle de cinéma vide alors que le film vient de commencer juste derrière moi.