Chapitre 1

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Je regarde les gens qui se pressent sur les trottoirs, tout en bas, me demandant ce qu'ils font là, où vont-ils, d'où viennent-ils. Ont-ils un travail qu'ils aiment où si ce n'est qu'alimentaire, et s'ils subissent, jour après jour, un travail qu'ils détestent. Sont-ils dehors parce que personne ne les attend à la maison ou ils ne sont pas pressés parce que l'ambiance à la maison n'est pas rose ?

L'air est frais ce soir, enfin à mon étage, il y a un léger vent, mais cela ne devrait pas avoir d'incidence sur mon arrivée.

La vue doit être belle depuis mon étage, mais je ne la regarde pas, je reste concentrée sur le trottoir qui m'appelle, cherchant à m'attirer. Si, quand je suis arrivée, il murmurait mon nom, maintenant il le crie. Tel une sirène, il chante sa mélopée hypnotique.

Qui sont ces gens ? Parmi eux se trouve-t-il un tueur en série ? Un étudiant en médecine qui découvrira un vaccin contre une putain de saloperie de maladie ? Si je saute, en m'écrasant sur un piéton, est-ce que je sauverais des vies, ou j'empêcherais une découverte scientifique, ou je ne rendrais qu'une famille malheureuse tout en traumatisant des dizaines de piétons, les policiers, les ambulanciers ?

En reniflant, je détourne le regard et me concentre sur l'intérieur de l'appartement.

Les enquêteurs de la police sont passé, la police scientifique aussi, si bien que je suis incapable de deviner qui a saccagé quoi. Je regarde les photographies au sol, dans leurs cadres brisés. Aucune de lui, il n'était pas assez imbu de lui-même pour se photographier et s'afficher sur ses murs. Mais une de nous alors que nous étions enfants. Je la retire du cadre et la glisse dans la poche intérieure de ma veste. Je fais le tour, regardant où il vivait, regardant quelques titres des livres de sa bibliothèque, tous jetés au sol. Celui ou ceux qui ont saccagé l'appartement cherchaient quelque chose, mais je sais qu'ils ne l'ont pas trouvé. Une visite dans sa chambre ne m'apprend rien de plus, sa penderie a été vidée, je regarde les vêtements jetés au sol, me faisant une idée de son style vestimentaire, me permettant de voir qu'il avait abandonné le style rétro 80, jean et t-shirt, pour un style plus contemporain, pantalon et chemise. Je ne fouille pas plus, tout a été retourné. Je repars furtivement, comme je suis venue, par le balcon, remontant vers le toit.

Je n'ai pas vu mon frère depuis ses dix-huit ans, je n'en avais que quatorze. Nos parents venaient de décéder dans un tragique accident de la route. Si le malheur aurait dû nous rapprocher, il n'a fait que nous séparer. J'ai été prise en charge par mes grands-parents maternels, lui a disparu, pour ne réapparaître dans ma vie que le jour où je fus diplômée du High School. Honnêtement, je ne sais pas à quoi il s'attendait. Des retrouvailles chaleureuses ? Des embrassades ? Pendant quatre ans, il avait disparu de ma vie. Finalement, c'est moi qui suis ensuite partie. L'université, ce n'était pas pour moi. Je me suis donc trouvé un travail et m'y suis concentrée.

J'ai cru à un spam quand il m'a contacté. Nous ne nous sommes pas parlé, c'était un appel masqué, alors je n'ai pas répondu. Maintenant j'écoute en boucle le message qu'il m'a laissé, le son de sa voix est tout ce qu'il me reste de lui, qui me rattache à ma famille, je ne parle plus à mes grands-parents depuis près de six ans, non que l'on soit fâché, je manquais de temps, enfin c'est l'excuse que je leur donnais, je n'avais simplement pas envie de les voir. Je suppose qu'un jour, quand ils ne seront plus là non plus, que je n'aurais alors plus de famille, je le regretterai.

Le message de mon frère était un jeu de piste codé. Il m'a fallu un moment pour le déchiffrer, principalement parce que je ne l'écoutais pas, jusqu'à ce que j'apprenne sa mort dans les médias. Là, j'ai écouté son message pour la première fois avant de m'introduire dans son appartement.

De retour chez moi, j'écoute le message en boucle mais je ne comprends rien à ce qu'il me raconte, étant en colère contre lui, contre moi, mais surtout contre lui.

The Outcast MC  -  Reaper # 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant