Chapitre 8

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C'est sur le parking d'un petit centre commercial, alors que je venais d'acheter un nouveau roman, une petite romance de Noël qui se passe au Québec, qu'elles me sont tombées dessus. Elles n'ont pas pris de chance, elles sont venues à plusieurs. Soit elles se tapent toutes le brun, soit elles ont peur que je les drague tous. Quoi qu'il en soit, à peine ai-je franchi la porte qu'une main s'est agrippée sur ma tête et je me suis retrouvée projetée contre une poubelle extérieure en ciment. Ça, ça fait mal. Elles s'y sont toutes mises, me donnant des coups de pieds comme si elles voulaient se qualifier pour la coupe du monde de football. Le fait qu'elles continuent de me cogner alors que j'entends les sirènes de voitures de police en approche m'indiquent que des flics sont peut-être sur le bulletin de paye du MC. Ce n'est que lorsque la première voiture de police tourne le coin de la rue qu'elles cessent et s'en vont, tranquillement. Le libraire a téléphoné au 911 à la seconde où il m'a vu percuter la poubelle, lui, je l'aime bien. Le policier qui sort de sa voiture en prenant son temps, je l'aime beaucoup moins, ni la nonchalance avec laquelle il appelle une ambulance.

« Ça va, Madame ? » demande-t-il, sans s'accroupir. « Vous pouvez me dire ce qu'il s'est passé ? »

Emerson

Malgré mon état, j'arrive à lire le nom sur sa plaque. Lui, je m'occuperai aussi de son cas. En attendant, je me laisse aller, les ambulanciers arrivent, je vais me faire bichonner. Je n'ai rien de cassé, peut-être des côtes de fêlées, mais je vais me rétablir. Je vais rentrer dans le MC en conquérante et je les mettrai à genoux ces putes. Mais plus tard, pas tout de suite.

Ah, voilà l'ambulance.

Même si je suis à moitié inconsciente, je sais qu'eux, ils ont couru jusqu'à moi. Je vois le flic fouiller dans mon sac à dos, regarder mes papiers, ouvrir mon portefeuille. Il y a des chances pour qu'il manque quelques billets quand je le récupérerais.

« Madame Farmer ? Vous m'entendez ? »

Dieu ? C'est toi ?

Je ne pensais pas qu'elles m'avaient abîmée à ce point. Je ne me suis même pas aperçu que je mourrais. Je n'ai pas vu le tunnel et les autres conneries. Honnêtement, je suis déçue. Ce n'est pas comme ça que j'avais envisagé de partir, c'est même plutôt indigne de moi. Tout le monde doit être déçu par ma sortie. Je m'attendais à partir dans un putain de show son et lumière, un truc digne, à ma mesure, tout en explosions, pas à un pétard mouillé en sortant d'une librairie. J'ai honte. Je ne veux pas voir ce que les potes vont écrire sur ma pierre tombale. Enfin , j'y suis, je vais essayer de bien me tenir, après tout, c'est lui le Commandant en Chef. Ça me fait quelque chose quand même, Dieu est là, devant moi, auréolé de lumière, là par contre, IL a mis le paquet. J'adore le son de sa voix. Je ne suis pas croyante, mais IL correspond au moins à l'idée que je me faisais de LUI.

« Dieu ? », demandais-je, juste pour être certaine que je ne suis pas sous morphine et que je plane, loin, dans la stratosphère.

« Presque, je suis le Docteur Page Wallace. On vous a mise dans un sale état. Vous avez trois côtes fêlées, c'est une chance que vous soyez plutôt sportive, vos abdominaux ont absorbé le plus gros. Néanmoins, vous allez avoir de sacrés hématomes. Vous avez également une légère commotion cérébrale, j'aimerais vous garder sous observation cette nuit, y a-t-il quelqu'un que je dois prévenir ?

― Je suis célibataire et disponible », souriais-je.

« De l'humour, c'est bien. C'est le signe que vous allez bien. Reposez-vous, je repasse vous voir plus tard.

― Promis ? », demandais-je.

Le docteur s'approche de mon lit en souriant.

« Je crois vous avoir mis trop de morphine, je vais baisser le dosage.

The Outcast MC  -  Reaper # 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant