Chapitre 6

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Durant mon service, j'assure la section de Vanessa qui n'est pas rentrée, étant malade selon ses dires. J'assume donc seule, en attendant que quelqu'un vienne en renfort. Les motards sont là, souriant, essayant d'être poli, à celui qui se montre le plus à son avantage. Je m'aperçois que je n'ai jamais clairement défini la sexualité d'Elizabeth, ses deux avatars. La serveuse est une romantique, mais n'a jamais eu de relation amoureuse maintenant que j'y pense, sur les quelques opérations que j'ai faites sous son identité. La barmaid, elle, est brut, intimidante même, si bien qu'elle allume les gars et les rembarre. De part ma réelle sexualité, je ne coucherais pas avec un homme, mais je dois me montrer intéressée si je veux les approcher. Les puceaux de prospects n'ont aucun intérêt, le gars aux cheveux bruns avec ses tatouages pourrait être intéressant mais sa barbe me rebute. Il doit la laisser pousser depuis l'apparition de son premier poil. L'autre, à côté de lui, le blondinet, se la joue trop mannequin. Il est tellement certain qu'il va me faire plier les jambes pour me sauter façon « doggy style » que c'en est risible. Reste celui qui se la joue ténébreux. Celui-là a clairement regardé trop de films de vampires. J'ai rayé le puceau de la laverie et celui de la station service, même s'il était sympa de laver mes vitres et de vérifier la pression de mes pneus. Il aurait lustré ma calandre s'il avait pu, mais je crois qu'il a éjaculé dans son caleçon lorsque je lui ai souri en le remerciant. Aujourd'hui, je vais visiter le garage.

« Et voilà vos additions, Messieurs », annonçais-je en faisant la distribution, rendant la monnaie une fois qu'ils me payent, puis les remerciant de leur visite. L'absence de Vanessa a fait que je suis brûlée, mais je me suis fait pas mal de cash, l'association que j'aide sera contente quand je leur verserai l'argent. Ma journée de travail terminée, je sabote patiemment ma voiture afin d'aller au garage avec une bonne excuse. Je roule lentement jusqu'à me garer le long du trottoir et d'aller au comptoir. Ma jupe blanche et mon chemisier jaune fait lever les têtes. Tout le monde veut savoir comment ils peuvent m'aider, jusqu'à ce que l'un d'entre eux ramène tout le monde à l'ordre. Mon ténébreux, forcément.

Comme il a passé une combinaison, et n'a plus les mêmes vêtements, je fais comme si je ne l'avais pas reconnu. Lui, par contre, apprécie visiblement le fait que je ne porte plus mon uniforme, mais quelque chose qui en dévoile encore plus.

« Rebonjour, je peux vous aider ?

― Nous nous connaissons ? », demandais-je en jouant la surprise. Lui ignore qu'il m'a déjà vu sous deux identités, la première fois il était avec les membres du MC et le gros con.

« Nous nous sommes vus tout à l'heure, au restaurant, j'étais avec mes amis.

― Ah mais oui, pardon. Sans vos autres vêtements, je ne vous avais pas reconnu.

― Sans votre uniforme, je vous avais reconnu. Alors, dites-moi, en quoi puis-je vous aider ?

― Il y a un problème avec ma voiture. J'ai une lampe d'Aladin qui s'est allumée sur mon tableau de bord, je ne sais pas ce que c'est. Je l'ai fait réviser il y a un mois, et tout était en ordre. »

Le brun me regarde, se demandant clairement de quoi je parle.

« Montrez-moi ça », dit-il en tendant la main pour que je retourne à ma voiture. Je le regarde quand il monte, je le vois inspirer et tiquer face à l'odeur. Ma voiture sent bon, elle sent les fleurs. J'ai installé un pot pourri sous le siège.

« Là, regardez » dis-je fièrement, « une lampe d'Aladin.

― C'est l'indicateur de niveau d'huile, le niveau doit être bas ou il faut en changer.

― Mon garagiste l'a changé le mois dernier. Vous êtes sûr ? »

Ah ! J'ai mis en doute le savoir du mâle, je l'ai touché dans sa fierté, maintenant il veut me prouver que c'est lui l'Homme.

The Outcast MC  -  Reaper # 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant