Chapitre 29 : Dernière valse

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EVIE


- Arrête ça tout de suite, je grommelais au brun.

- Arrêter quoi ?, il s'esclaffa.

De me regarder de cette façon. De me toucher de cette façon si innocente. De me parler si gentiment. De tout simplement me considérer car c'était tout ce que je n'avais jamais expérimenté et par conséquent cet inconnu m'effrayait plus que tout.

Sauf que je ne lui dis rien de tout cela et me tus à la place.

Je n'avais jamais vraiment besoin de lui faire part de quelques unes de mes pensées. Il avait l'air d'être capable de me lire si facilement.

Il avait surtout déjà vu beaucoup trop de moi aujourd'hui. Et rien que ce fait me donna l'envie irrépressible d'aller m'enterrer vivante quelque part où personne ne me trouverait.

J'ignorais ce qui m'était passé par la tête dans la chambre, plutôt. J'ai complètement vrillé et non pas que je regrette, seulement, je me demandais si je n'aurais pas pu faire les choses autrement. Il se pouvait qu'il me voie d'un oeil totalement différent et attiser sa pitié était bien la dernière chose que je désirais.

Maintenant que c'était fait, je ne pouvais plus revenir en arrière. Plus jamais effacer de ma mémoire ses yeux posés sur moi, ses mains effleurant mes hontes, mes cicatrices. Plus jamais je ne serais capable d'oublier ce moment, encore moins ce petit baiser contre mon premier tatouage ou encore ses paroles. Flottant encore quelque part dans un coin de ma tête.

Inconsciemment. Involontairement. Désespérément.

Sa main autour de ma taille me serra d'avantage contre sa hanche et je tâchais de ne pas laisser paraître sur mon visage mon mécontentement face aux nombreux invités venus de plusieurs coins du pays. Amis des Keller, célèbres mannequins, organisateurs, hommes d'affaires et tout le reste.

En bref, des gens à qui je n'ai jamais adressé la parole. Seul des regards et des faux sourires de ma part furent échangés tout au long de la soirée.

Je comptais sérieusement les minutes, voire les secondes depuis que Milan et moi avions fait notre entrée dans l'immense salle. La même dans laquelle Milan était devenu successeur et moi égérie, forcée de signer ce maudit contrat devant les yeux attentifs et menaçants de Dario.

Plusieurs tables rondes couvertes de napes blanches parfaitement lissées avaient été disposées dans la salle. Autour, des chaises tout aussi jolies et blanches comme de la neige. Si on levait la tête plus haut, on pouvait remarquer toutes sortes de décorations. Banderoles, plantes, fleurs s'accrochant aux plafonds et descendant le long du mûr.

Tout avait l'air d'un réel mariage.

Et tout se passait globalement bien, chacun discutait, buvait, mangeait, dansait à sa guise. Dans à peine vingt minutes, je devrais monter sur la petite estrade avec Milan. Lors de notre venue, Tyler nous a discrètement passé une petite feuille avec écrit dessus les discours que nous devions respectivement prononcer, le moment venu.

Étrangement, j'appréhendais ce moment. J'avais parfaitement conscience du fait que ce mariage était complètement faux mais je ne compris pas réellement les motifs de Milan. M'éloigner du danger ? En quoi me marier avec lui m'éloignerait de tout danger ? Tout restait relativement flou dans mon esprit.

En souriant au photographe qui s'était placé face à nous pour nous prendre en photo, j'attendis qu'il s'éloigne pour tourner ma tête vers Milan.

- Rappelle moi pourquoi je dois me marier avec le gars le plus arrogant de Londres ?, je lui chuchotais.

𝐓𝐇𝐑𝐎𝐔𝐆𝐇 𝐓𝐇𝐄 𝐃𝐀𝐑𝐊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant