Musique : Shadow - Pastel Ghost
EVIE
Vingt-deux défilés. Seize shootings. Huit publicités à l'image de marques luxueuses ou de l'hôtel. Et environ une centaine si ce n'est plus, d'autographes signés.
Je m'étais pratiquement accoutumée à ce rôle d'égérie. Je ne trébuchais plus lors des défilés, je devenais plus à l'aise devant les appareils des photographes et les caméras des réalisateurs. Mon contrat arrivait à son terme et j'étais plus que soulagée de le savoir alors je donnais le maximum de moi même.
- Preston !
- Plus à gauche s'il vous plait !
- À droite !
- En face, juste là Preston !
- Un petit regard sur le côté s'il vous plaît !
- Pss! Par ici, s'il te plaît !
Pourtant, j'avais beau donné tout ce que je pouvais, on me demandait toujours plus. Je leur donnais ma main, ils me prenaient le bras entier.
Actuellement debout face à une rangée de photographes, je tentais de garder une posture droite et confiante. Vêtue d'une robe bleue nuit assez moulante à manches longues, au décolleté en V. Cette dernière m'arrivait jusqu'au dessous de mes genoux. À mes côtés, d'autres mannequins se tenaient tout aussi apprêtés que moi, à poser avec beaucoup plus d'aisance et d'enthousiasme devant les innombrables objectifs et flashs.
Au fils des semaines, ces derniers m'angoissaient tellement que j'en étais venu à porter des lunettes de soleil un peu trop fréquemment.
Comme c'était le cas aujourd'hui. Elles m'aidaient notamment à dissimuler mes yeux rougis causées par la fatigue dû au manque de sommeil ou mes larmes. Très souvent pour ces deux raisons en même temps, pour être honnête.
Récemment, je n'avais que très peu eu l'occasion de souffler un bon coup tant les évènements, les soirées, les invitations dans différents plateaux et les shootings avaient occupés la quasi totalité de mes journées. Je courrais à droite, à gauche, partout sans me laisser un instant de répit tout simplement parce que je n'en avais le droit.
Milan et moi, nous sommes montrés plus complices et plus amoureux que jamais aux yeux du grand public ces dernières semaines. En enchaînant séances photos, autographes ensemble, publicités et bien d'autres qui ne furent qu'embellir l'image de l'hôtel. Mon absence due à mon kidnapping lors de la nuit de notre faux mariage avait fait courir quelques petites rumeurs à mon sujet mais dès notre retour à l'hôtel, Milan et moi avions assurés que "tout se passait merveilleusement bien" et que nous avions sois disant "besoin de temps pour nous seuls".
Ces remarques ont fait d'avantage fondre la masse hystérique de fans plutôt qu'éveiller quelconques soupçons.
- Preston, s'il vous plaît ! Par là !, s'écria un autre photographe.
Je clignais plusieurs fois des yeux pour reprendre mes esprits et tournai ma tête vers le photographe qui venait de m'interpeller. C'est à peine que je pivotai ma tête, qu'un autre m'appelait à l'opposé et puis d'autres me supplièrent de regarder dans leurs directions. Je voyais presque les autres mannequins se retenir de souffler face à l'engouement indéniable autre de ma personne.
Inconsciemment, je refermais mes poings derrière mon dos. Lorsque mes ongles commencèrent à s'enfoncer un peu trop profondément contre la chair de ma paume, je pris une longue inspiration et fermais mes paupières derrières mes lunettes de soleil opaques. J'expirais doucement, inspirais à nouveau en tentant de faire le vide dans mon esprit et d'ignorer toutes ces voix parasites, tous ces bruits de cliquetis d'appareils photos, de flashs.
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𝐓𝐇𝐑𝐎𝐔𝐆𝐇 𝐓𝐇𝐄 𝐃𝐀𝐑𝐊
RomanceElle avait appris dès son plus jeune âge à ne savoir compter que sur elle-même. L'arrondissement Londonien qu'elle habitait avec son père et son frère regorgeait d'un danger permanent. Forcée du jour au lendemain de coopérer avec les Keller, une pui...