Chapitre 38 : Evelyn

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Musique : Chihiro _ Billie Eilish

MILAN


Je n'avais jamais touché à une clope de toute mon existence.

Et voilà que je me retrouvais aujourd'hui à les enchaîner les unes après les autres tous les soirs. Comme s'il s'agissait d'un élément nécessaire à ma survie, à mon bien être, à un état d'apaisement. Elles remplaçaient stupidement mes heures de sommeil introuvables, me permettaient de rester éveillé. Elles remplissaient d'autre part un vide profond en moi qui ne semblait vouloir se combler.

Qu'est-ce que je me sentais con. Terriblement con dans toute cette situation. J'en venais à commencer à comprendre l'envie destructrice de ressentir cette nicotine se propager à l'intérieur de mon corps. Ça devenait rapidement addictif. Je m'adonnais à cette sensation de condamnation et de plaisir à la fois.

Rejetant la fumée blanche par ma bouche, je l'observais silencieusement se dissiper dans l'air, se mêlant dans le ciel noir parsemé d'une couverture d'étoiles. Je me redressais pour me tenir droit et décidais de m'accouder sur la rambarde d'un des nombreux balcons de l'hôtel.

Un hôtel si maudit par ce qui s'y tramait aux niveaux inférieurs inconnus aux yeux des clients tous autant riches les uns que les autres. Si seulement ils avaient idée du nombre incalculable de secrets enfouis sous le sol dans lequel ils dormaient paisiblement la nuit.

C'était durant ce moment là de la journée que les âmes les plus odieuses se réveillaient, prêtes à tout. Pour l'argent essentiellement mais aussi pour le plaisir, rien que pour la satisfaction. La construction de cet hôtel remontait à des années en arrière. À la génération du grand père de mon père, Dario.

Pour simplifier les choses, mon père Dario avait un père nommé Karl. Ce dernier, Karl avait également un père prénommé Alexander. Sans blague, Milan ?

Ainsi, tout partait de lui. Alexander Keller. À peine la trentaine atteinte, il a décidé de construire un hôtel à Londres qui accueillerait les élites de tous les pays possibles du monde. Un hôtel donc réservé à la classe sociale financièrement aisée. La classe supérieure.

Seulement un mois plus tard après les débuts de sa construction, il a eu l'idée merveilleuse d'y installer au sous-sol une réserve qui lui permettrait de stocker des stupéfiants illégalement. Au départ, ils ne lui appartenaient pas. Il se chargeait uniquement de les cacher pour un temps provisoire dans ses réserves à la demande de certains clients venant à l'hôtel.

Ces clients étaient particuliers. Ils faisaient partis de différents gangs de mafieux. Venus de Colombie, de Russie ou encore de Turquie.

Quoi qu'il en soit, au fil des années, ce réseau secret sous l'hôtel Keller a connu un succès fulgurant auprès des clients qui en entendaient parler discrètement de bouche à oreille et qui se ruaient pour séjourner dans l'hôtel. C'était l'endroit parfait pour plaquer toute sortes de drogues car nul policiers n'aurait pensé à checker les sous-sol d'un hôtel prestigieux.

Alexander à transmis cet art à son fils Karl qui l'a transmis à son fils, Dario qui est déjà en train de me le transmettre. Notamment depuis que j'ai été nommé chef de cet hôtel. Tout reposait sur mes épaules depuis quelques mois. Tout. Et si jamais on nous chopait, je perdrais tout. Je finirai ma vie à croupir dans une minuscule cellule de prison pour des crimes que je n'avais pas décidé de commettre.

Mon père m'avait passé le flambeau et maintenant il s'agissait de savoir si j'allais conserver cette flamme maléfique ou l'éteindre, y mettant un terme définitivement. Pour moi. Pour maman. Pour ma sœur. Pour Alec. Pour Santino.

𝐓𝐇𝐑𝐎𝐔𝐆𝐇 𝐓𝐇𝐄 𝐃𝐀𝐑𝐊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant