Chapitre 35 : Unique issue

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Musique : La leçon particulière - christian gaubert


EVIE


Des palpitations au cœur.

Une respiration saccadée, étouffée, haletante.

Un corps entier figé.

Des larmes sur le point de chuter librement le long de mes joues brûlantes.

Une vision de plus en plus trouble.

Un état de choc, de paralysie, de souvenirs.

Du rouge. Partout.

Du sang dans chaque recoins de mon esprit.

Du sang d'un rouge vif recouvrant presque la totalité de mes mains gelées et tremblotantes.

Quelques éclaboussures de ce même sang m'avaient atteintes au cou, au visage sûrement.

Un objet froid et résultat de l'irrévocable, se tenait entre mes doigts hésitants.

Un "Je t'aime" autrefois, murmuré sur le bout des lèvres et puis un corps basculant en arrière se ressassèrent en boucle dans mon cerveau.

Je n'osais plus baisser les yeux vers le sol car ce serait m'infliger plus de douleur.

Néanmoins, mes yeux finirent par dévier vers ces trois corps inertes sous mes pieds. Maintenant, il m'était quasiment impossible de détourner le regard ni de réussir à retrouver un rythme cardiaque régulier. Durant de longues secondes, je clignais des yeux puis mon regard s'attarda une nouvelle fois sur l'arme tenue fermement entre mes deux mains, toujours encore légèrement tendue en avant dans l'air.

Des pas lourds près de la porte d'entrée résonnèrent et me firent brusquement reculer des corps allongés au sol, baignant dans une flaque de sang. Aussitôt, je tournais ma tête en direction de la porte. J'y aperçus l'expression horrifiée et ébahie de l'aîné de la fratrie.

Santino Keller.

Son regard croisa le mien au bord des larmes et il me dévisagea de la tête aux pieds avant de remonter et s'arrêter sur l'arme entre mes mains, le sang présent sur mes habits, ma peau, mes ongles. Ses yeux s'écarquillèrent doucement dans un moment de réalisation. Je n'avais toujours pas retrouvé mon calme ni mon courage lorsque je le vis sortir de sa poche son téléphone et y pianoter quelque chose.

Le faux blond colla ensuite l'écran de son téléphone à son oreille et je devinais facilement qu'il était en train de passer un coup de fil. Et mon intuition me disait qu'il n'était pas en train d'appeller sa grand mère ou son cousin.

- Tu vas enfin céder ta place à une égérie plus compétente et méritante, il me chuchota tout sourire.

Quel enfoiré.

Il allait me dénoncer à la police. Était-il sérieusement près à aller jusque là pour me voir dégager de cet hôtel ? Cette option ne m'aurait absolument pas dérangé or, ici, je me trouvais piégée. Les enjeux étaient totalement différents. La police arriverait, m'embarquerait, m'interrogerait et m'emprisonnerait pour le restant de mes jours.

Quoi que je fasse, que je dise, que je prouve.

Qu'est-ce que j'ai foutu..? Qu'est-ce que t'as foutu, espèce d'idiote..

Je serai inculpée.

Coupable.

Putain...

Il en était hors de question, surtout pas par Santino. Surtout pas maintenant. Surtout pas quand j'étais si proche du but, si proche de la fin de ce contrat de merde, si proche de retrouver Denver, Alaina...

𝐓𝐇𝐑𝐎𝐔𝐆𝐇 𝐓𝐇𝐄 𝐃𝐀𝐑𝐊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant