Chapitre 25 : Lettres

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EVIE


Felicia Gioretti. Felicia Gioretti. Felicia Gioretti. Felicia Gioretti.

Son nom m'hantait jours et nuits alors que je ne l'avais jamais connu. Que je n'avais toujours pas posé d'image à son visage et que j'ignorai encore tout d'elle. Tout.

Il m'était impossible de trouver le sommeil comme depuis le premier jour passé ici. Décidée une bonne fois pour toute, je poussai la couette qui me recouvrait et m'éclipsai discrètement hors de ma chambre.

Les caméras vous me diriez ? Rien à foutre.

Je me rendis une nouvelle fois dans un coin caché sur le toit. Le balcon à la vue impressionnante sur lequel j'avais une fois discuté avec Vittoria Keller. Je m'y rendais dans l'unique et seul but d'espérer la retrouver car je devais tenter ma chance.

Ma seule chance d'en savoir plus sur l'égérie disparue.

Morte.

Très probablement.

Alors que je me faufilais doucement sur le balcon, le courant d'air glacial me procura des millions de frissons partout dans le corps et secoua mes cheveux relâchés et clairement emmêlés à force de me retourner une vingtaine de fois dans mon lit la nuit.

Mon gros pull et mon survêtement ne suffirent clairement pas à calmer mes légers tremblements engendrés par le froid mais je résistai.

Je relevais la tête pour apercevoir un peu plus loin devant moi, une silhouette assise sur la rambarde. Jambes se balançant doucement dans le vide et le visage enfouit dans des mains. Je reconnus assez rapidement les longs et soyeux cheveux blonds de Vittoria retenus négligemment par un crabe noir.

Doucement, je m'avançais vers elle et pour ne pas l'effrayer, je l'interpellais d'une petite voix. Elle eut un léger sursaut et tourna sa tête de longues secondes à gauche, direction opposée à la mienne. Je constatais qu'elle essuyait d'un revers de main, ses joues.

Le temps qu'elle daigne me regarder, je m'étais assise à côté d'elle en prenant une longue inspiration.

- Qu'est-ce que tu fais là ?, elle questionna.

Je tournais ma tête vers elle et croisai enfin son regard. Ses yeux étaient rouges, gonflés témoignant des nombreuses larmes ayant coulés. Jamais je n'aurais pensé la voir dans un état aussi vulnérable. En public, elle était celle qui souriait le plus, qui riait le plus, qui prenait le temps de faire conversation avec des invités.

- Même raison que toi.

- Parce qu'on t'a arraché le cœur toi ?, elle répliqua, tentant un petit sourire.

Une vive et courte douleur vint compresser ma cage thoracique.

- On me l'a brisé. On me l'a arraché. On me l'a bousillé. On me l'a tué, je rectifiais douloureusement.

La blonde entre ouvrit ses lèvres prête à prononcer quelque chose mais finit par y renoncer et à la place soupira en passant ses mains dans ses cheveux.

- Quelle vie de merde, elle lâcha.

- Et vous étiez obligé de m'y faire goûter.

En m'enlevant.

- Comment tu fais pour ne pas devenir folle, sérieux ?, elle me demanda.

Je ne répondis rien mais j'avais ma réponse.

Je pensais constamment au jour où je me vengerai. C'était ce qui me faisait en grande partie, tenir. De même que la pensée de retrouver ma vie, mon chien, ma meilleure amie, ma passion et même ma télé antique qui marchait une fois sur deux sur laquelle je regardais Peaky Blinders le soir, aux côtés de Denver qui réclamait constamment des papouilles.

𝐓𝐇𝐑𝐎𝐔𝐆𝐇 𝐓𝐇𝐄 𝐃𝐀𝐑𝐊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant