3 - La Vraie Vie du Dragon

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Au petit matin de ce premier jour d'octobre, le réveil de Thomas sonne, avant de se faire gifler par son propriétaire. La tête dans le gaz et les yeux qui peinent à s'ouvrir, il mettra un petit temps à émerger de sa courte nuit. Aujourd'hui, il n'avait pas envie. Mais pas le choix, il faut y aller. La saison qui permettait de dormir le plus dévêtu possible était largement terminée, et lorsqu'il retire sa couette, le froid déclenche un frisson désagréable tout le long de son corps. Il se hâte d'enfiler un t-shirt à manche longue ainsi qu'un jogging, mais c'était pas suffisant, alors le frileux s'enroule un plaid, posé sur ses épaules. En ouvrant les volets, le biologiste constate que la capitale était encore plongée dans le noir, il est six heure trente-cinq du matin. Les journées raccourcis le déprimait, les paysages tristes de l'hiver et la pluie à répétition automnale aussi. La cafetière, faisant vaguement un bruit de marteau-piqueur en marche, distribue lentement le carburant nécessaire pour Thomas. Pendant ce temps-là, il salue son chat, Eggi, un magnifique Ragdoll à la robe soyeuse. Il miaule et roule sa tête entre les mains de son maître en guise d'affection, puis frotte le long de son dos pour ressentir la douce caresse que lui offre son colocataire. Le jeune professeur déguste son café debout, face à la fenêtre de cuisine, donnant sur une rue bien animée de bon matin. Un café noir, sans sucre, bien serré comme il les aime, pourquoi vouloir absolument changer le goût de la boisson en rajoutant tout un tas de choses allégeant le tout ? Autant se faire un cappuccino, non ? La tasse vidée, il s'empresse d'aller prendre sa douche, qu'il réalisera très rapidement parce qu'honnêtement, une douche c'est ennuyeux, mais en plus il a pas le temps. Une fois prêt, le biologiste souffle un bon coup devant sa porte d'entrée, avant de quitter son petit appartement, sur les coups de sept heure trente. Ratant le bus à quelques secondes près, il se rabat sur le métro. Il y avait une foule de monde oppressante, et, de nature introverti, le jeune professeur sent monter en lui une anxiété de plus en plus forte. Heureusement, il n'avait que cinq arrêt à faire. Sa pire angoisse en réalité, c'était de croiser un de ses élèves, en dehors de l'école ils peuvent se permettre plein de chose, même de deviner de quel arrondissement ou quartier il viens. Il arrive au collège cinq minutes avant le début des cours, il fonce vers sa classe pour préparer tout ce dont il a besoin. Debout face à son bureau, ses dix doigts posés sur la surface et les yeux fermé, il inspire profondément, avant de relâcher sa respiration progressivement. Le masque de professeur appliqué, il était fin prêt d'attaquer cette journée. Ce matin, il devra enseigner aux sixièmes A et B la dissection d'une fleur, plus précisément, celle d'un pissenlit fermé. Les élèves y mettent du cœur, se comportant comme de parfaits rat de laboratoire, même si certains trouvent l'activité ennuyeuse et aurait préférer ouvrir une souris ou une grenouille. Divisés en six groupes de cinq, ils doivent chacun coopérer pour observer, manipuler la plante et les outils, puis écrire ce qu'ils voient sur une feuille. Le ton générale devient rapidement une cacophonie, et Thomas rappelle à l'ordre que le travail ne peut pas être efficace si personne ne peut s'entendre parler. Au bout de trente minutes, il était temps de débriefer. Le biologiste demande à chaque groupe d'envoyer un de leur camarade au tableau, pour écrire chacun son tour un mot du lexique autour de la fleur. Alors qu'un des élèves était en train d'écrire "pollen", la porte toque. Mais pas la porte d'entrée, celle qui reliait la classe de Damien.

- Oui ?

Un élève de troisième entre, le bras tendu avec un papier dans la main.

- Mr. Languionie m'a demandé de vous donner ça.

Thomas saisit ce tout petit morceau de papier, le déplie pour y lire l'inscription "Non rien". Il fronce d'abord les sourcils avant de souffler d'agacement. Il renvoie l'élève dans sa classe et reprend son cours.

•••

C'est l'heure de la pause déjeuner, et depuis que Damien s'était assis face à lui à la cantine, Thomas avait pris la décision de manger à l'extérieur. Dans son sac il y avait un tupperware avec deux sandwichs triangle au thon et crudités, ses préférés. Il s'installe dans un banc du parc situé à une centaine de mètres du collège. Là, il était sûr de ne pas le croiser. Il adore la nature, les paysages vert et montagneux, dont l'intérêt pour lui de se pencher sur la biodiversité en générale, et d'enseigner la biologie. Les randonnés lui manque, depuis la fin de l'été il n'a pas monté une seule colline, traverser aucun sentier, ni explorer de forêt verdoyante. Après avoir finit de manger, Thomas sillonne les différents chemins du parc, jusqu'à atteindre un point d'eau accueillant quelques canards. Deux d'entre eux se battent pour un morceau de pain jeté par l'un des passants. Le biologiste soupire, il aimerait tellement dire à tous ces gens d'arrêter de les nourrir avec du pain, parce qu'ils absorbent l'eau et gonflent dans leur estomac, à trop en ingérer ces pauvres bêtes pourrait en décéder car ils ne les digèrent pas, en plus de leur apporter d'importantes carences alimentaire. Pourquoi aucun panneau ne le signale ? Mais il est temps pour le jeune professeur de reprendre le chemin du travail, et il presse le pas pour ne pas arriver en retard. Il n'avait plus qu'un seul cours à animer pour aujourd'hui, et il a déjà hâte de rentrer chez lui. Il angoissait à l'idée d'appliquer son programme, parce qu'il devra aborder à une classe de quatrièmes le corps humain, en particulier les parties génitales et leur composition. Il en profitera pour aborder la grossesse et son développement, les moyens de contraception, et le consentement. Son collègue Mathieu, également professeur de science vie et terre n'abordait jamais ces deux derniers points, estimant que c'était le rôle des cours d'éducation sexuelle de s'en charger, alors que ces cours n'était organisés que trois fois par an et qu'à chaque fois il y avait toujours des absents. Et jamais personne n'écoute ces cours exceptionnels. Mais si Thomas appréhende de donner cette leçon, c'est parce qu'il sait que toute la classe sera gênée au plus haut point, n'osera pas participer ou montrer qu'ils ont une quelconque connaissance en la matière, et les populaires vont en profiter pour en rigoler, railler leur camarade ou même d'imaginer leur professeur dans sa vie intime. Le jeune biologiste se sentait barbouillé par l'anxiété, les mains moites et rempli de gaz malodorants, c'était mal parti. Une crise d'angoisse était sur le point d'arriver, il se mettait à trembler et ressentir des sueurs froides. Il ingère discrètement un anxiolytique pour se calmer. Alors que sa respiration saccade de plus en plus, il s'assoit par terre, dos contre le mur du tableau, à coté de son bureau, levant la tête pour mieux respirer. Damien, ayant entendu des bruits suspect dans la pièce d'à côté, ouvre la porte, et stupéfait de trouver son collègue dans un tel état, il accourent vers lui et se baisse à son niveau.

Le Nouveau Professeur (terraink)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant