Le Nouveau Professeur (terraink)

10 - La Boulette

Après cinq bonne minutes de recherche, Thomas retrouve son compagnon près d'une table, dégustant une part de gâteau au chocolat avec son meilleur ami.

- Hé mais dis donc c'est quoi ce truc sur ton visage ? Demande Damien à Maxime.

- Euh c'est d'la barbe pourquoi ?

- Il a fallu attendre vingt cinq ans pour qu'elle pousse, tu parais presque adulte maintenant !

- C'est pas sympa... Oh salut Thomas !

- Au fait joyeux anniversaire. Sympa la barbe, ça fait moins bébé !

- Oh mais arrêtez avec ça ! En plus toi tu fais un mètre soixante comment tu peux te permettre de faire un commentaire là dessus ?!

- But contre son camp, tu es a peine plus grand que moi de genre... Cinq centimètres ?

- Il a raison, intervient le grand.

- Je fais presque un mètre soixante-dix, il me manque juste trois malheureux centimètres.

- Presque... T'es petit quand même.

Les deux protagonistes passent une bonne soirée. Pour le plus petit des deux, l'alcool réchauffe tout son système sanguin d'un coup, et une fois son deuxième verre terminé, il se sentait suffisamment détendu pour danser. Damien est plus grand et plus lourd, il lui en faudra beaucoup plus pour faire de même. Discrètement, il compte les verres de son petit ami, se demandant dans quel état il le ramassera ce soir. Thomas reste prudent et bois de l'eau avant de reprendre un cocktail. Rapidement, son corps passe en mode automatique et le bouclé ne pouvait que regarder, tel un spectateur derrière ses yeux, ce qu'il fait. C'était le signal qu'il fallait plus que jamais arrêter de consommer ce genre de boisson démoniaque, et il l'avait bien compris. Au milieu de la piste, le biologiste reste planté là, regardant le contenu de son verre à moitié vide, comme s'il cherchait des réponses au fond. Le technologue se précipite pour lui enlever le gobelet des mains, mais trop tard, le bouclé vide tout délibérément par terre avant de laisser tomber le récipient. Le grand attrape les bras de son compagnon, l'emmenant rapidement dans la salle de bain pour une décuve expresse. Thomas n'a pas le temps de demander quoi à son ami qu'il se fait asperger d'eau froide. Retour sur Terre, l'adrénaline dans les veines et le cœur qui courre un marathon, surpris par le choc de température. Ses yeux bruns font face aux pupilles bleues de Damien, qui s'est abaissé à son niveau, la main posée sur son épaule.

- Maintenant on rentre.

•••

Les vacances de Noël démarre en ce vendredi 23 décembre, pendant que tous les enfants sont surexcités à l'idée d'ouvrir bientôt leurs cadeaux, Thomas lui est tendu comme un arc. Demain, il prend un train pour se rendre dans sa campagne d'antan, où réside encore ses parents, pour un dîner de fête de fin d'année. Bien qu'il aime sincèrement sa famille, les grandes réunions comme celle-là lui sont anxiogène, entre les questions intrusives et les discussions sur des banalités barbante, en passant par les disputes sur les divergences politiques, le biologiste n'y trouve pas sa place. De nature introverti, il reste généralement dans son coin en vidant assidûment le rosé sur la table. D'ailleurs, la veille du départ, le jeune homme ne parvient pas à dormir, tourmenté par l'angoisse qui habite son corps. Il est frigorifié, alors qu'il fait bien vingt-et-un degrés chez lui, tremble comme une feuille, la boule au ventre. Emmitouflé dans son plaid vert royal, il claque des dents tout en suant de toute parts, impossible pour lui de se mouvoir ou démarrer une activité pour se changer les idées. Il reste là, assis en position fœtale sur son canapé, même son chat ne parvient pas à l'apaiser malgré ses tendres caresses. Il se met soudainement à saliver anormalement, accompagné d'une sensation de bouche pâteuse, il ne cherche pas à comprendre et court jeter sa tête dans les toilettes, et ne tarde pas à en faire ressortir tout son repas. Il avait l'impression d'avoir recracher son âme, et se sentait dépossédé l'espace d'un instant. Le biologiste regarde l'heure sur son radio-réveil: quatre heure du matin. Son départ est à midi. La nuit sera courte. Enroulé sous sa couette, Thomas scrute les réseaux sociaux en attendant de rejoindre les bras de Morphée, et finira par fermer les yeux sans s'en rendre compte, le téléphone encore allumé dans la main.