Chapitre 14

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Lieu : Entrepôt principal
Date : 15 janvier
Heure : 22:20
Point de vue : Anna Clark


Comment j'avais fait pour arriver ici ?

Comment j'étais tombé dans un piège aussi flagrant ?

J'avais les mains liées et le corps brûlait. J'avais une balafre à l'arcade, peut-être trois côtes cassées. J'avais deux grandes blessures qui saignaient abondamment de la dague que l'homme d'Igor avait plantée sur mon épaule et ma cuisse. J'avais de nombreuses autres blessures un peu partout, plus ou moins profondes.

Je fermai les yeux, espérant que tout cela n'était qu'un rêve que j'avais imaginé et que rien n'était réel. Je rouvrais les yeux, rien de cela n'était un rêve, j'étais bel et bien dans cet entrepôt attaché avec des chaînes et avec toutes ces blessures qui m'empêchaient de faire quoi que ce soit.

Je suis dans un enfer, aidez-moi pitié... était-ce ma seule pensée à cet instant.

Cela faisait davantage de deux jours entiers de tortures, si ce n'est pas lui, c'est un autre, ne me laissant pas me reposer. La douleur était insoutenable, j'essayais de ne pas hurler, de ne pas donner ce plaisir à ces hommes. Au bout du troisième jour, j'avais le ventre, les bras, et les cuisses tailladées, et des parties de ma chaire est à vives.

J'avais essayé bon nombre de fois de me libérer ou de blesser l'un d'eux sans y parvenir. J'étais beaucoup trop faible. Je ne souffrais plus, lorsqu'il venait pour me torturer, je sombrais dans un état second. J'étais parfaitement consciente de ce qui se passait, mais grâce au souvenir de ma mère, ce qui pourrait paraître fou, j'arrivais à me retirer, comme si je n'étais qu'une simple observatrice.

J'avais des coupures sous les pieds, dans les mains et sur les poignets, de partout sur le corps. Alors que je commençais à sombrer dans le sommeil, quelqu'un que je ne percevais plus la présence me gifla

- Tu dormiras que quand on te le dira !

Je me mettais à sourire et refermais les yeux. Au cours des trois jours, j'avais appris que mon principal tortionnaire s'appelait Diego, mais que ses amis appelait Die, qui signifiait mourir en anglais. Je trouvais ce surnom approprié, car de ce que j'avais appris, si jamais la torture n'aboutissait à rien, il tuait la personne... Ce qui me dérangeait, c'était qu'il était américain et non Russe. Die me giflait à nouveau.

- Hé, chaton, quelqu'un veut te voir. Murmure-t-il à mon oreille avant de se retirer.

Le rire grave qui hantait mes nuits résonnait fortement dans la pièce. Je tournai légèrement la tête vers la porte.

- Vous... Quel... Déplaisir de vous rencontrer encore. Dis-je d'une voix enrouée de sécheresse.

Il se mettait à rire encore et allumait la lumière, m'aveuglant.

- Je vois que la torture t'a laissé pousser des ailes et devenir encore plus sauvage.

Je lui répondais par un simple regard noir.

- As-tu enfin réfléchi et changé d'avis ? Continua-t-il

- Ma réponse reste et restera toujours la même.

- Dommage.

- Autant pour moi, je ne compte pas me laisser faire. Crachais-je

Le visage d'Igor reprit un air sérieux.

- Tant pis, tu m'es donc d'aucune utilité.

Il pointait une arme sur mon front, mon sang se glaçait et je me mettais à maudire ma bouche de trop parler.

- Vous allez me tuer ? Demandais-je, la voix tremblante.

J'avais peur. La torture ne m'avait pas fait peur, mais être face à la mort, ça, ça me faisait changer d'avis. Je voulais revoir ma mère, Galia et Irina. J'avais beaucoup trop de choses à faire pour mourir maintenant.

Le temps se figeait pour moi quand je voyais son sourire s'agrandir face à ma voix qui tremblait.

- Oui, tu as refusé et c'était ta seule chance. À présent, tu m'es inutile, je vais te faire disparaître. Ensuite, il va te suivre.

Je fermais les yeux, attendant qu'il appuie sur la détente et que tout s'arrête. Je pensais à tout ce que j'avais dit à Irina et je m'en voulais. Je voulais la revoir au moins une dernière fois. Le destin n'était pas avec moi, je devais mourir en n'ayant rien accompli.

Soudain, un bruit sourd me faisait sursauter. Je regardais vers la porte, essayant de percevoir le moindre son. C'était comme une explosion. Igor se tendit aussitôt et un de ses hommes rentrait dans la pièce, il s'approchait d'Igor qui avait le bras toujours tendu pour tirer et lui chuchotait à l'oreille quelque chose en russe.

Il partait à la seconde suivie de ses hommes, me laissant seule dans la pièce.

Je n'étais pas morte, je remerciais la personne qui avait produit cet incident, faisant partir Igor et me sauvant la vie. Je me mettais à fixer la porte, implorant tous les dieux qui pouvaient exister qu'ils ne reviendraient pas et que ce n'était pas une fausse alerte. Ce que je voyais me faisais regagner l'espoir que j'avais perdu, la porte n'avait pas été fermée, ils avaient oublié de la fermer.

Mon cœur s'emballait à toute vitesse et mon sang bouillonnait, il fallait que je me détache au plus vite avant qu'ils ne s'en aperçoivent.

Je tirais sur les chaînes me brûlant mes poignées, espérant que ma main passe et que je pouvais en enlever une. L'une de mes mains passait, m'arrachant toute la peau me faisant gémir et grimacer. Il ne manquait plus que la deuxième et le temps pressait. Igor pouvait revenir d'un moment à l'autre et s'il me voyait avec une main détachée, il me tuerait sur-le-champ. Ma deuxième main commençait à glisser et la chaîne commençait à érafler profondément la chair de ma main, cela me faisait hurler de douleur, elle était beaucoup plus serrée que l'autre. Au bout de quelques minutes, je réussissais enfin à enlever ma deuxième main.

Je me levais rapidement, mais c'était beaucoup trop violent en ayant subi des jours de torture et mon corps ne supportait pas le poids de mes jambes et je vacillais et arrivais à m'accrocher au bord de la table. Je tentais de reprendre ma course pour sortir et j'arrivais jusqu'à la porte que je poussais sur le côté et je sortais.

L'adrénaline me poussait à courir au bout du couloir, mais mon corps fragilisé refusait et je tombais au sol. Je ne devais surtout pas rester là, j'avais une chance de sortir qui s'offrait à moi et je devais la saisir. Je commençais à ramper sur le sol avant de sombrer dans le trou noir total.

The change of a mobsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant