Chapitre 9

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Lieu : Camion de transport
Date : 11 janvier
Heure : 02:15
Point de vue : Anna Clark

L'homme montait à ma suite et attrapait mes poignets pour les attacher en hauteur sur une barre fixée au plafond du camion.

En à peine cinq minutes, j'étais passée du chemin pour rentrer chez moi à ce camion. Je prenais quelques minutes pour prendre conscience de ce qui se passait autour de moi. D'autres femmes étaient, elles aussi, attachées comme moi, certaines pleuraient à s'en déchirer les poumons et d'autres avaient le regard dans le vide, elle semblait avoir perdu toute trace de conscience et vidé de toute émotion.

Le véhicule s'était mis en marche depuis qu'ils m'avaient fait rentrer de force à l'intérieur. Qui était-il et que me voulait-il ? Pourquoi toutes ces femmes étaient-elles attachées ? Je ne comprenais rien et mon cerveau ne voulait pas comprendre.

Je voulais retrouver Irina, Aela et Evan. À cet instant, j'avais peur et mon seul but était de sortir d'ici.

L'un des deux hommes était posté devant la porte sur le côté gauche, l'autre était posté au fond du camion. Les deux hommes gardaient les portes, sûrement pour éviter toute tentative d'évasion.

J'observai les portes minutieusement. Celle de gauche était beaucoup trop compliquée à ouvrir de l'intérieur, mais celle du fond, il fallait juste actionner une manette de l'intérieur et les deux portes s'ouvriront.

- N'y pense même pas, me chuchota une femme à ma droite, c'est une perte de temps et de moyen et tu n'y arriveras même pas.

Je tournais la tête et observai la femme, elle aussi était en tenue de soirée, il devait s'être passé la même chose que moi avec elle. Le seul truc qui n'allait pas chez elle, elle ne semblait pas avoir peur, son visage du moins n'en exprimait aucune.

Je fronçais les sourcils et lui chuchotais en retour.

- Et tu penses que je vais me laisser emmener, je ne sais où, par ces hommes ? Si j'ai un moyen de m'enfuir, il vaut mieux que je tente quelque chose au lieu de ne rien faire.

Je tentais d'extirper les mains de la corde, essayant de ne pas trop bouger pour éviter d'attirer l'attention des deux hommes.

- Tu vas juste te faire tuer.

Je lui souris, je savais très bien qu'il y avait peu de chances que je réussisse, mais j'avais tout de même aucune envie de ne rien tenter. Quitte à mourir, je mourrai en ayant fait quelque chose d'utile pour sortir d'ici.

- Sauf si je réussis.

Elle soupirait et détournait la tête. Je fis passer une de mes mains dans le nœud de la corde qui n'était pas si serré que ça. Ma première main étant libre, je jetais un bref coup d'œil aux deux hommes, ils ne m'avaient pas vu, c'était parfait. Je défaisais ma deuxième main des liens qui la retenait tout en ne lâchant pas des yeux nos bourreaux qui gardaient les portes. Je laissais mes mains en hauteur pour ne pas attirer leur attention et je murmurais à ma jeune femme à côté de moi.

- Si jamais j'y arrive, je préviendrai la police pour vous sortir de là.

La femme ricanait, elle se foutait clairement et ouvertement de moi. Elle me regardait dans les yeux et arquait un sourcil.

- Tu crois vraiment que tu arriveras à fuir ? Ne joue pas les héroïnes ma pauvre. Si jamais tu y arrives, ce qui n'arrivera jamais bien sûr, à peine auras-tu mis le pied dans un poste de police, tu auras une balle entre les deux yeux. Alors, croit moi, tu ferais mieux d'abandonner l'idée si tu veux vivre. Tu ne sais pas à qui tu as affaire.

Je la regardais abasourdie par ce qu'elle venait de me dire. Depuis que j'étais dans ce camion, je n'avais pas imaginé l'ampleur de ce dans quoi j'avais été embarquée. La seule chose dont je pensais, c'était m'enfuir et le peu de courage que j'avais accumulé en quelques phrases, murmurer cette femme venait de me le faire perdre.

- À qui avons-nous affaire ? Lui murmurais-je d'une petite voix.

Elle tournait la tête vers les deux hommes et les fixait en les détaillants comme je l'avais fait moi-même quelques instants plus tôt.

- Igor Sitshova.

- C'est qui ?

Elle se retournait vivement et me regardait de ses yeux perçants.

- Tu n'es pas Russe toi ? Me dit-elle après m'avoir détaillé longuement.

- Non

- Américaine ?

- Oui.

Elle riait sarcastiquement.

- C'était sûr, pour être aussi stupide et ne rien connaître, tu ne pouvais qu'être Américaine. Par contre, Igor ne s'en prend d'habitude qu'aux Russes pour ne pas avoir les flics des autres pays sur le dos. Je vois qu'il n'a plus peur d'eux maintenant et qu'il élargit ses horizons.

Je ne répondais pas à sa remarque qui n'était simplement pas un préjugé idiot. Elle regardait une nouvelle fois les deux hommes.

- Igor, c'est le plus gros trafiquant d'être humain en Russie. Il est connu pour revendre des femmes comme prostituée au bar et boîte de nuit de beaucoup de pays, dont la Russie. Il fait des trafics de femmes et d'enfants sans aucun scrupule et préfère se débarrasser de ceux qui avec de la chance arrivent à s'enfuir. Quant aux flics, ils sont tous corrompus par les mafieux, dont lui pour la plupart.

Je restais bouche bée face à ses révélations. Dans quoi est-ce qu'on m'avait embarqué ?

- Donc un conseil, continua-t-elle, remet tes mains dans ce nœud et attend bien sagement le sort qui va t'attendre. Accepte sans te débattre contre ce qui t'est imposé.

Malgré mon envie de fuir, je remis les mains dans le nœud qui s'était desserré et baissais la tête.

Si je n'étais pas partie sur un coup de tête et que j'étais resté avec Irina, rien de tout cela ne se serait passé. J'aurais dû accepter ses excuses ou j'aurais pu accepter qu'Evan me ramène chez moi. Tous ces remords allaient me rendre folle.

Le véhicule ralentissait sur une route gravillonnée, les deux hommes qui étaient restés presque immobiles durant le trajet se levaient et ouvraient les portes du fond à l'arrêt du camion. L'homme qui était au fond durant notre trajet sortit et se postait devant la porte. Il sortait son arme et restait là où il était. Quant à l'autre, il détachait les femmes une par une et les forçait à sortir. Pendant que l'autre homme pointait son arme sur elle et leur parlait en russe. Je ne comprenais pas ce qu'il leur disait, mais en tout cas, par la réaction des autres captives, il devait les menacer de les abattre si elle bougeait.

Le bourreau qui détachait les femmes détachait la femme avec laquelle j'avais pu parler. Il s'attelait enfin à me détacher quand je pus voir une partie de son visage camouflé par sa capuche. Il semblait vieux, la trentaine, voire la quarantaine environ.

- Присоединяйся к ним ! (Rejoins-les)

Je me levais et sortais du camion, ne comprenant pas vraiment ce qu'il m'avait dit, mais ayant très bien compris grâce au ton qu'il avait employé. Je rejoignais les autres et me mis à côté de la seule femme que je pouvais dire que je connaissais.

Les deux hommes parlaient en russe et je réussis à comprendre quelques mots. Il demandait s'il devait nous emmener directement et l'homme à la quarantaine avait répondu positif. Une portière claquait et un homme sortait du côté conducteur de la voiture. Ils discutaient avec lui, mais je ne suivais pas la conversation, complètement perdue et désarçonnée. Mon sang se glaça et une sueur froide traversait mon corps et ma légère robe me faisant trembler. J'ouvrais les yeux en grand et soufflais seulement trois mots qui m'échappèrent.

- Non, pas possible.

Mes yeux se remplissaient de larmes. Depuis le début, j'étais rentrée dans leur piège et l'étau de ce piège venait de se refermer sur moi.

The change of a mobsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant