Chapitre 20

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Depuis quelques jours, ma voiture est au garage, et je ne peux emprunter celle de mon meilleur ami. C'est un retour en arrière, une nouvelle organisation. Je pourrais en louer une ces quelques jours, mais ça ne me tuera pas d'emprunter les transports en commun. Dès que j'ai su que je serais sans voiture, j'ai fait en sorte de limiter mes déplacements, que mes rendez-vous se passent au bureau. Je ne me laisse pas abattre par un petit tracas. L'avantage dans les grandes villes, comme celle où je me trouve, c'est qu'il y a une multitude de solutions lorsqu'on a pas de véhicule. Bus, trains, métros, taxis... Et ce matin, en repos, j'ai envie de me balader un peu en ville. Comme il fait beau... Je me suis décidée à prendre le métro. Ça me rappelle un petit peu mes années collège. Ce sont toujours les mêmes odeurs, les mêmes personnes pressées, malpolies, dans leur monde avec leur musique sur les oreilles. Et aujourd'hui, j'ai décidé de me mêler pleinement à eux. Je sors mon téléphone, je me mets sur Spotify, et je lance une de mes nombreuses playlists à fond dans les oreilles, pour ne pas entendre ceux qui se mettent à crier dès le début de matin parce qu'ils n'ont pas digéré leur consommation d'alcool de la veille. À peine j'arrive sur la voie qu'un métro arrive. Il y a décidément toujours les mêmes personnes, les mêmes personnes à ignorer. Aucune place assise, comme c'est surprenant. La rame est bondée de monde. Je m'accroche à la barre centrale, comme d'autres personnes autour de moi. Prise en sandwich. Le temps a passé, mais les sensations sont toujours les mêmes. Les mêmes odeurs, les mêmes personnes collées à moi, les mêmes mains plus ou moins innocemment baladeuses contre mes fesses. Jusqu'à cette main de plus en plus insistante, de plus en plus présente sur mes fesses, au dessus de ma jupe, du moins pour le moment. Ça en arrive au point où je tourne la tête en direction de ce type, pour lui faire signe de s'arrêter, avant de me tourner à nouveau. Plongée à nouveau dans la musique au volume au maximum. Une minute. Une autre main sur mon cul. Bien plus pesante. Une main qui va jusqu'à m'empoigner, me pincer les deux fesses. Je me retourne une seconde fois, bien décidée à le faire cesser son comportement.

« Dégage cette main immédiatement. » 

Suffisamment fort pour que les gens aux alentours m'entendent. Avec un petit peu de chance, quelqu'un pourrait même intervenir. Et peut-être que le fait de l'afficher de la sorte le dissuadera de recommencer. Il faut juste espérer que nous ne descendons pas à la même rame, afin qu'il ne me poursuive pas. Enfin ma station est là, je me dépêche de sortir comme d'autres personnes, sans prendre attention si oui ou non ce pervers me suit. De toute façon, la musique à fond dans les oreilles, je ne parviendrai probablement pas à l'entendre. Mais très vite, une main se pose dans mon dos, je m'arrête net, au bord de la crise cardiaque. Je me retourne, prête à coller une droite, mais ne reconnaît pas l'homme qui m'avait harcelé tout à l'heure. Je retire mes écouteurs et essaie de reprendre mon souffle.

« Oh, excuse-moi, je voulais pas t'effrayer. Je ne pense pas que tu aies vu, mais j'étais dans le métro tout à l'heure, pas très loin de toi. J'ai voulu intervenir quand j'ai vu ce mec te peloter, mais je crois que ta répartie l'a vite calmé. »

« J'ai eu peur en effet, je pensais que c'était lui qui revenait à la charge. Une seconde de plus, et tu te prenais un coup. »

« Grande gueule et sauvage en plus de ça. »

« Il faut bien dans ce genre de cas, non ? Et puis, c'est un réflexe de mon adolescence. J'avais déjà l'habitude des mecs sans respect dans le métro quand j'allais au collège et plus encore au lycée. »

« Au lycée ? Tu parles du lycée de la ville ? »

« Oui, j'ai grandi et j'ai vécu ici. »

« Ah je vois, moi aussi je suis d'ici. Excuse moi je suis bavard, tu vas peut-être travailler ? »

La Solitaire - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant