Ailleurs est notre chez nous - Chapitre 6

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Jour 2. Il est sept heures du matin, réveillée par les voix des infirmières dans les couloirs, le bruit de plateaux roulants. Sûrement les petits-déjeuners, je le sens à l'odeur de café qui arrive jusqu'à mes narines. Mon amoureux dort toujours, lui, sur moi. Je profite d'être réveillée avant l'arrivée d'une infirmière pour me rhabiller légèrement. Je me suis endormie la poitrine à l'air, et la blouse encore relevée au dessus de mon bassin. Même si je suis dissimulée par mon amant, il aurait été gênant que l'on me retrouve à moitié nue. Mes mains passent dans le dos de mon amoureux et le papouille, en attendant l'arrivée d'une employée de l'hôpital. Je remarque contre mon bassin la gaule matinale de mon amoureux, dont je ne pourrai pas profiter puisque la porte de notre chambre se fait pousser par une employée de l'hôpital, mais pas pour le petit déjeuner.

« Bonjour les amoureux ! » Lance cette infirmière d'une quarantaine d'années d'une voix portante, réveillant en sursaut mon amoureux. Je ne sais pas si c'était volontaire, mais je ne peux m'empêcher de rire. Essayant de préserver un semblant d'intimité malgré la présence de l'infirmière, je chuchote à mon amoureux un « Bonjour, vous. » suivi d'un infime baiser. Après avoir ouvert les volets de la chambre et les stores, laissant apparaître un grand soleil, l'employée s'approche de moi avec toute sa panoplie. Température, tension, et même un test glycémique. « Et c'est pas si mauvais dites-donc. Café ou chocolat pour les amoureux ? » Demande-t-elle de sa voix toujours aussi assumée. Un café pour moi, un lait chocolat pour monsieur. L'infirmière repart, et je profite de ce premier moment d'intimité pour échanger quelques petits mots avec monsieur.

« C'était vraiment bien cette nuit chéri. »

« Oh oui, mais je ne pensais pas... Je ne pensais pas faire l'amour avec toi cette nuit, surtout pas vu la situation. »

« J'avais très envie de toi, et ce que tu as fait pour moi hier... »

Nous ne pouvons aller plus loin, une autre employée passe la porte de notre chambre, munie de son plateau à roulettes avec des bols, deux cruches, et quelques viennoiseries type croissants. En quelques secondes, toute la chambre sent le café et les douceurs sucrées.

« Bonjour vous deux, je vous sers un café et un chocolat c'est bien ça ? Et avec ceci, croissants, céréales, pain ? Qu'est-ce que vous voulez ? »

La dame, à peu près du même âge que la première, nous sert nos petits déjeuners, nous cherchant une deuxième tablette à roulettes pour que nous puissions manger tous les deux en restant côte à côte.

Il est à présent aux alentours de neuf heures et demi, nous avons fini de déjeuner il y a un moment mais nous nous sommes rallongés l'un contre l'autre, la tête reposée sur son torse à l'écoute des battements de son cœur, une main légèrement audacieuse sous le drap à caresser son membre par dessus son boxer en regardant les dessins animés sur une chaîne pour enfants. Nous sommes à nouveau interrompus par l'arrivée d'une infirmière.

« Bonjour Made... Pardon, bonjour à vous deux, je ne savais pas que vous aviez un visiteur. »

« Désolé, j'espère que ça ne vous dérange pas, mais les papiers sont en règle j'ai payé pour le temps où restera... Ma copine. »

« Oh non, ne vous inquiétez pas, je suis aide-soignante pas enquêtrice. Par contre, je suis là pour la toilette de Mademoiselle. Est-ce que vous voulez être seule ou voulez-vous que votre petit-ami soit présent ? »

« Ça ne me gêne pas qu'il soit avec moi. Comment est-ce que ça se passe ? Je n'ai jamais été hospitalisée encore. Est-ce qu'il y a une pièce spéciale ? »

« Ne vous inquiétez pas, je vais vous apporter de quoi vous laver. Bassine d'eau chaude, savon, gant de toilette jetable. »

L'infirmière apporte tout le nécessaire à me laver, ainsi qu'une nouvelle blouse. Curieuse et ignorante, je lui demande comment dois-je faire pour la retirer avec la perfusion à mon bras. Je me sens complètement idiote. En partant, l'infirmière ajoute : « Je vais juste appuyer sur cet interrupteur. Il indique que vous êtes en soins et personne ne viendra vous déranger. Il vous suffira d'appuyer dessus à nouveau dessus. Vous pouvez aussi nous appeler si vous le voulez pour que quelqu'un reprenne le matériel. »

La porte se referme. Enfin seuls. Mon homme s'assied sur le bord droite du lit. D'une main délicate il attrape ma blouse au niveau du cou et la descend jusqu'à ma poitrine. « Coucou vous deux vous m'aviez manqué. » dit-il, me faisant rire, peut-être pour me mettre à l'aise. Il continue,  retire la manche gauche et me met complètement nue. Il se relève, attrape la perfusion et la fait passer à travers la blouse, puis me la retire complètement. Je suis nue devant lui, il s'apprête à me toucher et lui agit le plus naturellement du monde. C'est comme si nous n'avions pas fait l'amour cette nuit, comme s'il ne cherchait pas à profiter de ma nudité et ma fragilité présente. Il essore le gant de toilettes, et dirige sa main vers mon visage. « Attention, l'eau est vraiment chaude. » Annonce-t-il, d'une voix rassurante, avant de passer sa main sur mon visage pour me débarbouiller une première fois. Il retrempe le gant de toilette dans la bassine avant de passer sur mon cou, descendre lentement vers mes bras, évitant de passer sur le pansement qui maintient ma perfusion, puis remonter jusqu'à mon cou. Une fois encore, il trempe le gant de toilettes et passe à présent sur ma poitrine très rapidement, avant de continuer tout le long de mon ventre, jusqu'à mon sexe.

« Bien, je te nettoierai le dos et les jambes après, d'accord ? Je vais maintenant te savonner. »

Je crois que même une aide-soignante ne prendrait pas autant d'attention ni de temps que lui. Je suis tout à fait séduite par cet homme que je regarde depuis hier comme je ne l'avais jamais vu auparavant. Il recommence le même geste, puis ajoute un peu de savon sur son gant, et me débarbouille une seconde fois le visage. Il continue dans le même sens, en passant par mon cou, nettoyant mes deux bras, mes deux mains, jusqu'au bout des doigts. Il passe par mes épaules, descend sur mes seins qu'il effleure attentivement. Il laisse couler un peu de ce gel douche froid sur mon ventre et trace une ligne qui s'étend jusqu'à mon pubis qui est un peu négligé ces quelques derniers jours. Il humidifie à nouveau son gant, et pose d'une main ferme sur mon ventre, frotte sur celui-ci en faisant des cercles qui passent sur toute la surface jusqu'aux reins et revient à mon nombril, et descend plus bas, encore plus bas. Sa main passe sur ma petite toison délaissée et continue entre mes lèvres. S'il garde sa douceur, il s'attarde bien plus à cet endroit, ne décrochant pas ses yeux de mon intimité. C'est après quelques allées et venues entre mes lèvres qu'il s'interrompt, me regarde et me demande :

« Est-ce que c'est moi ou... ? »

« Ou ? »

« Ou tu es excitée ? »

« Je ne sais pas... Mets-y des doigts pour voir ? »

Il plonge le gant dans la bassine, et c'est avec ses mains nues et mouillées qu'il me caresse. Ses doigts m'effleurent, me torturant presque, de mes seins, mes côtes, mes reins, et bientôt mes hanches. À chaque centimètre je trépigne un peu plus d'impatience d'avoir ses doigts en moi. Ça y est, il s'en approche d'une main. C'est avec sa main droite qu'il me délivre de cette attente de sentir ses caresses perverses. Du pouce, il active mon clitoris qui réagit comme on allume une lumière. Mon ventre se contracte, mes jambes aussi. Son pouce active mon clitoris en appuyant dessus et en faisant des caresses circulaires. Ce n'est pas moi qu'il regarde, mais seulement mon sexe, comme s'il guettait la moindre réaction. De son pouce, il le remplace par son index, lequel passe le long d'une lèvre et remonte, avant de caresser la deuxième, puis enfin me pénètre de deux doigts d'une intense lenteur au fond de moi. Son premier va-et-vient, me laissant ressentir chaque millimètre de sa peau s'enfoncer puis sortir.

« Tu me sembles excitée et humide chérie. »
« Ne me laisse pas comme ça, fais moi jouir dans ce cas. »

Ses deux doigts s'enfoncent en moi, d'un mouvement plus assuré que les précédents, mes mains attrapent le drap et froisse celui-ci, électrisée par ses va-et-vient incessants.

« Tu mouilles de plus en plus, c'est une évidence chérie. »

Mes jambes deviennent incontrôlables, repliées presque au maximum sur le lit. Je ne lui réponds pas, si ce n'est en me mordant la main pour éviter de crier mon plaisir. Un troisième doigt s'ajoute en moi, et il y va de plus en plus vite. Je suis au bord de l'orgasme, et sa deuxième main caresse mon clitoris, décuplant les sensations. Mon homme continue de me doigter de ses trois doigts, alternant entre vitesse et douceur, pour me rendre complètement folle à m'en rendre fiévreuse, transpirante, jusqu'à enfin me délivrer définitivement et me faire jouir à m'en redresser sur le lit. J'attrape la nuque de mon amant et l'embrasse langoureusement en guise de remerciement. Ainsi s'achève cette toilette plus qu'insolite. 

La Solitaire - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant