✷ Smoke Signals.

Introduction ✷ Cause a girl always needs something to kill. ( Herself. )

Gabriele Zacchi, fille unique de son père ( et de sa mère, cela coule de source ; mais c'est compliqué ) est la seule petite fille de Milan qui pleure sans cesse. Pourquoi ? La raison est simple : sa seule amie, c'est la Lune.

Alors le soir, quand elle se penche à sa fenêtre et que les jolies étoiles du ciel nocturne de Lombardie viennent une à une lui embrasser son front, Gabriele fait un vœu qui lui tient à cœur. ⸺ La brune demande à sa gardienne de lui donner une amie. Une seule. Car si la Lune à son Soleil, Gabie, elle, n'a personne. Elle devrait avoir Maman, mais elle n'est plus là. Elle devrait avoir Papa, mais il est encore moins présent qu'elle ; même s'il se trouve dans le salon, une bouteille en verre à la main et ses cheveux poivre-et-sel tombants un à un sous sa poigne que Gabie ne connaît que trop bien. ( Dans ses draps, les particules de son enfance ont cette texture particulière des miettes de pain qu'elle laisse trainer sur leur table. )

Alors le soir, la gamine aux cheveux ébouriffés ⸺ connue pour ses paroles en l'air et son sourire qui ferait fondre les glaciers qui lui rappellent les yeux froids de son père ⸺ prie, ses deux mains délicates jointes devant elle et ses genoux reposant sur la moquette tachée d'alcool de sa petite chambre qui appartenait autrefois ( enfin ils ne diraient pas lui appartenir car ils ne l'aimaient pas tant que cela ) à ses grands-parents paternels ; avant que Gabie ne naisse et vienne tout gâcher chez la famille Zacchi. Elle murmure des paroles dans une langue qu'elle ne maîtrise pas très bien, les consonnes accrochant sa langue. Son vernis à ongles écaillé est éclairé par la lampe posée sur sa table de nuit, une figure de chat constituant la tête de celle-ci. L'ampoule clignote, parfois. Papa ne paie pas toujours les factures. Gabie prie également pour cela. Un meilleur papa. ( Si seulement elle savait, que ce genre de choses ne se décident pas. )

Puis un jour lambda, sous le regard du Soleil taquin, Gabriele s'était levée en pensant que se serait une journée comme les autres, mais ce n'était pas le cas. Et ce jour là, Palmira Di Blasio est rentrée dans sa vie, et la brune au caractère particulier est vite devenue sa meilleure ⸺ et seule ⸺ amie. Ce jour là, les Étoiles ⸺ pareilles à celles qui décorent pitoyablement le plafond de sa chambre miteuse, cachant sous leur lumière des choses plus sombres ⸺ étaient alignées et le monde de Gabie s'est remis à tourner. Ce jour là, les prodiges de la Lune et du Soleil se sont trouvées. ⸺ Mais à quel prix ?

Depuis cette date, Gabriele a arrêté de prier. ⸺ C'est comme cela que tu me remercies ? J'avais foi en toi, Gabriele. J'aurai aimé que cela soit réciproque ; cela nous aurait évité tant d'ennuis...

Et ses pensées ne se sont plus jamais tournées vers la Lune. ⸺ Une perte de temps, voilà ce que tu représentes pour moi. Tu prends sans donner. Tu me fais honte, Gabriele.

Et la situation avec le brun au visage anguleux qui prétend être son père ( il l'est, elle n'en veut juste pas ) ne s'est pas améliorée. ⸺ Faîtes des putain de gosses, qu'ils disent. Qu'est-ce que je f'rais pas pour me débarrasser de ta sale gueule, Gabri' ? Nan mais r'gardes toi. Tu ressembles à ta pauv' mère.

Un chaos solitaire dans lequel Gabie baigne, et il ne manquerait plus que l'italienne se noie dans ce putain de chaos-gène qui coule dans le corps de cette petite. Sauf que cette fois, Mira elle, elle est là. Et si la petite brunette aux veines remplies d'un Ichor aussi doré que l'astre qui la protège est là, alors tout va bien. ⸺ Eh, Gabie ? T'as vu ton voisin ? Le p'tit gamin avec ses grands yeux de biche là ? Il est sympa, je l'ai croisé en venant et il m'a laissé emprunter son vélo pour faire un tour de quartier. Tu crois qu'il est amoureux de moi ? Peut-être qu'il l'est, je sais pas. Peut-être qu'il est amoureux de toi. En tout cas moi je le serais, à sa place.