Septembre 2022, Italie. ✷ GABRIELE.
Quand Gabriele entre dans la cuisine de leur appartement, le lendemain matin de sa nuit tourmentée, Kristjan l'attend près du comptoir. Les deux tabourets sont tristes de ne pas être utilisés. Le brun est nonchalamment accoudé sur la surface en bois, Gabie Zacchi l'imite.
⸺ Bien dormi ?
⸺ Ouais.
⸺ Tu mens.
Soleil pointe déjà le bout de son nez à travers la petite fenêtre, les rideaux en dentelle que Belina Asllani avait offert à Gabriele quand elle l'a rencontré pour la première fois laissant passer la lumière qui émane de l'astre doré, ses rayons caressant affectueusement les tempes de la brune. Et malgré la chaleur qui l'accueille, ses épaules s'affaissent sous le poids des mots de Kristjan, qu'elle ne peut nier. ( Gabie n'est pas aussi forte que Suzana à ce petit jeu là. Elle devrait lui apprendre. )
⸺ Comment est-ce que je pourrais bien dormir, Kristjan ? Mon père est sorti de prison. Ensuite il a menacé les deux seules véritables amies que j'ai. Les amies en question ne veulent plus me parler. J'ai pardonné mon père ; pour mon bien. Et puis il m'a avoué... ( Ses deux genoux fléchissent. ) Bref. Et après ça, mon père est, de nouveau, retourné derrière les barreaux. Alors évidemment, Kristjan, que ma nuit s'est bien passée. Comment est-ce que cela pourrait être autrement ? ( Poser une question à laquelle il ne faut pas répondre, c'est le passe-temps préféré de Gabriele. )
Kris détourne le regard et murmure quelque chose que Gabriele Zacchi ne parvient pas à entendre d'où elle se trouve. Sa gorge se serre. On gratte les parois de celle-ci. Des griffes pointues, presque comme des lames. On parle dans ton dos, qu'elles lui chuchotent.
⸺ Qu'est-ce que tu viens de dire ?
⸺ Rien.
⸺ Si si.
⸺ Gabie c'est... rien, ok ?
Gabriele saisit son épaule dénudée, la couleur miel du soleil effleurant sa peau, et malgré son envie, Kristjan ne peut pas répéter sa phrase. ( Sauf que la main de Gabriele lui indique une toute autre chose. Alors, que faire ? )
⸺ T'as deux secondes pour répéter ta phrase, Kristjan. Deux. Secondes.
La trotteuse de l'horloge avance d'un pas, puis deux. Tic. Tac. Temps écoulé.
⸺ C'est rien d'important. On s'en fout.
⸺ Qui ça on ? Je veux savoir. Sinon je vais devenir folle. ( Et je le suis déjà assez, Gabriele ajoute. Ils rigolent, la main de la brune lâche son épaule. )
Il attrape un chiffon qui traîne sur le rebord en bois, tournant l'objet dans ses mains pour les occuper.
⸺ Nan. C'est juste que... Je peux pas te le dire. Sinon ça serait... super bizarre ? Genre sur le moment même ok j'aurais peut-être pu, mais après ? Impossible. Ça me met mal à l'aise. Comme quand t'explique une blague à quelqu'un. Ça ruine tout, tu vois ? ( Ses yeux sombres regardent à gauche. Puis à droite. Il déglutit. Son regard revient sur Gabie. ) J'ai pas vraiment envie de me mettre dans l'embarras pour un « si c'était que cette nuit » quoi.
Et ses lèvres s'étirent, fier de lui. Il est content d'avoir réussi à exprimer ses pensées, pour une fois. ( Gabriele n'est plus de cet avis, malheureusement... )
⸺ Mais je vais... ( Gabriele place son poing devant sa bouche pour ne pas hurler. Ses phalanges deviennent de plus en plus blanches. ) Mais Krisjtan, pourquoi est-ce que tu me dis ça ?
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✷ Smoke Signals.
General FictionBurnin' trash out on the beach. ✷ Football fic. / K. Asllani. ✷ BENEAMATA BABIES #1.