✷ Smoke Signals.

Dix. ✷ La douche de Gabie.²

Août 2020, Italie. ✷ GABRIELE.

Gabriele Zacchi va exploser. Son cœur s'embrase, sa peau s'enflamme sous son touché. Chaque baiser déposé sur son épiderme se fait ressentir dans ses veines. Son sang est en ébullition et son souffle chaud n'arrive pas à suivre la cadence. Les membres de son corps ne répondent plus à son cerveau, ils ne font que suivre le mouvement que celui de son amant lui impose. ( Petit pantin guidé par l'Amour et ses péchés, une Aphrodite elle-même rougissante. )

( Quelques mots s'échappent de leurs bouches, leurs lèvres meurtries par la couleur du vin. IN VINO VERITAS, les enfants. Les baisers sont la clé contre les mensonges pleins d'une sobriété. )

La buée présente sur les parois en verre de la douche s'efface à certains endroits, laissant une trace de main ou autre partie de leurs corps enlacés par-ci et par-là. Gabriele ferme les yeux, priant silencieusement pour que ses voisins ( qu'elle ne connaît même pas ) ne les entendent pas. ( Malheurs, eux qui auraient souhaité entendre d'autres cris, ceux de la Gabriele de douze ans... Ils devraient se réjouir ! Avoir la chance d'entendre la voix de l'italienne s'élever pour une bonne raison. Car tout le monde ne l'a pas. )

Ses doigts mouillés sont entremêlés à ceux de l'albanais qui presse son torse contre sa poitrine, son visage enfoui au creux de son cou encore humide. Sa respiration est saccadé. À travers la fenêtre, Soleil réussit à s'immiscer sur leurs peaux réchauffées par l'eau ; et ses rayons. Sa voix est rauque lorsqu'il prend la parole.

⸺ Të dua. ( Je t'aime. Si Gabriele a bien révisé ses leçons, il vient de lui dire je t'aime. )

Le temps s'arrête, mais pas son pouls. Gabie tente de calmer les battements rapides de son cœur, son souffle chaud caressant la nuque de Kristjan. Elle aura besoin d'un peu de temps avant de le lui avouer, mais Gabie l'aime aussi. Bien plus qu'elle ne le devrait. La voix qui raisonne dans sa tête lui est insupportable. C'est la même qui lui souffle l'idée de s'immiscer dans la cabine de douche lorsque son cerveau n'a plus la force de contrôler son cœur. ( Tant qu'il ne s'arrête pas, poupée... )

Voyant que Gabriele ne répond rien en retour, il relève sa tête et regarde la brune, les sourcils froncés ; non pas de colère, mais d'une manière qu'elle n'arrive pas à déchiffrer. Elle espère qu'il n'est pas déçu d'elle. ( Il devrait ma belle, il devrait... ) Pourtant il est juste là, sur le bout de sa langue. Le premier pas qui pourrait changer la vie d'un homme. ( Son homme. Pour l'instant. L'horloge tourne, et seul les aiguilles bougent. Tic, tac. Gabriele ? Tic, tac. Et c'est Eros qui commence lentement à s'impatienter. Tic, tac. )

Kristjan exerce une légère pression sur les phalanges de l'italienne tandis que les prunelles de Gabie sont suspendues à ses lèvres roses comme les jardins de Babylone. C'est de la compréhension, qu'il tente de lui communiquer. Car il sait qu'elle n'a pas encore la force de prononcer à haute voix ces deux mots. Cependant, il ne peut nier le fait qu'il espère qu'elle les prononcera bientôt.

Il est un homme patient, mais il n'a pas non plus envie d'être pris pour un imbécile. ( Maman raconte un tas de choses sur l'Amour, pourquoi ce n'est pas si facile ? ) Kristjan sait, il pense, qu'elle n'est pas là, dans ses bras, pour se moquer de lui, mais toujours est-il qu'il ne restera pas éternellement si ces mots ne franchissent jamais ses lèvres encore rougeâtre de leurs baisers.

⸺ J'attendrais. ( C'est lui-même, qu'il essaie de convaincre ? Moi, je sais que ses paroles ne sont jamais manquées, mais lui ne le sait pas encore. Gabriele non plus. Quel dommage ! Halloween approche. La saison des monstres ; et des bouffons. )

⸺ Tu attendras quoi ?

⸺ Que tu sois prête. À me répondre.

Gabriele savait pertinemment de quoi le brun parlait, mais elle voulait juste s'en assurer. Il commence à faire frais, dans la cabine ; l'eau a arrêté de couler.