Août 2022, Italie. ✷ PAPA ZACCHI.
La famille Zacchi est une famille que l'on pourrait qualifier de Kintsugi. Il faut dire qu'à la base, sa création, les fondations n'étaient pas très solides, alors un effondrement semblait, très peu probablement, inévitable. Mais jusqu'aux dix ans de Gabriele, Papa Zacchi avait réussi à réparer les pots cassés par ses mains imbibées d'un alcool fort, en amenant la petite ici et là tandis que Maman Zacchi cachait la misère qui hantait les murs de cette maison, derrière des cadres en bois et des couches de fond de teint crémeux.
L'Art dissimulait les coups que le mur avait aspiré, et le liquide beige venait épouser les tâches violacées que Papa Zacchi avait peint sur sa toile. ( Pour une fois qu'un mariage fonctionne, il ne manquerait plus que notre Maman Zacchi ose se plaindre ! Ce n'est pas d'elle, que Gabriele a hérité ses doigts maladroits, incapables de décorer le doux visage que sa Maman lui a laissé comme elle le faisait. C'est la honte qui réchauffe son corps. Qui se bat pour garder sa place. Qui caresse l'intérieur de ses tempes. )
Les doigts ténus de Maman réparaient régulièrement, à l'aide de cette jolie technique japonaise qu'elle avait vu sur un blog, les trois vases Zacchi en porcelaine blanche de la maison. ( Et cela, Papa Zacchi ne l'avait pas vu. Il était souvent amblyope à la beauté, à ces ornements dorés que Maman Zacchi appliquait sur leurs fissures. Lui qui mettait autant d'efforts dans ce chaos qu'il répendait, n'avait rien remarqué. Quelle perte de temps... )
Alors ça le fît rire, de voir un tel vase dans ce salon italien qui n'avait aucun charme, aucun sens. Les couleurs de la cuisine ouverte sur la pièce étaient trop sombres, comparées à celles du salon, bien trop claires. Et il ne fallait pas être un génie pour deviner quelle sœur avait décoré quelle pièce. Celle qui s'accrochait à l'autre comme une peluche devait être la plus jeune des deux. Et l'aînée le regardait, presque imperturbable. ( Elle a eut sa période de terreur, qui n'avait pas duré. Ses yeux brûlaient sa peau hâlée, et Papa Zacchi se reconnaissait en eux. )
⸺ Bon les filles, qu'est-ce qu'on fait ?
Un sanglot de Palmira fût la seule et unique réponse à sa question. Leurs mains finiront attachées par des liens semblables à celui qui les unis, dans quelques instants. Un bout de ficelle transparent qui lie les deux sœurs à Gabriele Zacchi. Et Palmira réalise ; c'est sûrement de cette matière que sont faites les flèches de Cupidon. Il a planté ses flèches dans le crâne des italiennes.
⸺ Je vois... Palmira, c'est ça ? ( Il s'adressa à la cadette Di Blasio d'un geste de la tête, ses cheveux châtains protégés par la main de sa sœur. )
La télévision est toujours en route. Une page de publicité s'affiche à l'écran. La musique qui l'accompagne est connue.
⸺ Puis tu dois être Suzana. Où sont Papa et Maman ? Quoi que vous êtes grandes, maintenant. Mais j'suppose qu'ils vous ont abandonnés. Ce c'que j'aurais fais à leur place. J'ai souffert avec une seule, alors deux p'tites morveuses comme vous, c'bien trop.
Palmira est fière de sa sœur quand les paroles de Marc Lavoine animent les pupilles noires de Suzana, ses poings serrés sur ses hanches dénudées. Les rayons du soleil ont bien fait leur job. Des tâches rougeâtres parsèment sa peau, la couleur écarlate rappelant le sang coagulé qui s'apprête à couler de nouveau de ses mains. ( Elle accepte de gâcher sa nouvelle manucure, si c'est pour défendre sa sœur. C'est la seule personne pour qui Suzie ferait tout. )
⸺ Me regarde pas comme ça, toi.
⸺ Sinon quoi ?
⸺ Sinon quoi ? ( Il imite sa voix en la tournant dans les aigus ⸺ malgré la gravité naturelle de sa voix. Peut-être pour cela que Suzie est autant vexée. )
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✷ Smoke Signals.
General FictionBurnin' trash out on the beach. ✷ Football fic. / K. Asllani. ✷ BENEAMATA BABIES #1.