Juin 2022, Italie. ✷ KRISTJAN.
La voix de Dua Lipa résonnait dans le bar milanais, Kristjan écoutant la voix de la chanteuse d'origine albanaise en attendant l'arrivée de sa petite amie ; Gabriele est souvent en retard. C'est le seul défaut qu'elle daigne avouer, car cela mise à part, Gabie est absolument parfaite. ⸺ Ce n'est pas Kris qui va le nier. Ce que Palmira n'hésiterait pas à faire. ( Même si, entre nous, c'est Kris qu'elle considère comme défaillant. )
Les paroles de One Kiss sur les lèvres, le brun regardait un couple assis tout près de lui : une grande blonde tenait la main d'une petite blonde, les deux jeunes femmes riant aux éclats. Celle assise à droite ( ou à gauche, selon la position où l'on se trouve ) regardait l'écran de télévision accroché sur le mur en face d'elle, la rediffusion d'un match de football attirant une partie de son attention, l'autre étant centrée sur sa compagne. Elle portait un maillot bleu, aux couleurs de sa sélection, et grignotait ci et là quelques cacahuètes en expliquant à celle qui semblait se prénommer Claudia que non, ce n'était pas juste un jeu. C'était plus que cela.
Et Kristjan acquiesça silencieusement. L'Italie gagnait d'un but d'avance, ⸺ ce qui est assez rare pour le souligner, ⸺ et il se rappelle encore de ce jour, celui où toute la petite bande avait joyeusement fêté la victoire ( difficile, mais victoire tout de même ! ) de la Nazionale dans le jardin de la famille Di Blasio, où les sœurs avaient grandi. Palmira lui avait dit ce jour là que la maison rustique appartenait autrefois à ses grands-parents décédés. Suzana avait utilisé l'argent qu'elle avait mis de côté pour pouvoir l'acquérir, ses propres parents ne souhaitant pas la garder. Faut dire qu'ils ne sont pas vraiment en bon terme, la faute aux frasques adolescentes de Suzie ; qui ne le regrette pas le moins du monde, c'est cette dernière ( en personne ! ) qui le lui a dit, lorsqu'ils étaient tout deux assis sur le sofa en cuir du salon, Mira dansant gaiement devant eux.
À l'époque, Kristjan n'allait pas très bien et cette journée lui avait donné du baume au cœur. Il sentait encore ce poids dans sa poitrine qui revient parfois, quand il pense à son père. Et parfois il pense à celui de Gabie, cela empire les choses. Puis il pense à lui, Giuseppe, le père de Raoul qui est un peu devenu le sien. Et ça va mieux ; le temps d'un instant, assis à table chez les Bellanova, la vie semble agréable. Il a l'impression de faire partie d'une famille, et ça lui manque. De ne plus avoir cette impression. De s'être pris la tête avec Henrik pour des histoires bidons. Belina doit être déçue de ses deux fils ; surtout celui qui attend la femme de sa vie dans un bar miteux.
⸺ Je peux vous servir quelque chose, monsieur ?
Le serveur le sort de ses pensées. Son plateau en bois est recouvert de doux cocktails, ceux à la couleur orange dont Gabriele raffole ; et dont il oublie toujours le nom. Une table accueillant pas moins de huit personnes regardent dans sa direction, sûrement attirés par leurs verres. Un des hommes porte un pull en laine que Kristjan a déjà vu ; son frère Henrik a ( avait ? ) le même.
⸺ Ouais. Hum... deux cocktails. Ceux que vous avez là, ça sera très bien. Sur votre plateau. Oranges. Ceux là. ( Oui, Kristjan plonge dans un trou sans fin ; celui du malaise. Et il insiste, le type. )
⸺ Deux ?
⸺ J'ai soif.
Le blond dévisagea Kristjan de haut en bas. Le clic-clic de son stylo était agaçant, mais pas autant que son expression hautaine. On peut même plus rire dans cette ville ? Peut-être que Kristjan l'a quitté durant trop longtemps. Peut-être n'y trouvera t'il plus sa place. Peut-être que c'est trop tard. Peut-être qu'il a tout gâché. Et peut-être que, peut-être que, peut-être que... ( Les regrets passent en boucle dans sa tête ; une musique de fond. )
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✷ Smoke Signals.
Narrativa generaleBurnin' trash out on the beach. ✷ Football fic. / K. Asllani. ✷ BENEAMATA BABIES #1.