Chapitre 6

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Douce mer, belle mer.

Un voyage à sens unique avec elle.

Mais un voyage à sens unique n'est pas un voyage, car quand on voyage, on rentre toujours à la maison au final.

Un voyage à allée simple n'est pas un voyage.

C'est une issue de secours.

Doux voyage sans retour.
Beau voyage sans retour.

Je n'ai sûrement pas bien regardé le billet en question, voulant juste fuir le plus rapidement possible.

Maintenant que j'ai le temps, je me demande si c'était la bonne décision à prendre.
Le temps ne me manque plus et je ne sais pas combien de temps d'ailleurs que Baptiste et moi sommes planté là à rien foutre, chacun son verre en main.

Je n'arrive pas à croire qu'on ait réussi à se croiser avant même que cette journée se finisse...
En même temps, cette ville est aussi grande qu'un trou à rat, on n'aurait pas pu ne pas se croiser à un moment ou à un autre.

Mais ce moment est arrivé plus tôt que je ne l'avais prévue. J'ai sincèrement cru qu'il allait essayer de m'éviter, mais au contraire, c'est lui qui a fait le premier pas. Il n'a pas changé non. Il a toujours su être plus mature.

Les mouvements des vagues agressent le sable par terre, il ne fait pas très beau, le ciel c'est assombri avec le temps, les courants d'air se font plus souvent présent et le ciel menace de pleurer.

Baptiste, après m'avoir passé mon verre, reprit sa position en me prenant dans ses bras comme plus tôt. De loin, on aurait sûrement dit un vieux couple mélancolique.

Quoi que ce n'est pas totalement faux...

Personnellement, je dirais plutôt un vieux duo mélancolique.

J'étais déjà fatigué, mais avec la lean en plus qui coule dans mon sang, je sens que je vais m'endormir.
Mes paupières s'alourdissent, tirées vers là-bas par la fatigue et la tristesse.

Et malgré mes sentiments et cet horizon monotone, je me sens coloré, apaiser dans les bras de mon reuf.

J'ai toujours essayé de faire de mon mieux pour aider mes proches et ma famille. Et je ne sais pas quand j'ai bien pu foirer pour en arriver là. Comment j'ai pu me dire que partir serais la solution.

Quand j'étais petit, mon seul désir était qu'en grandissant, je devienne mature et que je sois juste... Un homme. Une bonne personne.

Mais je pense que j'ai bien foiré.

Assis à côté de moi, Baptiste fouille dans sa poche pour en sortir ses écouteurs et son téléphone ce qui me sort en même temps de mes pensées.

Je ne regarde pas vraiment ce qu'il fait, je prête plutôt attention à ses gestes. Comment il bouge, comment il respire, s'il tremble. Mais rien. Il n'y a aucun signe qui montre qu'il est nerveux ou quoi.

C'est de cette façon que je me rappelle qu'ici, les jours sont joyeux et les nuits tristes. Ici, dès que le soleil se réfugie derrière les nuages, les gens se retrouvent seules avec leurs sentiments les plus profonds. Tellement prodond que c'est fatiguant.

Baptiste me passe l'un de ses écouteurs que je prends non sans appréhension, puis il commence à jouer avec mes cheveux.

Ses mains sont froides, ses gestes délicat et affectueux, donc je ne repousse pas son contacte. Au contraire, celui-ci me rassure. Il est rarement comme ça, mais quand il montre son affection de cette manière, c'est un cadeau du ciel.

La musique qu'il a mit doit dater d'il y a 6 ans environ vu les souvenirs lointains qu'elle me rappelle, datant de mon adolescence.

Cette musique qui n'a jamais percé alors qu'elle méritait clairement plus que ça.

Drogue Nostalgique. [Lockzie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant