Chapitre 15

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Le bruit du briquet qui crack à nombreuses reprises et le silence pesant de ma mère qui regarde le tout d'un mauvais œil. Elle a beau inspiré et expiré pour essayer de garder son calme, je la vois commencer à craquer, brûlant à l'intérieur d'une colère qu'elle garde depuis trop longtemps maintenant. Elle finit donc par hurler sur mon père qui profite qu'elle soit aveugler par sa propre colère pour tirer une grosse latte devant ses yeux.

Elle se pleins, encore. Ça sert plus à rien, mais elle est dans le déni. Elle fait tout à la maison et c'est elle qui ramène la tune. Lui, il ne fait rien. Il sert à rien. Squatteur de merde, il ne peut même pas ramener de l'amour propre dans cette maison de haine. Juste des salopes qu'il paye pour baiser. Tous les lendemains sont des hiers.

Même outfit, même regard, même langage haineux, même rire narcissique, hypocrite, mêmes embrouilles et reproche en boucle jour après jour.

Et puis quand ma génitrice voit que ce grand enfant au grand ego qui lui sert de mec ne répond pas, elle vire sa colère vers moi, le «petit enfant fragile».

Ça fait maintenant 30 minutes qu'elle parle toute seule dans la cuisine à répéter les même reproche, les mêmes insultes bidons.

- Je fais tout ici. Putain, vous servez à rien, autant vous pendre ça serait deux personnes de moins qui squatte cette maison. J'ai l'impression d'élever seul ce putain de gosse, arrêtes de fumer et fait quelque chose ! T'es inutile. J'ai l'impression d'être seule ici. PUTAIN DE SEULE.

Mon daron hausse un sourcil face à son téléphone qui affiche les résultats du dernier match de foot.

- Et ce gosse. Putain, un incapable. Si au moins il avait un avenir, on en aurait parlé, hein ! Mais il n'a AUCUN avenir. Il fou jamais rien, toujours à traîner dans la rue comme un sdf. On dirait qu'il a pas de maison. Pourquoi je paye le loyer, hein?! On sait pas ce qu'il fait, car il n'y a rien à faire, mais il y va quand même ! Il trouve que rester dans la pisse et la merde, c'est mieux qu'en sortir !

Je ne comprends pas. Elle est plus en colère quand je traîne dehors que le jour où j'ai ramené les keufs ici.

Je fixe mon père pour attirer son attention, ce qu'il fait après un long moment. Je lui représente discrètement le nombre dix avec mes mains puis six. Mon père me regarde un instant dans une hésitation que lui comme moi savons inutile. Son attention alterne entre moi et ma mère avant de se poser définitivement sur moi. Il me lance son paquet de clopes avant de se lever, me donner dix dollars, et aller dans sa chambre.

Il ne vaut pas que je dis à maman les raisons du pourquoi il ne la baise plus, donc il paye mon silence. Sauf qu'il est totalement fauché. Alors c'est en paquets de clopes et en billet vert et rouge qu'il me paye. Je me redresse sur le canapé du salon et prends mon téléphone dans ma chambre avant de prendre mes pompes et mon sac pour sortir.

- Je sors.

Je cours dehors pour ne pas que ma mère ne m'intercepte dans ma lancer. Je l'entends quand même me crier de revenir du balcon rouillé de notre appartement, mais hors de question que je l'écoute.

Mon souffle accompagne celui du vent qui caresse la ville timidement. J'attends Lucas devant son bâtiment. J'attends encore et encore jusqu'à ce que sa petite silhouette se dessine sous la lumière des lampadaires.

- Pardon, j'suis encore en retard...

- Ça ne change pas. Pourquoi t'es en retard cette fois ?

- Ma mère m'a fait un interrogatoire sûr où j'allais.

- T'as dit quoi ?

- J'ai dit que tu serais là, ça lui a suffi.

Lucas rigole de la confiance que sa mère a en moi alors que j'en suis plus que mal à l'aise. Je ne mérite pas du tout cette confiance, j'en suis conscient et ça fait trembler mes nerfs. J'ai peur de décevoir ceux qui ont réellement confiance en moi.

- On y va, Bapt' ?

- Ouais, on va où ?

Le blond face à moi rigole et me prend par les épaules, sûrement pour me rassurer. Mais ça ne fait que me tendre encore plus. Je n'aime pas le contact physique, et Lucas aime montrer son affection par des contacts physiques. Je ne peux pas le blâmer, ça fait de lui ce qu'il est. Mais je ne peux m'empêcher de ne pas être à l'aise quand en me touche.

- Tu me fais confiance ?

- Mon cœur me dit oui, mon instinct de survie me hurle non.

- Suis ce que ton cœur te chuchote de faire, suivre ses sentiments, c'est mieux que de suivre sa raison à mon avis.

- Mouais.

Je lui rends son sourire timidement. J'ai peur de le brusquer. Avec Lucas, vos mieux êtres doux parfois. Ce jour est l'un de ceux dont j'ai tellement peur de perdre mes proches, de le perdre lui, que je préfère ne pas m'imposer. Je préfère admirer, profiter de ce que j'ai avant que ça ne parte en vrille. Alors qu'en général, je m'impose souvent et c'est ça que la plupart des gens aiment chez moi.

- Aller, on y va.

C'est alors dans le seul bar actuel de la ville qu'on se dirige. Je reste un instant derrière la porte et fait à Lucas un signe pour qu'il se taise et s'arrête derrière moi.

- C'est pas normal Lucas. Il y a aucun bruit. D'habitude, il y a toujours une musique d'ambiance en fond...

- Tu fais trop d'histoire, ouvres la porte. La connexion doit encore être dead.

- Non mais...

- Ouvre, j'm'emmerde à attendre que t'ouvres une porte que t'ose même pas toucher. Y a pas Arif qui a pissé dessus cette fois que je sache.

Ah oui. La fois ou Arif, trop bourrer, avait pisser sur la poignée de la porte et que je n'étais pas au courant... J'en ai encore des frissons de dégoût.

- Fragile.

- Imprudent, t'es le premier à te faire tuer dans un film d'horreur. T'es la petite pute blonde que tout le monde déteste même si elle est bonne car elle est conne.

- OUVRE LA PORTE.

J'ouvre donc la porte dans un fracas qui montre mon mécontentement et l'empressement dans lequel Lucas m'a mis. Sauf que quand je vois toutes les personnes avec qui j'ai sympathisé au cours de l'année, un grand coup de pression se pose sur mes épaules.


Je me rends compte que ça ne marchera pas. Comment agir normalement avec tout le monde si ''normalement'' dépend de la personne avec qui je suis. Je vois le groupe de renois dans un coin, lui de reubeux de l'autre. Celui où ils sont 30 dans le même groupe, mais que personne ne connaît personne. Les 3 meilleurs amis qui me considèrent comme leur 4e meilleur ami. Le groupe des lgbtq inconnue. Les alcooliques anonymes. Les puristes. Les rebelles. Les intellos. Les plus vieux. Les plus jeunes.

Je les connais tous. Du moins, il ne faudrait pas qu'ils me demandent leurs noms, car j'en sais foutrement rien. Ils connaissent sûrement tout le mien, mais je ne me rappelle d'aucuns d'entre eux. Comment les différencier ? Ils se ressemblent tous.

Ça me souhaite une bonne fête et ça me tckek de l'épaule pour mieux me planter dans le dos.

Cet anniversaire est vraiment éclaté. J'essaye plus de mettre les gens à l'aise qu'ils ne me mettent à l'aise pas.

***

Devant ma coupe de whisky pomme, je stagne. Boire et faire plaisir à tout le monde ou fuir et prendre la route de la mer pour me faire plaisir ?

C'est mon anniversaire, je devrais en avoir le droit.

Les regards sont braqués sur moi. Le mien sur la boisson devant moi. Quand je relève la tête, les gens commencent à s'impatienter et j'aperçois entre tous les visages brouiller, le sourire narquois du débile blond que j'aime tant. Il bouscule certaines personnes sans se retourner pour s'excuser et cour vers la sortie en me criant de le suivre. Je ne réfléchis pas avant d'abandonner tous les autres qui me crient de revenir et se demande qu'est ce que je fou. Je regrette déjà. Quand on retournera en cour, je vais devoir des explications à tout le monde, mais pour le moment, j'en ai rien à foutre. On verra ça plus tard.

Je me retourne dans ma course et vois au loin Arif et Corentin qui marchent doucement plus loin.

Je cours après Lucas qui esquive les rares personnes sur son chemin, les panneaux et potos d'électricité. Je n'ai aucune idée d'où on va, encore. Seulement, j'ai confiance en lui. Je sais qu'il ne fait jamais rien sans y penser pendant 5 jours.

Il s'arrête finalement, essouffler par cette course et me regarde avec ses yeux si clair qui ne cesse de briller de bonheur.

- Monte dans la voiture.

Dans celle-ci, je vois Florent, fumer avec son téléphone en main. Je rentre dans sa vielle caisse et le tchek. Il me sourit chaleureusement et démarre avec une playlist de son téléphone qu'il ne se gêne pas à mettre à fond.

Les deux frères rigolent et se taquinent pendant que je les regarde faire, me sentant enfin à ma place entre les rires sincère de mes vrais amis et l'attention que l'un porte pour l'autre. Et pourtant, une partie de moi reste stresser, nerveuse. Ou on va en fait ?

- Lucas, on va où?

- J'ai un cadeau pour toi. Je l'ai trouvé y a quelques jours dans les champs.

- On arrive dans pas long t'inquiète.

Je hoche la tête et regarde par la vitre pour observer. Lucas s'est mit à chanter suivie par Florent et je me join à la partie. Le temps passe vite, on arrive après 10 minutes à l'endroit. Lucas sort en premier de la voiture et Florent m'indique qu'il reste ici le temps qu'on finisse.

- Baptiste! Dépêche toi!

- J'arrive, oh !

Je le suis sur le sentier où il avance d'un pas certains pour finalement trouver une cabane un bois au milieu de nulle part, bien cacher au monde entier, derrière une colline.

- C'est quoi ça. Putain, tu veux me faire une reconstitution d'un film d'horreur ? Je rigolais quand j'ai dit que tu devais être le premier à mourir dans un film d'horreur!

- Non, non, c'est safe frère, rentre.

Je rentre doucement dand le grincement du bois sous mes pieds, perdu à la vu de l'intérieur.

Cette vielle maison abandonnée.

Ce cabanon ou il n'y a qu'un canapé et une table base. Ça ne doit surement pas faire plus que 10m carré.

Les murs dont sombres.

Le bois à l'intérieur poussiéreux, à l'extérieur moisie.

Personne au premier abord parfaite.

Personne au fond répugnante.

La maison remplie d'amour que j'ai rêvé, celui que mes frères pourront partagé avec moi. Je n'aurais pas demandé mieux comme cadeaux. Une vraie maison.

- Joyeux anniversaire, j't'aime mon reuf, j'espère que t'aimes.

- C'est parfait, mec.

Corentin et Arif arrivent à leur tour et je les prends dans mes bras. Lucas me passe comme la tradition le veut, ma boisson que je dois boire one shot ce que je fais sans réfléchir.

Comme je l'avais dit, c'était parfait.

Je suis resté sous ce toit plus souvent que sous celui de mes parents, dans l'amour d'un entourage que j'avais rêvé depuis des années. Dans le goût d'une boisson violacée.

-À suivre-

Drogue Nostalgique. [Lockzie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant