Chapitre 8

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Sur le toit du bâtiment où mon frère vit maintenant, clope en bouche une odeur forte odeur de nicotine s'en dégage, ce qui me rassure.

La fumée de cette cigarette est la seule chose réelle à mes yeux ici. La seule chose qui me rapproche de leur réalité.

Je la regarde donc se mélanger aux rayons du soleil qui percent les nuages noirs de ce début de journée.

Mon téléphone en mode avion, je n'ai envie de parler à personne. Envie de ne parler à qui que ce soit sauf si cette personne s'appelle Baptiste.

Je me sens seul ici, seulement entourer de la chaleur que me procure le briquet entre mes mains que je ne cesse d'allumer et d'éteindre sans raison.

Je n'ai pas réussi à dormir. Je n'y arriverais plus jamais, j'ai l'impression.

Les nuits noires sont toujours blanches, les mêmes insomnies nostalgiques qu'à Paris.

Les mêmes rêves en boucles qui me hante, celle de cette vie morte, celles qui me torturent l'esprit tous les soirs.

Et j'ai beau passer mes nuits à la recherche de solutions, je ne trouve que toujours plus de questions.

Moi qui avais cru avoir trouvé la solution miracle pour arrêter cet enfer pourtant.

Je ne comprends plus ce qui ne va pas, j'ai pourtant fait ce qui devait être la solution à mon problème. J'ai fait ce que je devais faire depuis un moment déjà. J'ai abandonné Paris pour revenir ici. Ville morte.

C'était la seule chose qu'il y avait à faire de toute manière. Pourtant, je ne pense plus que ce soit la réponse à mes problèmes maintenant que je suis revenue.

Car rien n'a changé sauf ce sentiment mélancolique qui m'étouffe dès que je croise du regard le moindre bâtiment qui me rappelle mon enfance.
La moindre personne que j'ai connue plus tôt dans ma vie.
La moindre odeur d'humidité de moquette quand je marche dans ce vieil immeuble.
Le moindre bruit de la mer.
Tout me ramène à ce moment de ma vie couronner par le boneur. Cette période qui est maintenant révolue.

Et si tout ça n'était qu'un rêve ? Que je me réveillerai dans quelques heures dans la peau de l'adolescent con et naïf que j'étais ?
Je pleurerais sûrement de soulagement à mon réveil avec le traumatisme que créerait ce rêve à mon égard.

Ce cauchemar, pourtant, est éternel et je sais que je ne me réveillerais jamais.

J'aimerais faire passer le temps comme bon me semble, pour que dans 2 minutes, je me retrouve à 80 ans et que je puisse mourir plus vite.

Mais ici, le temps est comme sur pause. Tout est si long qu'on prend même conscience des millisecondes après les secondes.

Mon regard ne cesse de faire des allers-retours entre ma montre et les vagues silhouettes des passants en bas qui me disent toute quelque chose.
Certaines attirent plus l'attention que d'autre.

Certaines plus imposante, plus assurer dans un monde insécuritaire.


Les voix toujours plus fortes en bas dans la rue, je sens le souffle de leurs mots sur moi.

Leurs sourires toujours plus malsains. Leurs gestes toujours plus violent, les deux gars que j'observe en particulier ne cesse de se bousculer et de cracher leur venin l'un sur l'autre.

Il y aura toujours de la haine ici, je ne peux pas changer ça car ça ne changera jamais. Donc pourquoi irais-je les séparer ?


Essayer de rependre la paix quand il est trop tard, ça ne servira à rien.

Il est trop tard.

Il faudrait faire de ce récit de la fin des temps qu'est la vie, un récit de régénération.

Drogue Nostalgique. [Lockzie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant