Le soleil du monde vient doucement illuminer les bouteilles d'alcool et les cigarettes éparpillées partout dans l'appartement de mon frère. La boîte de conserve qui sert de cendrier au bord du canapé qui est, entre autres, le lit de Florent, est plus que remplie, débordant par terre. Il ne la vide donc jamais ?
Ça sent fort. Un mélange d'odeurs. Celui d'un lendemain de soirée. Seule ma chambre et la salle de bain ont été épargnées par cette fête que Florent à organiser avec lui-même à ce que je constate.
Baptiste est parti, il y a un moment, à peine une heure. Je n'osais pas rentrer sur le coup, voulant encore profiter de son odeur dans l'air et de sa pseudo-présence que je pouvais encore sentir.
Je suis épuisé, la lean fait toujours effet et je n'ai pas fermé l'œil de la nuit juste pour parler à Baptiste. C'était tout sauf désagréable, étonnamment. Je m'attendais à ce qu'il me fasse des reproches toute la soirée ou je ne sais quelle connerie pour me mettre dans le mal et me faire comprendre que je suis qu'une sombre merde. Cependant, il n'a rien fait de tout ça.
Il y a seulement la rencontre avec Corentin qui m'a mis mal à l'aise pendant un moment, mais sinon, c'était une belle nuit. Je me suis jamais sentie si bien après avoir parlé avec Baptiste. Comme s'il prenait avec lui les problèmes pesants sur mes épaules.Mais quand il est parti, je ne peux pas le nier, je me suis senti re-sombrer dans mes pensées un peu plus à chaque minute qui passait sans lui.
Je peux me passer de lui quand même hein, je ne vais pas mourir s'il n'est pas à mes côté 24h sur 24h, mais il m'aide à oublier un peu ma vie, et j'aime parler avec lui. Donc je me sens vraiment moins seul quand il est là.
J'ai pu dormir dans mon lit jusqu'à que l'heure de rien faire arrive. Je me suis levé, enjambant les quelques habits par terre que je m'étais promis de ranger il y a 3 jours et viens retrouver Florent sur le canapé. Il fixe le vide. Aucune idée s'il y a vraiment 10 000 pensées dans sa tête qu'il essaye de calmer ou au contraire, s'il ne se passe strictement rien dans sa tête. Dans les deux cas, ça pue la déprime avec celle de l'alcool de la veille.
- Yo.
- Salut.
Gros blanc, mais celui-ci n'est pas malaisant. Apaisant. Mais étonnamment, c'est Florent qui parle en premier.
- Hey Lucas, je peux te raconter une histoire ?
Ses yeux se couvrent d'un voile d'eau qui ne daigne toujours pas couler sur les courbes de son visage.
- Oui, bien sûr.
Je sais qu'il a besoin de parler, et que si je le laisse en plan, il ne reparlera sûrement plus jamais, emmenant toutes les paroles qu'il prévoit me dire maintenant dans sa tombe. Il respire un bon coup avant de se lancer dans son récit.
- Je...
Manquant d'air, il reprend son souffle et cligne plusieurs fois des yeux, fesant couler l'eau bloquée au départ dans ses yeux avant de faire passer sa nervosité de sa jambe qui tremble à son rire.
- Oh, gars, les souvenirs...
Il continue de rire. Je n'ose pas lui faire de remarque ni le toucher, lui laissant le temps d'aligné les mots qu'il cherche et qu'il fini par trouver.
- Quand t'es partie, j'ai dû rester seul. Seul Lucas, tu ne peux pas savoir comment c'est dur psychologiquement quand tu n'entend plus que le bruit des pleurs du voisin, celui des hurlements de douleur de la voisine étouffer par les murs et les rires que je ne pourrais plus jamais entendre. Tu ne sais pas Lucas, mais lui, il m'a aidé. Il a été celui qui m'a fait vivre des illusions que j'ai pris pour la réalité.
- Lui.
- Ce bâtard shooté h24 et dont personne ne sait comment il peut payer le loyer vu comment il est endetté.
- Louis ?
Son regard s'assombrit, des larmes perlent aux coins de ses yeux qui brillent comme de vielles étoiles. La mention du nom de celui qu'il décrie comme son sauveur semble lui détruire le reste de ses sentiments encore trop fragile. Il reste un instant dans cette bulle métallique, sa carapace, le temps de réfléchir à quoi dire sur lui. Je ne peux m'empêcher de le trouver incroyablement serein pour quelqu'un qui semble si triste. Je suis sûr que si je détourne le regard, il commencera à pleurer et à trembler. Je sens qu'il va craquer. Mais son regard s'adoucit en un instant, et un triste sourire vient se rajouter à cette œuvre déchirante qu'est son visage mouillé des quelques larmes qui ont coulé en silence.
- Il me manque tellement. Vieux bâtard alcoolique. J'ai cru que j'aurais pu le sauver, vraiment. J'y ai sincèrement cru. Je voulais le sauver. Le sauver de ces addictions et de sa peine toujours plus grande alors qu'il consolait la mienne. Et j'ai échoué, trop faible encore pour pouvoir l'aider. Supporter le poids de tant de problèmes. Comment j'aurais pu l'aider quand je ne peux pas m'aider moi-même? Je savais qu'on finirait comme ça, par se cracher à la gueule et se reprocher des faits qu'on sait justifiés. On est tombé tous les deux au final, c'est vrai. Moi, après cette chute infini dans ce puits avec fond, je me suis retrouvé à couler encore plus loin dans les abysses de l'océan. Et lui... Je ne sais plus ce qu'il devient, et ça m'effraie.
Je passe ma main dans son dos pour un semblant d'attention. Je ne sais pas si ça l'aide, mais personnellement, son contact me rassure. Il ne s'envolera pas pour le moment. Mon grand frère. Les larmes coulent de plus en plus sur son visage et je sens sa respiration auparavant calme devenir irrégulière par les sanglots qui le prennent en otage.
- et j'ai essayé de l'aider, de lui tendre la main. Il a refusé de la prendre. Mais bon, il n'y avait rien d'autre à faire de plus je suppose.
- Non, Florant, il n'y a plus rien à faire...
- Tant que je suis vivant et que j'agis comme si je ne l'étais pas en ne parlant à personne et en faisant joli dans le décor, tout ira bien pour tout le monde. Tout ira bien. N'est ce pas Lucas ?
Je fais non de la tête, incapable de répondre après son discours qui me noua le ventre et la gorge. Je lui souris quand même, espérant qu'il se rende compte qu'il compte vraiment pour moi et qu'il comprenne qu'il n'est pas qu'un personnage secondaire. Je sais qu'il est souvent seul, et maintenant, j'essaierais de toujours être là pour lui. Je veux le revoir sourire comme avant oui. Car le voir comme ça est pire qu'un coup de couteau dans la gorge.
Car le voir comme ça, pleurant près de moi, me tue à petites entailles.
- Et je pleure encore. Comme tous les jours. Pour rien du tout. Toujours aussi seul. Mais ça s'arrangera. Je le sais. C'est comme un deuil hein ? On pleure 1 an et on s'en remet. On s'en remet ?
Je ne me suis jamais remis de la mort de personne venant de mon cercle d'amis. Mais je ne veux pas écraser ses faibles espoirs par la réalité écrasante de notre monde.
- Oui. Ouais, tout s'arrangera Flo'. Mais pour autant, ce n'est pas en restant assied seul avec les voix rabaissants de ton esprit que tu iras mieux.
- Et que dois-je donc faire ?
Son regard larmoyant me brise le cœur un peu plus. Je l'attire contre moi et il vient poser sa tête sur mes cuisses. Je sens ma peau se mouiller de ses larmes, ses sanglots se calmant doucement quand morphée le prend à son tour dans ses bras. Voyageant peut-être dans un meilleur monde.
Je continue de caresser ses cheveux jusqu'à ce que la mer dans ses yeux arrête de couler sur le sable et je le regarde un instant, sachant que dans quelques heures, la pluie recommencera à tomber.
Mais ce qui préoccupe le plus mon esprit, ce sont les mots de Louis qui repasse depuis que Florent m'a parlé de lui. Quelques mots, une phrase, qui repasse en boucle comme une vielle musique et dont je ne sais pas agir face à elle.
- Fait en sorte que Florent revienne.
-À suivre-
VOUS LISEZ
Drogue Nostalgique. [Lockzie]
Fanfiction! Cette fanfic sera un jour complétée ! - Boire jusqu'à ne plus voir Boire jusqu'à croire Voir les couleurs Croire au bonheur De la vie. Sprite, glaçons, sirop de codéine, dangereuse drogue addictive mais nostalgique de cette époque où on buvait jus...