Chapitre 11

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Dans une aube dorée, border par le large, mon cœur brûle encore à chaque fois que je ressens son contact et sa présence.

Et il finit en cendre quand je me rappelle que dans un sens, tout est fini.

C'est le début de la fin effectivement, mais le fait qu'il ne le sait pas, lui, me laisse un mince espoir que je sais inutile.

Mince espoir que je m'apprête à détruire, je le sais. Mes actes auront de grandes conséquences, j'en suis plus que conscient. Mais je ne peux plus me regarder dans le reflet de la mer, n'y dans ses yeux remplis de vagues.

Je divague en me rappelant du plan qu'on a mis en place Louis et moi.

Putain, je ne cesse de penser à Lucas alors que ma seule envie est de l'oublier. J'étais bien partie pourtant. Il m'a abandonné, je l'ai laissé, j'ai regretté, j'ai respiré, j'ai laissé passer.

Mais comme toujours, ce gamin égoïste ne pense qu'à sa gueule et n'en fait qu'à sa tête. Ils n'auraient pas dû revenir, ça aurait été mieux pour tout le monde le connaissant.

Mes mains deviennent moites à chaque minute qui passe...

Lucas devrait arriver dans pas longtemps. Je n'invite jamais personne, il le sait. Il va sûrement se poser des questions et il a raison de le faire. Je suis le dernier à proposer aux autres des soirées ou des rendez-vous (Non, je n'ai pas proposé à Lucas un rendez-vous.) sauf quand la situation est urgente ou que je veux décrocher la mâchoire de la personne que j'appelle.

Je l'ai appelé et lui ai proposé une sortie (pas un rendez-vous) après avoir demandé à toutes le population de ce vieux quartier son numéro. J'ai fini par l'avoir après deux jours de recherche. J'ai vaguement revu Lucas durant ces deux jours.

Il est venu boire au bar une nouvelle fois, mais j'ai préféré envoyer mon gars-sur pour le servir et prendre ma place le temps qu'il parte.

Le deuxième jour, c'était sur le bord de la mer, sur le banc du premier jour, la ou les larmes ont plus coulé que la pluie.
Combien de larmes ont mouillé le sol sableux du bord d'eau? Combien de larmes salé ont accompagné les vagues de la mer dans leur voyage?

Plus de larmes humaine que de larmes venant du ciel, ça, c'est sûr.
Aujourd'hui, le ciel pleure pour rattraper son retard, j'ai l'impression. Un peu comme moi hier, celui-ci pleure de façon timide.

De manière invisible. Une douce brume timide. J'aurais dû attendre qu'il fasse beau pour inviter Lucas, mais je voulais le voir.

Aujourd'hui pas demain, maintenant pas plus tard. J'avais envie de penser à ma gueule cette fois. Et mon égoïsme a été servi quand il a accepté de venir me voir.

J'ai attendue presque 2 secondes avant de le voir arriver au loin. Je ne le savais pas si ponctuel.

- Yo Bapt'.

- Salut, t'es pas en retard cette fois ?

- J'ai appris à gérer mon temps hein ! Je suis pas quelqu'un qui aime faire patienter pendant des heures les gens que je dois voir où servir par exemple.

Il fait sûrement allusion à la première fois où on s'est retrouvé. Quand j'ai attendu au moins une heure avant de le rejoindre et de lui servir sa boisson. J'ai un faible rire à ce souvenir, je serais incapable pour autant d'assumer cette réaction bizarrement.

- Et sinon... Pourquoi tu m'invites ? C'est trop gentleman pour toi ça, non ?

Il me sourit de ce sourire presque enfantin qui me manque toujours.

- J'ai appris à être un gentleman avec le temps.

Je lui rends presque poliment son sourire et me dirige vers le resto que j'avais choisi au départ pour parler calmement avec lui. Je sens sa présence rassurante derrière moi, comme s'il couvrait mes arrières.

- Euh, Baptiste... Tu sais, non. Euh, je sais que ce n'est pas ton genre d'inviter quelqu'un comme ça. Et j'aimerais savoir si c'est vraiment important. Ça me rend nerveux de ne pas savoir ce que tu veux au fond.

Je me retourne un peu pour avoir un aperçu de sa position. Je vois vaguement son visage fixer intensément mon dos, comme si celui-ci aller lui donner les réponses à ses questions. Ses doigts tapent rapidement et régulièrement sur sa cuisse. Je me retourne pour regarder devant moi et réfléchir à une excuse. Je ne veux pas qu'il voie mon air réfléchi à cette question pourtant facile à répondre. C'est un choix de réponses le bail.

A) Je voulais juste rester avec toi, ça fait longtemps. (la réponse bien canard.)

B) En vrai, c'est juste pour te mettre en confiance et après, te planter direct. (Je vais me faire frapper et le plan de base tombera à l'eau si je dis ça.)

C) Car en fait, lulu, je te kiff en c'est un rencard que je fais là. (Jamais je dis ça. Plutôt mourir.)

D) Sourire naïvement et lui demander de me faire confiance. (la réponse la plus adéquate dans cette situation).

Mais bon, à croire que je n'ai pas révisé une seule fiche de cet examen improviser, je lui ai sorti la pire réponse. Du moins, celle que j'aurais réservée à une meuf que j'aimerais baiser.

- J'ai plus le droit de te voir comme avant ? Tu me manquais, igo. Je voulais juste rester à tes côtés avant que tu ne disparaisses comme la dernière fois.

Réponse bien canard, je le sais, mais avec au moins cette phrase qui lui rappelle sa connerie qui a tout déclenché. On n'en serait pas là s'il avait pensé aux autres pour une fois.

- Ouais, comme avant...

Le silence est de marbre après cette phrase. On est tous les deux bloqué sur le passé, ça se voit, s'écoute et se sent à ce stade.

Sur la rue qui devait nous ramener au resto que j'avais choisi, je ne peux pas m'empêcher de regretter le choix de celui-ci. Ça me semble trop formel comme premier contact. Trop sérieux.

Je me tourne vers Lucas, toujours silencieux et les yeux fixer sur moi.

Je me sens un peu coupable de le laisser stresser comme ça, cette sortie est juste cringe à ce stade. Rien n'est naturel là, c'est flagrant qu'on se force à être là.

Je prends donc la décision totalement irrationnelle d'oublié notre passé en commun le temps d'une nuit et de l'attirer à côté de moi en empoignant la manche de sa veste. Il aurait presque l'air d'avoir été violé vu sa réaction avant de me rendre mon sourire.

- Tu ne parles pas trop Squeez' , c'est nouveau ça.

- Ne m'appelle pas comme ça, c'est dégueulasse comme nom...

- Ok, ok, Lulu, qu'est ce que t'as ? D'habitude, tu lances les conversations en premier, non ?

- Ouais, ouais, je sais juste pas quoi dire, c'est tout.

- Parle de toi.

Il me regarder, presque offusqué ou offenser. Je ne sais pas déchiffrer exactement ses réactions maintenant.

- Il s'est passé quoi depuis ?

Son silence en dit long sur la question et il finit par répondre avec une question.

- On va où plutôt ?

- Nulle part. Comme toujours, ou veut tu qu'on aille ?

Il réfléchit et baisse la tête, évitant mon regard insistant.

- Je sais pas. T'avais l'air de savoir et d'avoir prévu ou on va avant de faire demi-tour.

Je hoche la tête à la positive pour lui indiquer qu'il a raison.

Je m'arrête face au dépanneur ou travail parfois Corentin. Je fais signe à Lucas de me suivre à l'intérieur.

Autant rendre visite à ce gars que rien faire, mais j'ai plus de chance de tomber sur son fantôme que lui-même. Il passe plus de temps dans l'arrière-boutique à rien foutre qu'au comptoir. Il ne faut pas avoir 200 QI pour savoir que c'est facile de le voler.

Mais les gars d'ici savent que vos mieux ne pas le voler, il a cherché un gars qui lui avait volé une barre de chocolat pendant 1 mois avant de le trouver et de lui faire payer trois fois le prix.

- Coco, t'es là ?

- J'arrive, j'arrive.

Il sort de l'arrière-boutique et s'arrête dans son élan quand il aperçoit le châtain derrière moi.

- Oh, salut Lucas.

Son ton est froid. Mais si on l'écoute une deuxième fois, on entend la timidité et le doute qui la fait un peu vriller. Lucas répond de la même manière, laissant un blanc presque malaisant s'il n'était pas plutôt lourd. Le regard que Corentin m'adresse en dit long. Il m'en veut d'avoir ramener Lucas alors qu'il ne voulait pas le voir

- T'as besoin d'un truc du coup Baptiste ?

- Sirop, Sprite et ça sera tout.

- Sirop ?

Il me regarde de haut en bas avec dégoût avant de regarder Lucas cette fois.

- Poucave?

- Non, c'est pour lui, il ne dira rien frère, tu veux qu'il dise quoi?

- J'te le fais à 2 fois le prix en pharmacie.

- Ah ouais, combien du coup ?

- Laisse faire, j'te donne à 35.

- Putain, t'es sérieux ?

- j'suis grave gentil là. J'pourrais être impliqué pour dealer ou je ne sais quelle autre merde. Les gens trouvent pleins d'excuse pour foutre les gens en taule.

- Ok, Ok, on fait ça. Lu' t'as pas 16 balles?

- Je paye tout si tu veux, j'ai l'argent.

- Non, non.

Il me passe un billet de 20 que je donne à Corentin. J'en donne un autre avec pour faire un total de 40 balles.

- Garde le reste Coco, ça ira.

Celui-ci soupire presque déçu et retourne dans l'arrière-boutique.

On paye Sprite, bonbon et clope et on se taille par la suite.

La pluie s'arrête et les courants d'air frais viennent nous agresser. Il n'y a rien de doux dans cette ville décidément.

***

On se retrouve finalement sur le toit de l'immeuble à Lucas. Je me colle à la préparation des boissons et sers un verre à Lucas.

On le boit doucement, calmement, comme si le temps n'avait jamais existé. A-t-il déjà existé en fait ?

J'imagine que hors de cette bulle qu'on a bâtie à deux, le temps nous ronge petit à petit.

Assied au bord, les pieds dans le vide, la vue de la ville, contrairement à ce qu'on pourrait croire, est coloré par les faux tricolores et les cries des adolescents en fuguent.

Je me sens comme avant, à ma place, chez moi. Cette maison qui n'a jamais existé.

Les yeux dans la vague, fixer sur moi, un sourire coller au visage, comme il les porter autrefois, Lucas me regarde les larmes aux yeux.

- Pourquoi tu me regardes comme ça?

Il ne répond pas, souriant juste encore plus.

- Tu vas pleurer ou quoi ?

- Non, pourquoi je pleurais ?

- T'as les larmes aux yeux gars.

- Oh, peut-être, ça se peut.

Son air joyeux est imperturbable, ça me rend nerveux de le voir si heureux alors que je ne peut pas l'être. Égoïste, non ? Rien à battre, j'ai le droit de vouloir être heureux aussi et si je ne peux pas l'être, je ne vois pas pourquoi il pourrait l'être.

- Ah ouais? T'es vraiment un pleurnichar en fait.

- Mes yeux ne brillent pas pour n'importe quoi, n'y pour n'importe qui, je suis juste heureux que tu sois à mes côtés mon gars. Tu m'as manqué. Igo.

Mon cœur en prend un triste coup et je ne peux m'empêcher d'admirer ses yeux qui brillent pour moi. Ça n'arrive qu'une fois par an, quand l'une des putes qui pensent être unique à mes yeux m'avoue leurs sentiments, pensant me faire changer. Personne ne pourra me changer malheureusement. Je suis et serais toujours ce triste connard sans vie. Elle ne le comprend pas, mais lui, il le comprend. Et ça me réchauffe le coeur. Juste asser. Ça ne me brûle pas, ça ne me fait pas mal, ça me rassure uniquement.

- J't'aime pédé.

- Ouais, moi aussi mon chérie.

Je ne saurais dire si c'est la lean ou ses sentiments qui le font parler, mais pour autant, ça met égal tant qu'il m'aime.

On lève une dernière fois nos verres sous l'influence de ceux-ci et sourions à notre première soirée depuis longtemps.

Premières et dernières soirées, mais il ne le sait pas. Et je ne veux pas vraiment lui dire, je veux juste profiter.

C'est comme ça qu'on fini donc, tous deux, dans un lac de liquide violet et d'amour inventer.

-À suivre-

Pardon de mon retard le gang, vraiment.

Drogue Nostalgique. [Lockzie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant