[1 - Interview et impolitesse]

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Je vais encore rater mon avion.

C'est tout le temps la même chose avec moi. J'ai beau faire ma valise la veille, bien préparer mon sac, mettre un réveil de bonne heure, et correctement m'organiser, je trouve toujours le moyen de perdre un temps fou sur un petit truc pour me mettre en retard.

Aujourd'hui, impossible de mettre la main sur le foulard que je voulais porter. Ridicule. J'ai perdu quinze minutes, si ce n'est plus, à le chercher en retournant presque mon appartement. Finalement, il était juste accroché sur le porte-manteau caché par une autre veste.

Et maintenant ce foutu taxi qui roule comme un escargot sous sédatifs. Je bouillonne de rage.

Si je rate cet avion, je vais encore me faire incendier par mon patron, Dong-Soo Park, qui ne supporte pas mes retards incessants.

- On arrive dans dix minutes madame, encore désolé du retard, il y a beaucoup de trafic ce matin.

Je jette un œil et constate le peu de voitures. Je préfère ne rien dire, il a l'air plutôt stressé comme chauffeur. Tant que j'arrive à l'heure je ne vais pas me plaindre.

J'envoie un texto rapide à mon supérieur pour lui prévenir que je suis bientôt là. On doit se rejoindre avant l'embarquement.

Dong-Soo : Elaïa, je te préviens que si tu es encore en retard et que tu n'es pas dans cet avion je te vire sur le champ !

Je rigole face à sa réponse. Je ne compte plus le nombre de fois où il a menacé de me faire virer. Lui comme moi savons très bien qu'il ne le fera jamais, je suis son meilleur élément et surtout il m'adore.

Ça fait bientôt trois ans que je bosse pour cette revue. Après mes études en journalisme et quelques écrits en freelance, je commençais à me faire un nom dans le milieu. J'ai postulé dans plusieurs entreprises, mais c'est chez K-Travel Mag que j'ai décidé de faire mes débuts et dans l'équipe du célèbre Dong-Soo Park.

Actuellement, sous l'autorité de ce dernier, nous sommes quatre journalistes et un stagiaire qui suit le patron comme son ombre. Il le forme comme il m'a formé pendant une année entière. Au grand désarroi de Dong-Soo, j'étais bien moins discipliné que le jeune James.

Au sein de K-Travel Mag - qu'on abrège en KTM - bien que basé à Séoul, on regroupe différentes nationalités. Étant une revue ouverte sur le monde, basée sur des reportages de voyages, les salariés viennent de tous horizons.

Pour ma part, je viens de France. J'y ai fait mes premières années en journalisme, sur Paris, avec en option l'étude de la langue coréenne, par passion personnelle pour le pays après y avoir voyagé lors de ma première année d'université. Un vrai coup de cœur. C'est plus tard que je suis venu finir mes études ici, à Séoul, avant d'intégrer KTM.

- Te voilà enfin ! J'ai failli appeler Kaori pour te remplacer.

La douce Kaori Saito est arrivée il y a quelques mois, elle a été transférée d'équipe pour rejoindre celle de Dong-Soo, et, quoi qu'il dise, je sais que notre patron a un faible pour elle.

- Comme si ça t'aurai dérangé ! le taquiné-je d'un coup d'épaule.

Il m'ignore pour prendre ma valise afin de la déposer sur le chariot pour nous diriger vers la zone d'enregistrement de nos bagages.

Nous partons plusieurs jours sur l'île de Jeju afin de faire un reportage sur la cuisine locale et surtout l'émergence de nouveaux restaurants gastronomiques qui revisitent les plats traditionnels. En général, pour nos articles on préfère se concentrer sur les pays étrangers, mais, cette année, le K-Travel Mag prépare une édition spéciale sur la Corée. Nous avons donc été invité à aller découvrir les différents restaurants des îles coréennes.

Trick me with love [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant