Chapitre 10

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Les deux semaines qui suivirent furent les meilleurs jours que j'ai passé à Port-Réal depuis mon arrivée. Une routine plaisante s'était installée dès lors que j'étais devenue la dame de compagnie de la Princesse.

Le matin, après qu'Helaena avait confié ses enfants aux nourrisses, nous nous retrouvions dans la cour du château où tous les chevaliers et gentilhommes s'entraînaient aux combats. J'y voyais régulièrement Morgan Lannister avec son écuyer et il lui arrivait de faire une pause pour venir me saluer poliment. Parfois, le prince Aegon Targaryen venait se mêler à ces combats, surement quand son père l'obligeait, mais cela était assez rare. En revanche, depuis deux semaines que j'assistais aux entrainements des chevaliers, il ne s'était pas passé un seul jour sans qu'Aemond ne s'exerce aux armes avec Ser Criston Cole. C'est d'ailleurs pour cela que je me rendais dans la cour tous les matins sans exception. J'essayais tant bien que mal de contenir mon effroi à chaque fois qu'Aemond se prenait un coup trop fort, tout comme j'essayais de contenir ma joie quand il battait un chevalier qui avait le double de son expérience au combat.

En fin de matinée, la princesse et moi nous séparions pour aller déjeuner chacune de notre côté. Trois ou quatre fois avant d'aller manger, je suis discrètement allée voir Aemond pour m'assurer qu'il n'avait pas de graves blessures et Aemond me rassurait tout en gardant une distance convenable entre nous, ce qui était affreusement difficile.

Quand mon oncle n'était pas occupé, je partageais l'heure du déjeuner avec lui, autrement je la passais avec mes propres dames de compagnie, Audrey et Ilina.

Comme je l'ai dit, ces deux semaines furent les meilleures que j'ai passé à Port-Réal mais ce ne fut pas grâce aux après-midis qui étaient si longues et se ressemblaient toutes ! Quand nous n'étions pas dans les jardins à nous promener, nous étions dans les appartements de la reine ou ceux d'Helaena à broder. La seule chose intéressante qui sortait de ces après-midis était les ragots que la Princesse me relatait sur tel ou tel noble et dame de la cour. Et à chaque fois qu'elle me rapportait qu'une jeune lady avait été aperçu en compagnie d'un chevalier ou d'un fils de seigneur je remettais en question toute ma relation avec le Prince. J'allais jusqu'à me demander si les choses ne seraient pas plus simples si lui et moi arrêtions de nous fréquenter. Mais savoir qu'Aemond allait me retrouver à la fin de la journée était en réalité la seule chose qui me permettait de supporter ces après-midis.

Aemond et moi avions arrêté de nous retrouver dans mes appartements après un soir où mon oncle avait faillit le surprendre. Depuis cet évènement, nous nous retrouvions généralement sur les bords de falaise comme nous avions l'habitude de le faire avant notre premier baiser. Il m'est arrivée, trois fois, de rejoindre Aemond directement dans ses appartements ; les jours où la princesse Helaena me parlait pendant si longtemps que la nuit était déjà tombée quand elle me laissait partir. Et sachant que les quartiers des enfants du roi se trouvent tous dans la même aile du château, cela était beaucoup plus pratique pour moi de me rendre dans les quartiers d'Aemond que de le rencontrer sur les falaises alors qu'il faisait déjà nuit noire.

Un matin, la Princesse ne se sentait pas très bien et avait décider de rester alitée pour se reposer. Ne voulant pas me dérober à notre nouvelle tradition d'assister aux entrainements de la matinée, je décidai de m'y rendre sans Helaena. J'y emmenais mes dames de compagnie pour ne pas y aller seule.

Ce jour là était différent. Aegon ne s'entrainait pas, ce qui n'est en réalité pas très étonnant. Mais Morgan Lannister et les autres chevaliers qui avaient l'habitude d'être plus assidu que le premier fils de Viserys, ne se trouvaient pas dans la cour n'ont plus. Seul Aemond et Ser Criston Cole se battaient comme d'ordinaire. Comme Ser Criston Cole et Aemond étaient les seuls à s'entrainer, ils étaient également les seuls que les badauds pouvaient regarder pour se distraire, si bien qu'une foule entière s'était agglomérée en cercle autour d'eux. Après un échange de coups brève, Aemond plaça son épée à un centimètre du coup du membre de la garde royale mettant ainsi fin au combat.

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