Chapitre 12

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Une fois dans le couloir qui menait à mes quartiers, je tombais nez-à-nez avec mon oncle. Il avançait d'un pas rapide et décidé vers ma direction. Dès qu'il fut arrivé à ma hauteur, il m'agrippa par le poignet et s'écria :

« Où étais-tu bon sang ? Et ne me dis pas que tu étais avec la princesse Helaena car j'ai envoyé un serviteur t'y chercher et il ne t'a pas trouvé ! »

J'essayai de trouver une réponse convenable aussi vite que je le pouvais mais rien ne me vint à l'esprit. Et je ne pouvais décemment pas lui dire que ne me tenais en compagnie d'Aemond à une heure si tardif de la nuit.

« Peu importe. Finit-il par reprendre. Un corbeau est arrivé de Winterfell dans l'après-midi. »

Il me tendit alors le rouleau de papier, replié et scellé d'un ruban noir. En voyant la couleur de ce ruban, je compris pourquoi mon oncle était dans cet état. Les rubans noirs, dans le Nord, étaient utilisés pour envoyer les mauvaises nouvelles. Mes mains commencèrent à trembler et j'avais l'impression que le papier pesait une tonne.
Lorsque je l'eus déplié, je reconnus l'écriture de mon frère Cregan. Il avait quinze ans mais il écrivait encore comme un enfant de sept ans. Pendant, une fraction de seconde, je me rappelais les moments où les mestres nous apprenait à écrire nos prénoms avec mon frère. J'ai dix mois de plus que lui mais à l'époque, les mestres faisaient comme si nous étions jumeaux. Ces souvenirs me réchauffèrent le cœur mais quand je lus les mots que mon frère avait écrit à mon attention, le sol se déroba sous mes pieds.

« Ma très chère sœur, c'est avec le cœur lourd que je t'envoie ce corbeau. Notre père nous a quitté dans son sommeil cette nuit. Son enterrement dans la crypte familiale aura lieu dans trois jours. J'aimerai temps que tu rentres à Winterfell pour m'aider à gérer les responsabilités que je dois conduire suite au décès de père. Tu me manques, ton frère.

Cregan Stark, Lord de Winterfell et Gouverneur du Nord. »

Mon père n'était plus tout jeune et d'après ce que disait le message de Cregan, il était mort de vieillesse. Mais le fait que sa mort soit naturelle ne retirait rien au chagrin que me provoqua cette nouvelle. Je pensais à ma mère et à quel point je souhaitais être avec elle pour la réconforter. J'avais également une pensée pour mon frère, bientôt écrasé sous le poids de ces nouvelles responsabilités. Les murs du couloir commencèrent à tourner autour de moi et sans que je m'en rende compte, ma tête vint se fracasser sur le sol de pierre. Mon oncle se précipita pour m'aider à me relever et il m'accompagna jusqu'à mon lit. Je n'avais pas perdu connaissance mais mes jambes, pendant une minute, avaient arrêté de me soutenir.

« Je suis désolé, dit mon oncle en m'allongeant sur mon lit »

Mais je sentais qu'il le disait aussi un peu pour lui. Avant d'être mon père, il était son grand frère, et il le connaissait bien plus que moi.

« Moi aussi, ajoutai-je

- Je viendrai te chercher pour assister à l'audience royal demain matin. Dors-bien Myranda ! »

Il partit en souriant tristement. Je savais qu'il ne voulait pas s'effondrer de tristesse devant moi mais ça ne changer rien à son immense chagrin.

Mon père était aimé de tous. C'était un homme du Nord avec tous ce que la tradition nordienne impliquée. Il était amical avec ses alliées mais impitoyable avec ses ennemis ; et ceux qu'il méprisait le plus étaient les menteurs et les traîtres. Mais il aimait ma mère, mes frères et moi plus que tout. Je n'ai d'ailleurs aucun doute sur le fait que mon frère ait hérité de toutes ces valeurs.

Quand je sortis de mes appartements pour me rendre à l'audience accompagnée de mon oncle, toute la cour du Donjon Rouge semblait déjà être au courant du décès de mon père. Tous les nobles sans exception nous présentaient leurs condoléances quand ils nous croisaient dans le château. Certains, qui n'avaient d'ailleurs jamais rencontré mon père, se sentaient obligés de rajouter un mot gentil. A cause de cela, nous arrivâmes dans les derniers à la salle du Trône. Mon oncle dut jouer des coudes pour nous frayer un passage vers le devant de la grande salle, près des Lannister. Je fus obligée de supporter une énième présentation de condoléances de la part de Morgan Lannister et son père.

Dragon and Wolf | HOUSE OF THE DRAGONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant