Remember me

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Romy

« Chéri, dépêche toi tu vas être en retard! »

Il est 7h du matin, je viens de préparer le petit déjeuner et j'appelle, Jeff,mon fiancé pour qu'il me rejoigne.
« Mon fiancé », ca me fait toujours étrange de dire ça,alors que ça va faire un mois que je lui ai dit oui et que j'ai cette bague à mon doigt. Je contemple la dite-bague quand des lèvres embrassent ma joue.

« Ça va ma Cherie?

- hum hum »

Jeff me sort de ma pensée, je le regarde s'installer derrière le comptoir de la cuisine où j'ai déposé la tasse de café et les pancakes. Jeff porte la tasse à sa bouche sans même me regarder en pianotant sur son smartphone. Ah la routine du couple! Je me demande si c'est pour tout le monde pareil. Fini les petits déjeuners rapides parce qu'on est plus occupé à batifoler qu'à se préparer pour aller travailler, fini les dîners romantiques, les surprises... quoi qu'en y réfléchissant bien, je n'ai jamais eu de surprise de la part de Jeff et pourtant j'adore ça... même sa demande en mariage n'avait rien de surprenant « ça fait 5 ans maintenant qu'on est ensemble, il serait temps de se marier », ce à quoi j'ai répondu « ok » comme si c'était la continuité des choses.
On s'est connu dans les couloirs de l'université, lui en cursus de médecine et moi de management.
On traînait avec le même groupe d'ami et ce qui a du se produire s'est produit. On s'est mis en couple parce que... c'était confortable, mais de la à dire que j'étais follement amoureuse de lui... je n'ai ressenti qu'une seule fois les papillons de l'amour, et malheureusement c'était à sens unique. Et Jeff, ne m'a jamais fait ressentir le trouble que j'ai pu ressentir pour lui. Plus je le regarde, plus je me dis que, oui c'est pour le confort de vie. Aujourd'hui j'ai 28 ans, je suis éditrice dans la plus grande boîte de New-York et je n'ai pas envie de tout recommencer à zéro parce que ma vie sentimentale est plate. Jeff est quelqu'un de bien, médecin urgentiste respecté,une valeur sure. Mais c'est vrai que je ne serai pas contre quelques nouveautés à l'occasion.

« Tu rêves chérie? Tu penses à notre mariage ? »

Je repose mes yeux sur Jeff qui me parle tout sourire.

« Absolument! N'oublie pas d'ailleurs que demain on a rendez-vous avec le fleuriste, samedi avec le pâtissier et que nous visitons le château le week-end d'après.

- C'est tout noté de t'en fait pas! Ce soir on va resto avec Andrew, mon temoin, tu sais mon ami d'enfance parti en suisse. Il revient sur New-York pour voir ses parents dans les Hamptons, c'est l'occasion de vous présenter.

- je n'ai pas oublié, je vous rejoins au restaurant. »

Les Hamptons, j'y ai passé toute mon enfance avant de venir à l'université de Columbia. Mes parents sont toujours là-bas également, et parfois le calme qui y réside me manque. À New-York je suis sans cesse entrain de courir. Heureusement que je travaille avec ma meilleure amie, également éditrice, ça m'apporte un peu de légèreté au quotidien. On était au lycée ensemble, et on ne s'est plus jamais quittée depuis. Elle a été surpris que je finisse avec Jeff, mon tempérament de feu ne collait pas avec « ce mec trop fade pour moi ». Mais comme quoi elle se trompait, Jeff et moi c'est une affaire qui roule, enfin je crois.

Mon téléphone sonne « Elena ». Tiens en parlant du loup.

« Oui Leny?

- je vais être à la bourre aujourd'hui ! »

Je soupire en levant les yeux au ciel.

« Comme tous les matins... comment il s'appelle cette fois?! »

Elena est incapable de se caser. Témoin du mariage chaotique de ses parents, elle ne croit pas en l'amour, mais ce n'est pas une raison pour renoncer au sexe selon elle.

« Je ne sais même pas ! Bref je passe me doucher et me changer, on se retrouve au boulot. À tout à l'heure chaton! »

Je raccroche avec un léger sourire aux lèvres, oui elle m'apporte un peu de légèreté par procuration.
Jeff embrasse ma joue avant de s'emparer de sa veste et son sac.

«  a ce soir chéri »

Pas le temps de répondre, qu'il a déjà filé. Je soupire, je ne me souviens même pas de la dernière fois où on s'est embrassé, réellement embrassé, juste pour le plaisir de le faire. Ni même quand on s'est dit « je t'aime ». Pathétique. Je me retourne et vois que comme à son habitude la tasse et l'assiette n'ont pas bougé du plan de travail ou je l'ai servi. Encore plus pathétique... je débarrasse son assiette et attrape mon sac et mon mug de café avant de sortir de chez moi.
Mon appartement arrive sur Central Park que je traverse tous les matins en sirotant mon café, faisant claquer mes escarpins sur le bitume. J'aime cette ballade matinale avant d'arriver au travail, elle fait du bien à mon moral. Je reprendrai bien le jogging si j'en avais le temps, mais avec mon train de vie je n'ai pas couru pour le plaisir depuis des lustres.
Je passe la porte du building et prend l'ascenseur.
Mon bureau est de l'autre côté de l'open Space que je traverse tous les matins la tête haute. Je sens leur regards sur moi, je sais comment il me surnomme « le dragon », tout le monde a l'étage me craint.
A l'exception d'Elena, je n'échange réellement avec personne. Mais je ne suis pas sa patronne, je dirige les romans adultes, section romance et elle, les œuvres pour enfants.
Un comble pour une femme dont la vie sentimentale est dépourvue complètement de quelconque romantisme. Peut être parce que je me noie dedans au boulot...

« Romy Paxton , directrice en chef »
Je prend place derrière mon bureau de verre , allume mon ordinateur, et commence la correction d'un des ouvrages de la pile monumentale qui m'attend sur mon bureau.
On toque à la porte. Stacy mon assistante m'apporte mon emploi du temps de la journée.

« Midi: déjeuner avec Miller »

Un écrivain qui n'a pas accepté les notes et qui veut en discuter. Ce qu'il ne comprend pas, c'est que s'il n'accepte pas, je ne le publierai pas. Et tout le monde veut que je le publie, cette maison d'édition est la plus réputée et tout auteur rêve une parution chez nous.

« Stacy?

- oui Madame Paxton?

- pourquoi il est écrit que ce soir j'ai rendez-vous avec Colbert?

- euh parce que c'est le cas...

- annulez, je suis déjà prise, calez ça sur un créneau le midi, ou vous voulez.

- Tres bien madame. »

Stacy sort de mon bureau, mon téléphone sonne un sms
[Suis arrivée, presque à l'heure! Fais moi signe pour ta pause café. ]

Je souris en reposant mon téléphone,oui vraiment, je ne sais pas comment je ferai sans elle