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Andrew

- Tu as besoin de quelquechose ?

Rom enlace ma taille et pose ses lèvres sur ma nuque pour y déposer un tendre baiser alors que je regarde l'océan droit devant moi. Je soupire en enlaçant ses doigts. L'air marin sur cette terrasse caresse mon visage.

- Non tresor...

Elle se serre davantage à moi en posant sa joue sur mon dos. Comment peut on passer si rapidement de l'euphorie à la tristesse?
Mon père ne nous a pas attendu... lorsque je suis venu à l'hôpital pour lui demander d'être le témoin de notre union, il était trop tard. De l'organisation d'un mariage, nous sommes passés à celle de funérailles.

- J'ai du mal à réaliser ...

Je chuchote sans détacher mon regard de l'étendue bleue face à moi. Romy ne répond rien et se contente de me serrer dans ses bras. Les larmes perlent à mes yeux, une s'échappe sur ma joue et glisse jusqu'à la commissure de mes lèvres. Je suis en triste et en colère, en colère contre la vie de prendre les gens biens, les gens qui font le bonheur de leur proche. Mon père et moi étions si complices, si proches. Je me confiais à lui, si bien qu'il était le seul à savoir la vraie raison de mon départ, et même si ça nous a fait de la peine d'être séparés, il ne m'en a jamais voulu. « Le vieux fou » comme je l'appelais pour me moquer gentiment de lui, savait. Il a toujours su que la femme qui est là, qui a toujours été là, et qui me serre dans ses bras, est celle qui serait essentiel à ma survie. Je suis quelque peu soulagé de traverser cette épreuve à ses côtés. Romy aimait sincèrement mon père, il y a toujours eu une alchimie entre eux, depuis le premier jour où je l'ai ramené pour jouer au billard dans le garage et depuis, elle venait presque tous les jours, si bien que lorsqu'elle manquait à l'appel, mon père s'en inquiétait.

- Viens...

Son chuchotement me sort de mes pensées. Je me retourne vers elle alors qu'elle glisse sa main dans la mienne et m'entraîne à l'intérieur de la maison. Ma mère et Anna se sont couchées, nous sommes seuls dans le salon. Je soupire en retenant mes larmes lorsque je tombe sur son fauteuil sur lequel traîne encore un de ses bouquins.

- Tu veux qu'on aille chez moi ce soir?

- ca ira tresor, montons juste dans la chambre.

Elle acquiesce de la tête et je la suis dans les escaliers pour monter à l'étage.
On se couche face à face dans mon lit, ses jambes se lient aux miennes. Elle caresse mon visage. Son toucher délicat enveloppe mon cœur meurtri.  Elle soupire profondément, je vois bien qu'elle se retient de pleurer pour moi, elle veut se montrer forte même si je sais qu'elle a énormément de chagrin.  Ses lèvres se posent sur mon front tendrement. Les sanglots restent bloqués dans ma gorge, à en être presque douloureux.

- Merci d'être là ma Rom...

- Je ne pouvais être nulle part ailleurs... je ne veux être nulle part ailleurs...

- Ca me fait vraiment du bien de te savoir là... j'arrive pas à concevoir qu'il ne soit plus là.

- C'est normal, on a tous besoin de temps pour accepter ce genre de chose.

- oui... je savais que ça arriverait, mais je ne m'y attendais pas aussi tôt. En fait, je n'étais pas vraiment préparé, il y a quelques jours de ça je ne savais même pas qu'il était malade.

Je blottis ma tête contre sa poitrine et me laisse bercer par les battements de son coeur. Les larmes refont surface et j'inonde sans contrôle son tee-shirt. Elle resserre ses bras autour de moi, fortement pour tenter de m'apaiser mais rien n'y fait. Les vannes sont bien ouvertes.

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant