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Romy

Triste comme jamais je suis en route pour rentrer sur New-York. Je suis passée chercher mes affaires chez mes parents en leur laissant un mot comme quoi j'avais un rendez-vous important demain matin, je n'avais pas la force d'affronter ma mère et son interrogatoire.
Je me gare à mon parking, le coeur lourd, seule. Comment peut on passer d'un mariage à une rupture en si peu de temps? Je comprends que son chagrin accentue sa colère, j'aurai été prête à tout encaisser si ça le soulageait. Mais qu'il me tienne pour responsable de la mort de son père... du moins de son décès précoce, est... je n'ai même pas les mots. Je savais qu'en acceptant ça, que sully m'en voudrait en l'apprenant, mais je ne pensais pas qu'il le verrait comme ça. Je ne pouvais pas faire autrement que d'accepter, il savait que j'aimais profondément son père et que si je l'avais pu, je l'aurai sauvé, encore et encore, pour qu'il reste parmi nous. Mais le « vieux fou » en avait décidé autrement...
Je soupire et gagne l'ascenseur pour rejoindre mon appartement. En mettant la clé dans la serrure, je suis surprise de voir que la porte n'est pas verrouillée. Est ce que je l'ai juste claqué en partant précipitamment ? Ça ne me ressemble pas pourtant... je pénètre chez moi, le noir environnant m'assomme davantage. Je pose valise et affaire dans l'entrée et me dirige vers ma chambre. En allumant la lumière, je tombe sur une scène à laquelle je ne m'attendais pas à voir.

- Jeff putain! Dans mon propre lit!! Dégage de la avec ta petasse!

- Romy...?! Je pensais que tu ne rentrerais pas.

- C'est mon appartement! Maintenant dégage avant que j'appelle les flics pour effraction!

- effraction? Mais j'ai les clés !

- tu fais bien de me le rappeler, rends les moi de suite et dégage de la !

- Mais je n'ai nulle part où aller...

- je m'en tape! Il fallait y réfléchir avant de me tromper avant notre mariage! Ne me force pas à me répéter!

Il grogne pour se rhabiller et blondie l'imite en sortant du lit. Ils me passent devant sans rien dire.
Je soupire et ajoute le plus calmement possible.

- Jeff, la clé.

Il marque un arrêt avant de se retourner et plonge la main dans sa poche pour me rendre la clé de mon appartement.
Je la récupère en silence et le somme du regard de vite déguerpir. Il s'exécute et passe la porte en compagnie de sa maîtresse.
Au fond je ne peux pas lui en vouloir, j'ai rapidement tourné la page moi aussi, et ses affaires ne l'atteignent pas. Je suis bien trop anéantie par l'autre partie de ma vie pour me soucier des aventures de Jeff.
Je regarde le lit défait avec une mine de dégoût et me résigne à dormir sur le canapé, je n'ai pas la foi de changer les draps maintenant.
Couchée dans le canapé, je me replie en position fœtale pour laisser courir mes larmes. Je regarde mon téléphone, pas de nouvelles... en même temps à quoi je m'attendais, aujourd'hui il me déteste...
Je prends mon courage à deux mains et lui écris un message.

[Mon amour, je sais que tu m'en veux et je sais que tu penses que je t'ai menti et trahi, mais je n'avais pas d'autres choix. Crois moi, j'ai longtemps lutter avant d'accepter l'inacceptable, mais tu connais ton père, il obtient toujours ce qu'il désire. Comment pouvais je lui refuser la paix qu'il me demandait? Qu'aurais-tu fait à ma place? Tu aurais forcé sa volonté sachant que le maintenir en vie lui était si douloureux? Il vous aimait, il a voulu vous épargner et c'est pourquoi c'est à moi qu'il a chargé ce fardeau... pardonne moi, je n'ai jamais voulu te faire du mal, j'aimais Will de tout mon cœur, vous êtes ma deuxième famille, celle que j'ai choisi et qui m'a choisi en retour, j'aurai toujours tout fait pour chacun de vous... aujourd'hui tu ne veux plus de moi, tu ne veux plus me voir... mais si c'était à refaire, je referai la même chose... je ne pouvais pas refuser la paix a un homme qui souffrait tant. J'espère qu'un jour tu comprendras, et si ce jour là finit par arriver, je serai là... tu sais où me trouver, je t'aime...
Ta Rom]

Je sais qu'il ne me répondra pas, mais je garde espoir qu'il me lise au moins.
Je finis par m'assoupir , épuisée.
Le soleil me réveille le lendemain matin, et comme je m'y attendais je n'ai pas de réponse de Sully.
Je me lève tel un robot pour me préparer un café et regarde Central Park à travers ma fenêtre.
Qu'est ce que je vais faire maintenant ?
Retrouver ma vie d'éditrices? De dragon au sein du groupe d'édition?
Les moments qu'on a passé ensemble me reviennent en tête, c'était si intense. J'avais à portée tout ce que j'avais toujours désiré, j'avais peut être raison: oublier ce que je désire et prendre ce que je peux avoir.
Sully était un rêve, un rêve merveilleux qui a tourné au cauchemars...
Je repense à ma conversation avec lenny.

«C'est tout beau, tout beau tout rose, digne des meilleurs romans d'amour que tu édites, tu devrais peut être songer à vraiment en faire un bouquin, ça ferait carton! »

Je souris malgré moi, elle a peut être raison, notre histoire est digne des romans que je publie. Mon regard tombe sur mon ordinateur... et si?...
Je m'assois devant et ouvre le logiciel de traitement de texte, une page blanche s'ouvre à moi.
Je reste en suspens au dessus de mon clavier, et me ravise. A quoi bon? L'écriture est la meilleure des thérapies... je vais coucher sur ma papier ma vie depuis le lycée, depuis ce moment où il s'est assis à côté de moi en cours et où ma vie a basculé.
Mes doigts tapent sur le clavier, les mots viennent seuls, je n'y réfléchis que peu, tout se découle rapidement.
Si bien que quand je relève les yeux de mon ordinateur, il est déjà 15h, et j'ai déjà écrit une dizaine de chapitre.
Je prends une pause avec un bon café.
Il me faut un titre et un pseudonyme, je ne veux pas publier sous mon vrai nom, on ne sait jamais.
En tant qu'éditrice, je sais que le titre fait 30% du boulot pour un livre. Je pense à Sully et moi, comment je nous vois, nous voyais. Et le visage de Will, assis à table, qui venait de nous dire qu'il était persuadé qu'on finirait nos jours ensemble, me revient
« Ben quoi? Ils étaient inséparables ces deux là! »

« Inséparables », comme ces oiseaux qui se laissent mourir si l'un des deux venaient à périr. Voilà, voilà comment je nous vois, ma vie est liée à la sienne, si il lui arrivait quoi que ce soir, je ne m'en remettrai pas...

Je me remets devant mon ordinateur et ajoute une page de garde à mon manuscrit et souris en laissant courir mes doigts sur le clavier.

- Inséparables. De ... Rose Mary Hamptons

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant