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Andrew

Je maudis cette ville ! Je maudis cette ville et ses motards! Non mais sérieusement, il aurait pu me tuer cet abruti sur sa harley de boloss. Je m'en sors plutôt bien, le scanner n'a pas montré de dommages internes, j'espère pourvoir sortir vite de là! Premièrement je déteste les hôpitaux, surtout depuis que j'y suis allé tous les jours pour mon père et deuxième J'avais autre chose à faire ! Clairement! Notre échange a été coupé, et je refuse qu'il reste comme ça en suspens. J'espère au moins qu'elle a lu ma lettre en entrant, je ne le saurais pas avant un moment parce que je n'ai évidemment plus de batterie sur mon téléphone pour la joindre. J'espère qu'elle l'a lu oui, j'y ai mis toutes mes tripes, tout ce que j'aurai du lui dire il y a longtemps.
J'espère que ça effacera de sa tête toutes ces mauvaises pensées, toutes ces erreurs que j'ai faite, notamment quand j'ai appris qu'elle avait été enceinte croyant qu'elle l'était. En y repensant, j'étais tellement en colère de croire qu'elle me l'avait caché qu'elle aurait pu imaginer que je ne voulais pas de cet enfant si il était encore en elle. Ce n'est pas le fond que je condamnais, mais la forme, du moins l'absence de forme pour le coup. Parce que... parce qu'en réalité j'aurai été tellement heureux de savoir que j'allais être le père de son enfant, notre enfant. Mais comme l'abrutit que je suis, j'ai tout fait foiré... j'espère que mon intervention a sa séance de dédicace l'a un peu bousculée, la poussant à réfléchir sur un « nous » qui n'a jamais cessé d'exister mais qu'elle refuse d'admettre. La peur, son moteur est la peur. La peur d'être rejetée, je compte bien lui prouver qu'elle n'a aucune crainte à avoir.

Le temps n'avance pas, je suis dans ce lit d'hôpital à attendre ma sentence: est ce que je vais pouvoir sortir ou non? Est ce que je vais passer la nuit ici lui laissant penser que j'ai baissé les bras ?! Je vais devenir fou!
Une infirmière et un jeune médecin finissent par entrer dans la chambre.

- Monsieur Sullivan, comment vous vous sentez?

- Tres bien! J'irai même mieux si je pouvais sortir de là.

- C'est ce qu'on ait venu vous annoncer, vous allez pouvoir sortir. Faites attention à votre épaule pendant 15 jours et ça devrait aller

- Je peux conduire ?

- si vous avez une voiture automatique ça devrait aller, des petits trajets en faisant attention.

- super merci beaucoup!

Il ne faut pas m'en dire plus pour que je repasse mes vêtements et me précipite pour sortir de là. Je hèle un taxi pour me rendre à l'adresse de Romy. Ma voiture est restée près du centre commercial, je la récupérerai plus tard, ce n'est pas l'urgence.
Je paie ma course une fois arrivé et cours pour aller sonner chez elle. Pas de réponse. Mais j'ai vraiment beaucoup de chance aujourd'hui ma parole! Est ce que je dois l'attendre ?! Si il faut elle est sortie fêter le succès de son bouquin et ne rentrera pas avant tard dans la nuit.
Je soupire, je ne la verrai pas aujourd'hui. Et il faut que je pense à retrouver Anna, je ne peux pas la laisser de côté pour mes histoires de coeur, elle reste ma priorité.
Je reprends un taxi pour regagner ma voiture et me rendre chez ma mère. Le trajet m'éloignant de New-York me fait mal, je n'aime pas cette ville mais j'ai toujours l'impression de laisser quelque chose derrière moi, du moins quelqu'un.

En passant la porte de chez moi, ma fille se rue sur moi.

- Oh Papa ça va?

- Oui c'est rien ma princesse, je suis mal tombé mais ton papa est solide, je n'aurai bientôt plus rien!

- contente que tu sois rentrer!

- Moi aussi ma chérie, content d'être avec toi.

- et avec Mamie!

Je lache un rire alors que ma mère fait son apparition.

- Oh tu sais ma chérie, je crois que ton père a assez vu sa vieille mère!

J'embrasse tendrement son front.

- Jamais maman... ça ne vous embête pas si je vais me reposer un peu, journée éprouvante.

- non bien sûr, je t'appelle pour le dîner.

- Merci...

Je monte me poser dans ma chambre, les pensées sans dessus dessous. Je branche mon téléphone et me laisse porter au sommeil sans lutter.

Lorsque je me réveille, j'ai l'impression d'avoir la gueule de bois, je ne suis pas tombé sur le crâne mais ma tête doit être fatiguée de battre à plein régime.
Je redescends dans la Salon la table est dressée et mes deux femmes au foyer sont entrain de préparer le repas.

- Ca sent bon ici! Qu'est ce que vous nous préparez de beau?

- J'ai fait une tarte avec mamie!

Je souris, attendrie par ma fille. Anna a ce pouvoir d'échapper toutes mes pensées sombres juste avec son visage d'ange.
J'entends une voiture se garer devant la maison, une portière claquer, ma mère ne bouge pourtant pas.

- Tu attends quelqu'un maman?

- Qui veux tu que j'attende?

La sonnette retentit, Anna saute de son tabouret et se précipite à la porte pour ouvrir. Je tends l'oreille pour essayer de savoir qui vient chez nous sans s'être annoncer.

- Romy!!

La voix de ma fille résonne dans la maison et fait écho dans ma tête. Elle est venue... les pas se rapprochent, je me retourne pour voir apparaître la femme qui perturbe mon coeur. Anna lui tient la main, je reste immobile à la regarder alors que ma mère s'avance pour l'enlacer.

- Ca me fait plaisir de te voir ma chérie!

- À moi aussi Maggie...

Ma mère s'écarte d'elle et prend la main de Anna.

- Viens ma Cherie, on va laisser les grands discuter.

- Je veux rester avec Romy moi!

Romy se penche à sa hauteur pour lui chuchoter:

- je te retrouve après, promis.

Elle se redresse et plonge son regard dans le mien. Ses yeux sont gonflés et rougis, elle a pleuré récemment, peut être juste avant de passer la porte de cette maison. Je déglutis, je ne m'attendais pas à la voir ici, je lui fais signe de la tête de me suivre sur la terrasse, à notre place habituelle.
Elle me passe devant et sort, je la suis en silence, refermant la fenêtre derrière nous. Elle me fait dos, l'air marin apporte son effluve à mes narines, je soupire. J'attends qu'elle entame la conversation vu qu'elle a fait la démarche de venir là, le silence est si pesant.

- Rom?

Elle se retourne vers moi, les yeux humides.

- J'ai eu si peur...

- peur?

- J'ai cru que... quand ta mère m'a appelée pour me dire que tu étais à l'hôpital... j'ai... et quand j'y suis allée...

- Tu es venue à l'hôpital ?!?

- Oui cretin! Je te croyais entre la vie et la mort!

Je ne peux m'empêcher de sourire, je fais un pas vers elle mais elle lève la main pour m'empêcher d'avancer.

- Je... laisse moi parler Andrew.

J' hoche la tête et prends place sur la transat sans la lâcher du regard.

- Je t'écoute Rom...

J'ai peur de la finalité de cette conversation tout à coup...

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant