Extrait 7

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Inséparables

« Juin 2023

- Une Quoi? Je suis Quoi?

J'interroge l'infirmier, c'est impossible. J'essaie de compter dans ma tête à quand remonte mes dernières règles, mais je n'y arrive pas.

- Une grossesse oui... vous ne saviez pas de toute évidence.

- Non ! Et je prends la pilule!

- pas d'oubli?

- je ... euh... je ne crois pas.

A vrai dire je n'ai aucune certitude, je me vois la prendre tous les matins mais comment être certaine? De toute façon ça ne change rien, je suis enceinte! Je n'arrive pas à y croire, je reste stupéfaite, les yeux écarquillés à ne pas comprendre ce qu'il m'arrive. C'est bien ma veine franchement, être enceinte de l'homme que j'aime alors qu'il ne veut plus entendre parler de moi? Ça devrait être le plus beau jour de ma vie et pourtant ce ne fait que miroiter ma solitude. Je vais devoir lui annoncer la nouvelle, mais comment? Il faut que je commence par rentrer sur New-York et de là je le recontacterai.

- Mademoiselle? Bonjour je suis le Dr Monroe

Un médecin entre dans la pièce faisant sortir ce que je suppose être l'infirmier du coup.

- Bonjour mademoiselle, sacré somme que vous avez fait !

- Bonjour Docteur, comment ça?

- quel jour sommes nous?

- Euh mardi je crois, je ne compte plus trop, je me suis exilée, coupée du mon exprès.

- hum peut être un peu trop alors... vous êtes bien entrée à l'hôpital mardi, sur ça on est bon, mais nous sommes jeudi.

Bordel! Quoi?! J'ai dormi près de 48h?! C'est possible ça ?!

- L'hypoglycémie met le métabolisme au repos pour préserver le cerveau. Du coup vous aviez quelques phases d'éveil, mais si brève que vous ne vous en souvenez pas.

Je plisse des yeux, cherchant ce qu'il essaye de me dire de façon détourner.

- Préserver le cerveau.... Au détriment du reste, c'est ce que vous voulez dire?

- oui... vous saviez que vous étiez enceinte ?

- NON! Je ne savais pas ... attendez, vous avez dit « etiez » au passé ?

Les larmes me montent aux yeux, je me fixe attendant sa réponse.

- Je suis désolé.

Je porte ma main à ma bouche pour étouffer mes sanglots, ma main tremble, j'essaie d'articuler.

- J'ai ... j'ai...

- Vous avez fait une fausse couche.

Je pleure en silence en fixant mes mains qui resserrent le drap qui me recouvre le ventre.

- Est ce que c'est parce que...

- Ne cherchez pas de raison, le plus souvent c'est que la grossesse n'était pas viable.

- Vous avez dit que l'hypoglycémie... j'ai tué mon...

Le médecin pose une main sur la mienne, et me sourit avec empathie et bienveillance.

- pour commencer vous ignoriez votre grossesse, si vous aviez été au courant je suis persuadée que vous ne vous serez pas affamé, après, j'ai dit que l'hypoglycémie mettait le métabolisme au repos, oui mais je suis loin d'être certain qu'elle aurait tenue en des circonstances normales. Vous n'êtes pas responsable.

Il est gentil de me dire ce qu'il croit que j'ai envie d'entendre, la vérité c'est que je me sens minable.

- Je peux partir?

- Euh c'est un peu tôt, vous venez de vous réveiller et...

- Faites moi signer une décharge, je veux rentrer chez moi.

Il a abdiqué rapidement, mon état de santé ne devait pas être si alarmant. Un rapide détour à mon logement pour récupérer mes affaires et dire au revoir à Maria, me voila a l'aéroport cherchant le premier avion pour New-York.

A bord, alors que nous volons au dessus des nuages, je laisse le ciel défiler devant mes yeux à travers le hublot, les larmes envahissent mes joues. Pourquoi la vie m'en veut à ce point? La maternité m'a été offerte et vite reprise, juste histoire de me montrer le goût du bonheur, savoir ce que je rate. Un peu comme mon histoire avec le père de cet enfant jamais né, il m'a fait découvrir le bonheur de ses bras avant de m'en priver violemment. Ça doit être le dessein de ma vie. Mon chagrin d'amour me coupait l'appétit, bloquant la croissance d'une jolie graine qui a préféré ne pas s'accrocher, ironie du sort: Je ne mange pas parce que je suis seule, et je reste seule parce que je ne mange pas...
Je l'aurai tellement aimé... j'aurai pu l'élever seule s'il n'avait pas voulu en entendre parler. J'ai tant d'amour à donner maintenant que je n'ai plus personne à qui l'offrir, il faut que j'ouvre les yeux, personne ne veut de mon amour, ni Andrew, ni même sa descendance, rejetée avant même d'avoir endossé le rôle de maman. Je suis maudite, je n'ai pas d'autre explication, qu'est ce que j'ai fait de mal dans ma vie pour être punie à chaque pas que je fais ? Si je croyais en la réincarnation, je me dirai que j'ai du être une vraie connasse dans une vie antérieure pour en baver tellement dans celle là.
Je ne veux plus être rejetée, je veux être celle que l'on choisit pour une fois, même pour l'autre enfoiré j'étais un choix par défaut « tiens, puisque tu es là, si on se mariait? Ça me fera une belle couverture pour continuer a m'envoyer tout ce qui bouge! ».
Je veux être l'élue de quelqu'un... non pas de quelqu'un, c'est faux... »

Andrew

Il fallait que je lise la suite, il fallait que je sache, même si je m'étais juré que je ne l'ouvrirai plus jamais. Mais ses dernières paroles «  parce que je t'aimerai toujours plus que tu ne m'aimeras jamais » repassent en boucle dans ma tête et m'ont mis échec et Mate, mais c'était rien en comparaison à la lecture de ce passage. J'aurai aimé la soutenir face à ça, lui dire qu'elle n'est pas responsable et que si elle tient a l'être, je le suis autant qu'elle.
J'essuie une larme qui s'est échappée sur ma joue. Je dois rattraper ça, je dois la faire changer d'avis ...

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant