Extrait 4.

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Inséparables

« Été 2012

Le soleil rayonne, les oiseaux gazouille et les fleurs colorent les jardins. Tout est réuni pour que cela soit une belle journée, une belle journée de fin juillet. Enfin presque tout. Je marche aux côtés de Sully, en silence, vêtus de noir, cheminant dans les allées du cimetière à la suite du cortège funèbre. « Mama » la gran- mere maternelle d'Andrew nous a quitté, une femme douce, drôle et maternelle, sa disparition brutale a été un choc. Andrew était très lié à celle qui a changé ses couches, qui l'a bercé et qui l'a réconforté si souvent quand ses parents travaillaient. Il cramponne ma main comme on se raccrocherait à la falaise les pieds dans le précipice. Il ne m'a même pas demandé d'être présente, cela s'est fait naturellement, j'estime que c'est ma place que de le soutenir, je ne m'attendais pas à être parmi sa famille en revanche, je pensais que je me tiendrai à l'écart le temps de la cérémonie et de l'enterrement, et que nous nous serions retrouvé par la suite à la réception. Andrew est fils unique, et Comme je pense qu'il me voit comme sa sœur... c'est pas le moment de charger mes pensées avec ces idées pessimistes et vides d'intérêt. Je pense m'être faite une raison aujourd'hui, je dois accepter cette place d'amie qui en réalité m'est très chère.
La réception terminée, je rejoins ma maison à la tombée de la nuit. Je n'ai même pas faim, je veux juste me doucher et me mater un bon film dans mon lit. Je salue rapidement mes parents et monte à l'étage. Douchee et changee en tenue de nuit, qui se résume à une brassière de sport et a un shorty en cette chaleur d'automne, j'allume mon ordinateur portable pour lancer un film et éteint ma lampe de chevet. Le streaming lancé, quelques minutes plus tard, j'entends un vacarme sur mon balcon et vois un corps pénétrer dans ma chambre par la fenêtre. Je prends peur et me redresse rapidement avant de me rendre compte qu'il s'agit d'Andrew.

- merde Sully, j'ai eu une de ces peurs! Qu'est ce que tu fais là ? Ça va?

- Rom je...

Sa voix tremble, il se retient de pleurer. Piquée en plein cœur par sa détresse, je me lève et me précipite pour le prendre dans mes bras. Ce n'est que lorsque ses bras se referment dans mon dos nu que je m'aperçois de ma tenue. Bon on reste calme, il ne va pas capter les frisons qui recouvrent ma peau.

- Pardon Rom, je ne voulais pas rester seul et...

- Chut, tu as bien fait.viens.

Je lui prends la main et m'allonge dans mon lit et l'incitant à faire de même. Il n'hésite pas à venir blottir sa tête dans mon cou. Je bouillonne, je suis à deux doigts d'exploser. Sans compter sur ses doigts qui caressent la peau de mon ventre découvert

- Merci...

- Hum je t'en prie.

Sa respiration se calme, je crois qu'il est sur le point de s'endormir mais sa main continue d'effleurer la peau autour de mon nombril. Pitié, sauvez moi, il ne se rend pas compte à quel point je suis entrain de me décomposer. Je savoure autant que je me crispe intérieurement, cette douce torture est un véritable supplice.

- Ta peau est si douce...

Il m'achève, je ne vais pas me relever. Je tourne en boucle dans ma tête « son amie, tu es son amie Rom! »
Je déglutis avant de lui chuchoter un simple « merci », rien de plus de peut, ne doit, sortir de ma bouche.

- C'est moi qui te remercie, tu es toujours là Rom... tu es la seule sur qui je peux vraiment compter, tu as su voir au delà du connard que j'affiche au grand jour.

- Tu ne m'as pas vraiment laissé le choix! Tu te collais à moi comme à un tube de superglue!

Il lache un rire, au moins j'ai réussi à détendre l'atmosphère.
Je prends sur moi et m'ose a caresser ses cheveux avant de chuchoter:

- On devrait dormir Andrew....

- Rom?

- Hum ?

- tu peux me faire une promesse?

- Tout dépend de la promesse.

- tu veux bien me promettre de toujours rester près de moi?

Mon coeur s'arrête, je suffoque presque. Cette demande de promesse sonne le glas de tout espoir d'être sauve un jour. Il le sait, il peut tout obtenir de moi, et c'est pourquoi je réponds, me condamnant à une vie dépourvue d'amour sincère :

- Je te le promets... »

Andrew

Je déglutis, cette nuit... c'est cette nuit là où j'ai su... cette nuit là où je me suis aperçu de l'importance qu'avait pour moi la femme aux creux de mes bras, cette nuit là où je me suis fait la promesse de ne plus faire le con, cette nuit là où plus rien ne comptait si ce n'est elle.

C'est cette nuit là, Rom, où l'évidence m'a frappée, j'étais amoureux de toi, et sûrement depuis plus longtemps que je ne voulais moi même le croire...

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant