Extrait 1

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Inséparables

« Je me souviens comme si c'était hier, je me souviens de la première fois où mon regard a croisé le regard doré que ma memoire a refusé d'oublier toutes les années qui ont suivi. Je venais d'arriver dans ce lycée, inconnu. Je venais d'un petit collège, et la plus part des lycéens se connaissaient déjà, moi, je ne connaissais personne, si bien que en entrant dans la salle de cours je me suis isolée au fond de la classe. J'avais maudit mes parents de ne pas m'avoir inscrite au même lycée que toutes mes copines, mais on avait changé de quartier, et j'avais atterri dans ce grand lycée public.
Installée au fond de la classe, je pensais être tranquille quand un sac se pose brutalement sur la table à côté de la mienne et la chaise voisine envahi. Une effluve masculine parvient à mes narines et je relève les yeux vers celui qui rompt ma quietude. Un large sourire barre son visage et ses yeux clairs me transpercent. Je n'arrive pas à prononcer un mot, figée. Il ne me lache pas du regard, il me perturbe atrocement.

- Salut, moi c'est Andrew, mais tu peux m'appeler Sully comme tous les autres. Tu es nouvelle chez nous?

Cette voix... grave et pleine, lui donne une maturité que les gars de 16 ans n'ont pas. D'ailleurs son allure et sa carrure ne font pas lycéen, on pourrait lui donner facilement 3-4 ans de plus.
Je me décide à rompre le silence pour me présenter à mon tour.

- Romy, et oui, perspicace.

Je me mords la joue, l'ironie et le sarcasme dont je joue habituellement ne conviennent pas quand on rencontre a peine les gens. Il lache un rire en ouvrant son sac pour sortir ses affaires.

- piquante en plus, j'aime ça !

Il aime ça... mon coeur bat de plus en plus vite, mais qu'est ce qu'il m'arrive?   Il a l'air si à l'aise avec moi alors qu'on se connait depuis 5 min. Je sors également mes affaires quand il me demande de lui prêter un stylo. Si j'avais su... si j'avais su ce que ce simple passage de stylo allait provoquer, je me serai abstenue.
Quand ma main a touché la sienne, une décharge a envahit tout mon corps. Et c'est là que j'ai su, j'ai su que j'étais foutue. Mon corps entier était attiré par lui, et s'il continuait â venir se frotter à moi, mes années lycée allaient être une pure torture.

Et ce fut le cas. Aussi douce fut elle, son amitié était une torture. Parce que c'est ce que je suis devenue, son amie, sa meilleure amie même.
A partir de ce moment là, pas un jour ne s'est écoulé sans que Sully fasse son apparition, parfois il arrivait qu'on passait la journée ensemble du matin jusqu'au soir. Tous les jours en me levant je me disais qu'il fallait que ça s'arrête, que je devais arrêter de le voir pour mon salut, et tous les jours en croisant l'éclat doré de ses prunelles je me disais que je ne pourrais jamais arrêter de me perdre dans leur étendue dorée  volontairement, j'étais trop faible. J'avais autant besoin de le voir que j'avais besoin de le fuir. Plus les jours passaient et plus je m'enterrais dans mon rôle de meilleure amie parfaite, alternant humour, douceur , gentillesse et réconfort, et plus je savais que je n'aurai rien de plus que son regard fraternel. Sully ne me laissait aucun répit, mais en même temps, paradoxalement, est ce que c'est vraiment ce que je voulais?

Aujourd'hui je ressens le besoin de poser sur du papier cette histoire, mon histoire, celle qui a construit ma vie, celle qui a construit mon cœur, de partager ces moments de bonheur entachés de regrets, ces moments de rire cachant ma détresse.
Et aujourd'hui avec le recul, connaissant la finalité de cette histoire, je ne sais toujours pas si j'aurai du lui donner ce stylo, me condamnant à être amoureuse de l'inatteignable.... »

Andrew

Je déglutis, Bordel ce qu'elle écrit bien, et Bordel ça n'est que la première page ! Je sens que je ne vais réussir à décrocher, c'est perturbant d'entrer dans sa tête, et de sentir sa tristesse de l'époque que je ne soupçonnais pas...

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant