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Andrew

Je relève le regard vers elle, son regard est mitigé, partagé entre la tristesse de mettre fin à notre histoire et la résignation. Je me sens comme au bord du gouffre, un pied dans le précipice. Je soupire et me lève pour regagner la porte d'entrée.

- Comme tu voudras.

La main sur la poignée de la porte, prêt à sortir, mon cœur me brûle. Je n'ai pas envie de partir, je n'ai pas envie de la laisser derrière moi et de rentrer dans mon motel, triste, seul et démuni. Pris d'une dernière pulsion, je tente le tout pour le tout, qu'est-ce que j'ai à perdre de toute façon?
Je me retourne brusquement, elle s'était levée pour me raccompagner. Son visage est trempé de larmes, sa crédibilité vient d'en prendre un coup.

- Non Rom!

Elle ravale un sanglot et me regarde surprise.

- pardon?

- je ne vais pas partir, pas comme ça.

- mais...

- Parce que chez moi C'est là où tu te trouves.

Je fais rapidement la distance qui nous sépare et encercle son visage de mes mains pour l'embrasser passionnément. Elle gémit de surprise avant de répondre à mes lèvres. Soulagé je la soulève pour qu'elle referme ses jambes dans mon dos et l'adosse à la porte d'entrée. Je revis contre elle, même si je sais pertinemment que rien n'est gagné. Ses mains glissent sur les miennes et les retirent en écartant ses lèvres des miennes.

- Andrew...

- C'est loin d'être terminé toi et moi Rom. Tu es mienne, et je compte bien faire en sorte de te garder près de moi, même si je dois ramer longtemps pour ça. Un jour tu t'appelleras Sullivan, j'en suis persuadé.

- Tu es si sûr de Toi...

- Tu es une Sullivan depuis très longtemps de toute façon. Et oui, si je suis sûr de quelquechose c'est que ma vie est avec la tienne.

Je la vois déglutir, mon aplomb la surprend, j'espère qu'elle en est toujours persuadée que aussi.
Elle baisse le visage en soupirant mais je le rattrape en glissant mes doigts sous son menton pour la faire me regarder.

- Je t'aime Rom, J'ai été aveugle et con, mais je vais te prouver que je ne suis pas ce gars là, que tu peux avoir confiance en moi à l'avenir. Même si je dois tout reprendre à zéro et t'inviter à sortir  comme un puceau.

Elle lache un rire en ravalant ses larmes. Je lui souris tendrement en caressant son visage.

- je ne te lâcherai plus jamais, je t'en fais la promesse... Je vais te laisser réfléchir à tout ça, ok?

- D'accord...

- Mais crois moi quand je te dis que je suis persuadé que c'est loin d'être terminé toi et moi. 10 ans n'ont pas eu raison de nous, c'est pas maintenant que je vais baisser les bras.

Elle hoche doucement la tête pour acquiescer. Je l'embrasse tendrement, une dernière fois avant de m'écarter d'elle et d'activer la poignée de la porte, cette fois-ci plein d'espoir.

En arrivant à l'hôtel, je me rappelle le sens premier de ma venue à New-York. Je me connecte à mes mails et trouve la réponse à l'emploi pour lequel j'ai postulé
« Monsieur Sullivan,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous êtes retenu pour le poste de directeur publicitaire au sein de notre agence. Nous vous attendons demain matin dès 9h pour la première réunion de service à la suite de laquelle je vous expliquerai vos fonctions exactes et vous donnerai votre emploi du temps.
Passez une bonne soirée, à demain.
Monsieur Johnson »

Encore une bonne nouvelle! je m'effondre sur la lit, plus serein que jamais sur l'avenir , sur mon avenir professionnel sur le territoire américain et sur mon avenir personnel entre la jolie brune et moi, je m'allonge apaisé du déroulement de cette soirée qui avait pourtant très mal commencé, et sors mon téléphone

[Je suis aussi venu sur New-York pour une offre d'emploi, sans ça, je serai tout de même venu te voir quand Lenny m'a informé de ton retour, j'étais déjà arrivé. J'ai eu le poste. Si jamais le dragon a besoin de mes services pour faire la publicité d'un livre...]

[Felicitation, sincèrement.
Le dragon?! Tu ne vas pas t'y mettre, tu ne sais pas pourquoi on m'appelle comme ça!]

[ oh si... j'en ai eu la vision tout à l'heure... j'étais dans l'open Space quand tu as fait entrer ce pauvre gars dans ton bureau... j'avais mal pour lui...]

[ Me chauffe pas trop Sully, tu risques d'y être confronté!]

Je souris d'abord puis je tique. « Sully », elle ne m'a pas appelé comme ça depuis des lustres... depuis que nous deux c'était plus que de l'amitié. Retour à la case départ, on dirait... bon faisons comme si de rien, pas d'interprétation abusive qui ne fera que me saper le moral qui était remonté.

[ loin de moi l'idée, j'aurai trop peur de finir carbonisé par tes flammes]

Pas de réponse, elle s'est peut être bien endormie. Je reste perplexe face à ce surnom qui refait surface. Les minutes s'écoulent et je me triture le cerveau.

[ la petite Romy que tu as connu à 18 ans n'existe plus]

[ si... Toujours a mes yeux, c'est d'elle dont je suis tombé amoureux. La douce, belle et pétillante Romy. Ton assurance te rend juste plus sexy]

[ ... bonne nuit Andrew...]

Je souris tendrement, elle n'est pas prête à aller sur ce terrain là...

[ Bonne nuit ma Rom]

Le lendemain, je prends mes marques dans mon nouveau boulot, je dois composer avec une dizaines de publicitaires pour faire la promotion de lait infantile pour bébé. Mon truc c'est plus le domaine sportif, mais ça ne devrait pas être si sorcier.
La journée se passe, et je vais devoir rentrer à Southampton. Je n'ai pas eu de nouvelles de Romy aujourd'hui, je ne veux pas la brusquer.
La route est longue, mes pensées vont et viennent. Un coup je suis sûr de moi et un autre, pas du tout. Quel abruti! Si j'avais su modérer mes émotions, je n'en serai pas là. Est ce qu'on a voulu aller trop vite? Est ce qu'on a trop voulu rattraper ces 10 années perdues? Je vais devoir être patient aujourd'hui, même si ce n'est clairement pas ce que j'ai envie de faire. Mais ma belle en vaut la peine, je l'attendrai, quoi qu'il m'en coûte...

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant