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Andrew

J'arrive à l'hôpital avec Anna qui se précipite pour saluer ses grands parents.

« Comment tu te sens papa? »

J'embrasse ma mère sur le front et m'assois sur une chaise près d'eux.

« Ça va, Je n'ai mal nulle part, j'ai plutôt bien dormi.

- bonne nouvelle, tu sais quand est ce que tu sors?

- je devrais sortir demain. »

Je lis dans ses yeux qu'il brûle d'impatience de me poser une question.

« Vas y, demande ce que tu veux me demander.

- Romy travaille aujourd'hui?

- tu ne peux plus te passer d'elle dis moi!

- j'avoue, tu sais qu'elle m'a toujours plu »

Je lève les yeux au ciel.

« Qu'est ce que tu as ?

- rien rien! »

Mon père me fixe, il ne me croit pas.

« Anna chéri, tu veux bien me rapporter à manger? La nourriture dans cet hôpital est affreuse. Grand-mère va t'accompagner

- C'est bon papa, pas la peine.

- j'insiste princesse, je meurs de faim!

- Ok papi! On y va grand-mère? »

Anna tend la main à ma mère qui la saisit en me laissant un regard du style « va falloir parler ».

Je me retrouve seul avec mon père.

« Je t'écoute, pourquoi tu es d'une humeur de chien?

- mauvais réveil.

- oh je vois, trop tôt?

- non trop... conflictuel.

- déballe ton sac fiston. »

Je soupire en passant mes mains sur le visage.

« Elle m'a demandé pourquoi j'étais parti il y a 10 ans.

- oh je vois, et qu'est ce que tu lui as répondu?

- rien, j'ai changé de sujet et elle est partie en claquant la porte.

- tu devrais lui dire. »

Je me lève et fais les cents pas devant mon père.

« Que je lui dise quoi? Il y a 10 ans je suis parti à cause de toi? Parce que j'en avais marre d'être ton ami? Que j'ai choisi la meilleure école le plus loin de toi possible?

- euh... pas vraiment comme ça fiston. »

Je souffle en m'asseyant.

« J'ai essayé de lui faire comprendre hier soir, mais elle l'a très mal pris alors que je n'avais pas tout dévoilé, et je préfère me taire.

- tu lui as dit quoi exactement?

- qu'elle me plaisait déjà à l'époque mais que je voulais m'amuser et qu'elle était trop bien pour que je la traite comme les autres filles que je pouvais fréquenter et que je savais que personne ne la toucherait non plus si je restais près d'elle.

- cretin...

- papa, C'est trop tard aujourd'hui. Depuis que je suis revenu, je lui fais croire qu'elle était la seule à avoir eu ce genre de sentiments. Quand je l'ai revue le premier soir au restaurant, j'ai été surpris, je pensais qu'elle avait changé de ville, changé de vie. Quand elle m'a avouée avoir été amoureuse de moi tout ce temps où je pensais qu'elle vivait très bien sans moi... je me suis senti tellement con que j'ai préféré lui faire croire que c'est aujourd'hui que je suis tombé amoureux d'elle. Je ne peux pas lui dire que je suis parti pour ne pas être spectateur de sa vie amoureuse et pour me libérer et avancer »

J'entends renifler derrière moi

« Tu viens de le faire... »

Je ferme les yeux, et merde! Qu'est ce qu'elle fait la?!
Je me retourne et je la vois dans l'encadrement de la porte, les yeux rougis et humides.

« Romy... »

Elle s'avance mais reste à bonne distance de moi. Elle se détourne pour aller prendre la main de mon père, embrasser son front et lui murmurer:

« Je suis désolée William, ça fait beaucoup de mensonges... »

Et elle s'en va sans même me regarder.
Je regarde mon père qui ouvre sa main pour me montrer la bague qu'elle y avait déposé.

« Ne me force pas a sortir de ce lit, rattrape la! »

J'attrape la bague et me mets a sa poursuite. Je dévale les escaliers, je la cherche du regard dans le hall. Là! Entrain de franchir la porte principale.

« Romy! »

Je cours pour la rejoindre sur le parking et lui prends la main

« Romy je t'en prie attends! »

Elle se retourne en me giflant, ok je la mérite celle là...

« Tu n'es qu'un menteur ... laisse moi tranquille.

- Non Rom, laisse moi t'expliquer.

- Tu as eu toutes les occasions possibles de t'expliquer, si je n'avais pas surpris cette conversation tu ne m'aurais jamais rien dit!

- Je me sentais trop débile... mais ça ne change rien à ce que je ressens pour toi, il faut que tu me crois.

- te croire ? Croire quoi? Je ne sais même plus ce que je dois croire, tu as joué avec moi, hier encore, monsieur « je ne voulais pas de relation sérieuse et te faire souffrir ». Tu t'es senti débile? À ton avis qu'est ce que j'ai ressenti quand ça m'a échappé lors de cette partie de billard?

- sans doute la même chose . Quand je t'ai rencontré, à ce moment là c'était vrai! Et plus je passais de temps avec toi, plus je te voulais, entièrement.
Et la dernière année du lycée, j'ai dissuadé tellement de gars de t'approcher... tu plaisais, tu plaisais a beaucoup, et ça me rendait malade! Et en même temps, je ne pouvais pas te laisser rester seule, j'ai préféré m'écarter!

- je n'aurais pas été seule si tu n'étais pas parti et que tu m'avais dit la vérité...

- je le sais aujourd'hui, mais à l'époque... rien n'aurait pu me faire penser que c'était réciproque.

- Mais tu te fous de moi! Je te passais tout, tu appelais et j'accourais, je te pardonnais tout, j'acceptais tout de toi...

- comme ma meilleure amie l'aurait fait. Tu m'en veux très bien! Mais je ne suis pas le seul fautif, tu n'as rien dit non plus!

- Toi tu allais de nana en nana...

- je suis resté célibataire toute notre dernière année de lycée...l'année où j'ai compris que ça ne menait à rien. »

Elle soupire.

« Tu as raison, à rien. »

Je fais un pas vers elle mais elle recule.

« Romy je t'en prie...

- au revoir Sully »

Je la regarde monter dans sa voiture, résignée. Je le retrouve là, comme un con, les yeux embués, au milieu du parking de l'hôpital, à serrer cette bague qu'elle a rendu en même temps qu'elle a mis fin à notre histoire.

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant