Chapitre 9

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SECONDE PARTIE



« On m'a dit d'écrire ce que j'aimerai dedans, et ça se réalisera. »

J'aime le bruit que font les cochons quand on leur caresse le groin. Ils me disent qu'ils sont contents en poussant des petits cris, et puis ils vont se rouler dans la boue. Ils en mettent partout et ça me fait beaucoup rire. Il y a mon grand chien, Husky, qui les rejoint en sautant dans tous les sens. Ça fait « Splash ! » et ma robe est pleine de boue, alors je rigole encore plus fort. Plus loin, on entend les poules qui cocottent. Avec Husky, on va leur faire peur. Elles courent dans tous les sens et elles agitent leurs ailes, mais elles ne peuvent pas voler. Je n'arrive pas à les attraper, je tombe toujours avant de les toucher, alors je suis déçue, mais je vois souvent Husky en attraper ! Je ne sais pas si elles aiment ça, et parfois le coq arrive et vient chasser Husky. C'est très drôle parce que mon chien est beaucoup plus grand, il n'a pas peur ce coq ! Ensuite on part voir l'enclos des lapins, derrière notre grande ferme, mais quand on arrive, ils se cachent tous dans leurs petites cabanes que papa a construit. Alors on ne voit que leurs petites crottes avec Husky. Je secoue la barrière et je les appelle, mais ils ne viennent pas. Qu'ils sont peureux ! En plus, ils ne font pas de bruit. On ne sait pas s'ils sont contents. Ils bougent juste leur petit nez. C'est ce que je fais à Husky, qui me tire la langue et me lèche la joue, et je lui fais un gros câlin et plein de papouilles.

J'aime bien finir mon tour en allant voir l'ânesse et les petites biquettes. Elles ont un grand espace rien que pour elles ! J'escalade la petite barrière en bois et je courre autour d'elles. Husky fait comme moi en faisant de grands bonds. Il se frotte à l'ânesse et va faire peur aux petites biquettes. Moi, j'aime faire des chatouilles à l'ânesse. Elle me dit « Hihan ! Hihan ! » et elle secoue sa queue. Elle doit être très contente ! Après, je vais voir les biquettes. Je leur chatouille les poils qu'elles ont sous le menton, et elles font « Bêhêhêhê ! Bêhêhêhê ! » avec leurs petits à côté d'elles. Ils sont tout petits et très mignons, et je suis beaucoup plus grande qu'eux ! Mais Husky les embête, et ça je n'aime pas. Il pourrait leur faire mal parce qu'ils sont encore jeunes, alors il faut les laisser tranquille, et je lui donne une petite tape sur le museau.

Tout ça, c'était il y a longtemps. Je le faisais tous les matins pour dire bonjour à mes amis les animaux, mais mon papa et ma maman me disent que je ne dois plus sortir parce qu'il fait froid, et que ce n'est plus l'été mais l'hiver. Je pourrais être malade, et après le médecin arrive et papa doit lui donner de l'argent. Il me répète toujours qu'il n'en a pas beaucoup, alors je dois faire attention. Même lui doit faire attention. Une fois, il s'est fait mal en tombant d'un cheval, et on lui a mis quelque chose autour du bras pendant très longtemps. Maman était en colère, parce qu'elle lui disait tout le temps que c'était dangereux, et qu'il l'avait bien mérité, qu'il n'avait qu'à continuer son travail au lieu de faire l'imbécile, au moins ce qu'il fabrique pourrait lui donner plein d'argent plus tard, s'il arrive à le faire marcher. Pendant la journée, il s'occupe de la ferme, il joue avec moi, mais le soir il ne mange pas avec nous. Il va dans une petite cabane plus loin et il travaille. On le voit travailler très dur à travers la petite fenêtre de sa cabane, sous sa grosse lampe qui fait mal aux yeux. On voit son ombre qui s'agite et parfois il se gratte la tête. Je n'ai pas le droit d'y aller parce que maman me dit que ce n'est pas un endroit pour les enfants.

Husky s'ennuie. Il est sous la table de la cuisine, allongé, et il ne dit rien. Il n'agite pas sa queue et il ferme beaucoup les yeux. Moi aussi je m'ennuie. Je suis assis à la table et il ne se passe rien. Il y a un petit livre noir devant moi avec plein de feuilles blanches. On m'a dit d'écrire ce que j'aimerai dedans, et ça se réalisera, comme dans les contes de fée que maman me raconte le soir. Alors je prends mon crayon et j'écris, mais les feuilles sont trop petites et mes mots sont trop grands ! Je ne sais pas comment font les grands pour écrire aussi petit, c'est impossible ! Alors j'efface avec ma petite gomme.

Souvenirs d'HiroshimaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant