Chapitre 5

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La pièce, inanimée depuis cinq minutes, commença à revivre. Kazuki reprit conscience, quelque peu affaibli. Il resta allongé et tourna la tête. Il regardait Daisuke se redresser en se tenant le front. Le jeune homme arracha son électrode et ne parvenait pas à trouver ses mots. Il avait le sentiment de s'être endormi et d'avoir rêvé, comme s'il avait fait une sieste. Mais son voyage était plus intense que d'habitude, et il s'en souvenait encore très bien, comme s'il avait vraiment vécu l'instant.

Kazuki, de son côté, pensait simplement avoir fait un saut dans le temps, et cela ne l'avait pas perturbé. Il avait un léger sourire. Il avait gardé l'esprit clair.

« Depuis ce jour, tu n'es plus le même homme, dit-il à Daisuke.

- J'avais réalisé la veille de leur départ que je n'étais rien sans eux. Il a fallu que je me prenne en main, avec ton aide. Mais il faut dire la vérité, c'était une journée de merde !

- Evidemment, ricana Kazuki. Personne n'aimerait vivre une catastrophe pareille. »

Il s'assit et se servit à boire, puis grignota quelques biscuits. Daisuke demanda :

« Pourquoi étais-tu si énervé ? Ce n'était pas ta faute, nous avions simplement été frappé par un malheureux hasard.

- Je ne sais plus vraiment pourquoi j'étais dans cet état. Peut-être la tension. » Il changea rapidement de sujet. « Le Kaiko siffle anormalement, je vais y jeter un œil. »

Il partit chercher un tournevis dans le garage. Le smartphone de Daisuke sonna dans le même temps.

« Allô ? Bonjour Miwa, comment ça va ?

- Très bien, merci, répondit-elle énergiquement. Avez-vous des nouvelles de votre grand-père ?

- Je suis avec lui, tout va bien. Il a... comment dire... été un peu surpris par ta mèche rose et ton piercing. Il n'a pas l'habitude de voir ça, excuse-le.

- Oh ! ce n'est pas grave. L'important est qu'il aille bien.

- Sinon, quoi de neuf à Tokyo ?

- Hé bien, justement je vous appelle parce que je suis dans une situation un peu délicate.

- Oui, je t'écoute.

- Voilà, le garçon qui me plaît vient de m'inviter à déjeuner, et j'ai bien sûr accepté, mais... je suis un peu gênée. J'ai peur de me rater. Qu'attend-t-il de moi ?

- Je ne peux pas le deviner, mais si je peux te conseiller, reste comme tu es, naturelle, ne sois pas superficielle. Ne cherche pas à l'impressionner. Les garçons aiment les filles simples, qui rigolent, qui ne se prennent pas la tête.

- Avez-vous des idées de sujet de discussion ?

- Pas vraiment, mais ça se fera naturellement. Surtout, parle peu de toi, garde un côté mystérieux. Pose-lui des questions sur ce qu'il aime, ce qu'il fait en ce moment, même si tu n'es pas intéressée. Tu dois moins parler que lui, les garçons détestent les filles trop bavardes et égocentriques. Prends du recul sur la situation et n'imagines rien, se faire des films est le meilleur moyen de se planter. »

Pendant que Daisuke faisait la conversation, Kazuki en profitait pour ouvrir la machine. Il sortit quelques moutons de poussière, puis referma la boite avant de la redémarrer. Le sifflement avait disparu et elle semblait dégager encore plus de puissance. Il se tourna vers Daisuke en lui faisant signe de raccrocher.

« Je dois te laisser, j'espère que tout se passera bien. A bientôt. »

Daisuke rangea son smartphone pendant que son grand-père prit la parole.

Souvenirs d'HiroshimaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant