CHAPITRE SIX - trouver le courage.

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« Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Que vais-je faire ?
Comment vais-je réussir à oublier ? »



Mais Hermione n'était pas partie.
Non.

Pourquoi, elle n'arrivait pas encore à le savoir.
La seule chose qu'elle savait était que le courage lui avait manqué lorsque son unique chance s'était présentée.
Elle n'avait pas réussi à partir.

Elle était restée là, à fixer le portail qui délimitait la zone de protection.
Derrière se trouvait la délivrance, sa délivrance, mais elle n'était pas parvenue à franchir les quelques mètres qui la séparaient d'un nouveau départ.

Quelques pas, et sa vie aurait changé.
Quelques pas.

Mais elle s'était contentée de fixer le portail, incapable de faire le moindre mouvement, incapable d'ordonner à ses jambes de bouger.
Quelque chose l'avait retenue.

Le soleil avait commencé à se dessiner à l'horizon et elle n'avait pas eu le courage de retourner dans la maison. Car rentrer signifiait qu'elle avait abandonné, qu'elle avait agi avec une certaine forme de lâcheté qui la rongeait. Alors elle s'était éloignée, en direction de la prairie qui servait de terrain de Quidditch aux enfants Weasley et avait passé l'heure suivante à contempler le paysage, appuyé contre le tronc déraciné d'un vieux chêne.

Ce fut là que Ginny la trouva. Un soupir de soulagement lui échappa, attirant l'attention de la jeune femme. Hermione sentit la culpabilité s'emparer de chaque pore de sa peau en voyant la lueur inquiète dans les yeux de son amie.

Pas une seule fois elle n'avait pensé aux conséquences.
Pas une seule fois elle s'était demandée ce qu'éprouveraient ses amis lorsqu'ils comprendraient qu'elle était partie. Sans rien dire, sans la moindre explication.
Pas une seule fois elle n'avait pensé à la peine qu'elle leur infligerait.
Pas une seule fois elle avait pensé qu'elle ne ferait que raviver la douleur que leur avait causé la mort de George.

―Te voilà, lâcha Ginny, d'une voix pleine de soulagement. 
―Je suis désolée, souffla Hermione. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil alors je suis venue profiter du lever du soleil.
―Tout va bien ? 
―Oui, oui, mentit Hermione. 

Ce n'était pas la réponse qu'il aurait fallu qu'elle fournisse. 
Ce n'était pas la réponse qui convenait à la situation. 
Non, ça ne l'était clairement pas.
Hors, c'était la seule qu'elle pouvait fournir dans l'immédiat.

Ginny aurait-elle pu comprendre si Hermione avait trouvé le courage de lui dire la vérité ?
Ginny aurait-elle pu comprendre ce que cela faisait de vivre ainsi, hantée pour le souvenir d'un fantôme ?
Ginny, ou n'importe qui d'ailleurs, aurait pu comprendre que tourner la page était une chose impossible aux yeux d'Hermione ? 
Que ce maudit jour quelque chose s'était brisé en elle ?

L'occasion s'était présentée à maintes et maintes reprises, mais Hermione n'avait jamais eu le courage de parler. De s'expliquer. De se confier à ses amis pour évacuer, ne serait-ce qu'une fraction, le fardeau qui était le sien. Elle était sûre et certaine que ses amis ne pouvaient pas comprendre. Peut-être même lui reprocheraient-ils de ne pas prendre sur elle alors qu'un traumatisme bien plus difficile touchait la famille Weasley. Ils ne feraient que lui répéter ce qu'elle savait déjà : Lestrange était morte, elle ne pourrait plus jamais lui faire de mal. Ils lui diraient de tourner de la page pour aller de l'avant afin de se reconstruire et d'être une héroïne jusqu'au bout en participant à la reconstruction de leur monde.

Bien entendu, il était peu probable que ses amis réagissent de la sorte. Surtout Harry. Mais l'angoisse était si forte qu'Hermione ne parvenait pas à ignorer la petite voix diabolique qui lui soufflait toutes ces inepties. 

LA NUIT OÙ LES ÉTOILES SONT MONTÉES DANS LE CIEL [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant